
La combinaison de données climatiques et de récits historiques suggère que de mauvaises récoltes, consécutives à une éruption volcanique, ont conduit à l’introduction de la bactérie responsable de la peste noire en Europe.
Un minutieux travail d’investigation
La peste noire, ou « bubonique », a balayé l’Europe au XIVe siècle, faisant des millions de victimes. Cette maladie dévastratrice est causée par la bactérie Yersinia pestis, transmise à l’Homme par la morsure de puces ayant préalablement piqué des rats infectés, qui constituent le réservoir animal de la maladie.
Si ses origines ont été retracées jusqu’au Kirghizstan, on ignore précisément la chronologie des évènements lui ayant permis de se répandre rapidement sur le Vieux Continent. Selon les chercheurs, à l’époque, l’épidémie était attribuée aux constellations astrales et aux séismes, que l’on pensait libérer des vapeurs toxiques dans l’atmosphère.
Des registres médiévaux ayant précédemment révélé une importation massive et inhabituelle de céréales de la mer Noire vers l’Italie en 1347, les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Communications Earth & Environment, ont mené l’enquête afin d’en établir la cause.
L’examen de rapports historiques provenant de différentes parties de l’Asie et de l’Europe a révélé une nette augmentation de la nébulosité (et donc une diminution de l’ensoleillement) entre 1345 et 1349. Combiné aux données climatiques provenant de cernes d’arbres européens et de carottes de glaces prélevées au Groenland et en Antarctique, ils suggèrent une, voire plusieurs éruptions volcaniques riches en soufre sous des latitudes tropicales.

Arrivée clandestine
Les documents établis par les autorités italiennes ont également confirmé que l’achat de grandes quantités de céréales aux populations mongoles établies autour de la mer d’Azov était consécutif à une période de froid inhabituel, à l’origine de mauvaises récoltes en Europe.
« Elles ont agi efficacement et rationnellement pour éviter que les prix n’explosent, prévenant ainsi une famine massive », explique l’équipe. « Mais c’est également cette organisation qui a permis l’arrivée clandestine de la bactérie responsable de la peste en Italie. »
« Elle n’aurait pas été possible sans une combinaison unique de facteurs », commente Aparna Lal, de l’université de Canberra. « Le manque de nourriture et un temps froid et humide ont pu entraîner une baisse de l’immunité, et sa transmission avoir été favorisée par des contacts plus étroits dans les foyers. »
En tout début d’année, l’ADN de la peste noire avait été exhumé d’une momie égyptienne vieille de plus de trois millénaires.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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