Si la nature offre au regard des papillons et de jolies fleurs, elle peut aussi se montrer parfaitement repoussante. La preuve par l’exemple avec le diplostomum pseudospathaceum, un parasite qui finit sa vie dans les yeux des poissons, d’où il les contrôle.
Un cycle de vie bien complexe
L’évolution de ce vers parasite le mène des entrailles des oiseaux aux yeux des poissons. Voici quelques détails, étudiés à Moscou par le Severtsov Institute of Ecology and Evolution, pour vous mettre en appétit.
Tout commence dans l’appareil digestif d’un oiseau, dont les œufs sont expulsés lorsque l’oiseau défèque. Après avoir éclos, les petits parasites partent en quête d’un escargot d’eau douce pour grandir et se reproduire à l’aise de manière asexuée. Au stade suivant, la larve est appelée cercariae. Capable de nager, elle va s’installer dans la cachette d’un poisson avant de prendre place dans ses yeux. On parle alors de metacercariae. Pour finir, un oiseau mange le poisson, et c’est reparti pour un tour.
L’expérience de 2015
Ce parasite passait pour avoir la capacité de modifier la vue des poissons, ce qui les empêchait d’identifier correctement leurs prédateurs. Les chercheurs ont voulu s’en assurer en 2015, en étudiant des truites arc-en-ciel, parmi lesquelles 25 étaient infectées.
Les truites infectées étaient supposées nager plus lentement, mais un chercheur, chargé de les attraper à l’épuisette, trouva que les malades étaient au contraire plus difficiles à prendre. Un tel comportement permet au parasite de ne pas se retrouver dans le système digestif d’un oiseau qui serait parvenu à manger son hôte avant d’être parvenu à se reproduire.
Malgré ce phénomène, le comportement des truites infectées ne semblait pas être dû à une détérioration de la vue. En 2015, les chercheurs concluaient donc que le parasite devait agir plutôt chimiquement, et non bloquer l’arrivée de la lumière dans les yeux de l’hôte.
Le pouvoir du parasite sur les poissons
Avec leurs nouvelles expériences, les scientifiques ont réalisé qu’il y avait en fait deux changements majeurs de comportement, en fonction du stade d’évolution du parasite. Lorsque ce dernier atteint « la puberté », les changements sont plus nets : les truites remontent plus rapidement à la surface et réagissent plus rapidement lorsqu’elles voient passer l’ombre d’un oiseau à la surface.
Il apparaît donc que le parasite manipule la truite pour faire en sorte qu’elle échappe mieux aux prédateurs lorsque la larve est encore trop jeune, et qu’elle reste plus en surface pour se faire dévorer lorsque la larve est parvenue à maturité.
Par Séranne Piazzi, le
Source: Science Alert
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