Des souris souffrant d’infertilité ont pu donner naissance à des souriceaux grâce à des ovaires imprimés en 3D. Bientôt testée sur des cochons, cette solution a pour but de permettre à des femmes traitées pour un cancer de l’utérus de pouvoir concevoir à nouveau.

La création des ovaires artificiels

En lieu et place de l’encre, la scientifique Teresa K. Woodruff, de l’université de Northwestern, a utilisé de la gélatine, une sorte d’hydrogel biologique, pour ses deux avantages majeurs : c’est une matière facilement supportée par le corps (donc peu de risques de rejet), et dont la porosité permet aux tissus en place d’interagir plus facilement.

Les hydrogels sont constitués à 99 % d’eau. Le reste est du polymère. Les scientifiques sont toutefois parvenus à lui donner suffisamment de consistance tout en conservant sa souplesse. Ramille Shah explique : « Nous avons trouvé une température à laquelle la gélatine parvient à ne pas s’effondrer sur elle-même et permet de construire plusieurs couches. Jusqu’à présent, personne n’était parvenu à imprimer de la gélatine avec une telle qualité de finition et une structure qui lui permet de se soutenir aussi bien. »

Un travail de précision

Si cela paraît simple, il n’en est rien. La réussite de l’entreprise dépend en effet de la qualité des pores, qui doivent permettre d’accueillir aussi bien les grands que les petits follicules (qui contiennent les cellules ovariennes encore immatures), sans quoi le signal biologique de l’ovulation ne peut pas être donné. Par ailleurs, les pores doivent également permettre à la bonne quantité de sang de circuler à travers les ovaires artificiels.

Ces derniers ont ensuite été transplantés sur des souris dont les ovaires naturels avaient été retirés chirurgicalement. Sur les sept souris qui se sont ensuite accouplées, trois ont pu accoucher d’au moins deux petits en parfaite santé. En outre, les femelles allaitaient, ce qui signifie que malgré l’absence d’ovaires naturels, les signaux hormonaux se déclenchaient très bien.

Passer à l’échelle humaine

L’expérience doit d’abord être menée sur des cochons. Lorsque les scientifiques passeront aux tests sur des humains, il sera d’abord question d’effectuer des substitutions d’hormones avant de s’attaquer aux organes. La production d’hormones est en effet importante pour les jeunes patientes touchées par le cancer, qui n’ont pas encore atteint la puberté, car il faut que leurs ovaires grandissent en même temps qu’elles.

Il faudra patienter encore de nombreuses années avant que ce ne soit possible. Mais Anthony Atala, du Wake Forest Institute for Regenerative Medicine, souligne l’importance de ces recherches, car une fois que le modèle 3D sera établi, il sera très facile à reproduire à grande échelle, et offrira une précision hors norme. Comme il sera possible d’automatiser le processus, les coûts devraient baisser. Bref, ces recherches devraient mener à une véritable révolution médicale.

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