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Des ossements humains vieux de 9 000 ans éclairent les origines de la syphilis

Avant la découverte des antibiotiques, cette infection bactérienne sexuellement transmissible faisait des ravages

L’analyse d’ossements humains découverts en Amérique centrale et du Sud a révélé les plus anciennes preuves génétiques de la famille de bactéries à l’origine de la terrible syphilis.

Des origines discutées

Après l’invasion de l’Italie par Charles VIII en 1494, une mystérieuse maladie défigurante et mortelle s’était déclarée dans les camps militaires français et progressivement propagée dans toute l’Europe. Si cette épidémie est considérée comme le premier témoignage historique de la syphilis, ses origines restent débattues. Certains chercheurs pensent qu’elle aurait été rapportée des Amériques par Christophe Colomb et ses hommes en 1493, tandis que d’autres estiment qu’elle était déjà présente sur le continent européen.

La syphilis ainsi que le pian et le béjel (infections tropicales aux effets similaires mais n’étant généralement pas transmises sexuellement) sont causés par des sous-espèces de la bactérie Treponema pallidum.

Récemment, Kirsten Bos, de l’Institut Max-Planck, et ses collègues ont examiné des restes humains (hanche, jambe et dent) trouvés en Argentine, au Chili et au Pérou. Présentant tous des lésions typiques de la syphilis, ceux-ci ont été datés et séquencés génétiquement.

« Les cinq génomes bactériens reconstitués à partir de ces ossements étaient tous des lignées sœurs des souches modernes de T. pallidum qui circulent aujourd’hui chez l’Homme », écrivent les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Nature.

Isolation géographique et biologique

La datation au radiocarbone a de son côté révélé que ces témoignages remontaient jusqu’à 9 000 ans, une époque où les humains étaient déjà bien établis à travers les Amériques et n’interagissaient pas avec les populations d’autres parties du globe.

Selon Bos, cette « isolation géographique et biologique » renforce l’idée que la syphilis et ses parents connus sont apparus de l’autre côté de l’Atlantique, et se sont répandus dans le monde entier par le biais de la colonisation et de la traite d’êtres humains au cours des décennies et des siècles ayant suivi l’épidémie européenne initiale.

En début d’année, des analyses similaires avaient révélé que les infections tréponémiques étaient déjà répandues en Amérique du Sud il y a 2 000 ans.

Par Yann Contegat, le

Source: The Guardian

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