Alors qu’ils étudiaient un groupe d’orangs-outans sauvages de l’île de Sumatra, des chercheurs ont observé le premier cas d’un animal non humain utilisant une plante aux propriétés médicinales avérées pour traiter une plaie ouverte.
Le remède de Rakus
Il ne s’agit pas du premier rapport « d’auto-médication » chez les grands singes. Les gorilles et les bonobos sont connus pour consommer des feuilles d’Aspilia afin de se débarrasser de parasites intestinaux et, en 2022, des chimpanzés du Gabon avaient été vus en train d’appliquer des insectes sur leurs plaies ouvertes.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Scientific Reports, Isabelle Laumer, de l’Institut Max Planck, et ses collègues ont remarqué une entaille fraîche sur la joue d’un orang-outan de Sumatra mâle (Pongo abelii) appelé Rakus, vivant dans le parc national du Gunung Leuser.
Environ trois jours après l’altercation avec un mâle voisin à l’origine de la blessure, Rakus a été observé en train de mâcher la tige et les feuilles de la plante grimpante Fibraurea tinctoria. Au bout d’une dizaine de minutes, il a commencé à étaler ce remède sur sa plaie ouverte.
« Cela a duré 7 minutes », explique Laumer. « Il l’a appliqué à plusieurs reprises précisément sur la plaie, et non sur d’autres parties du corps. » S’étant refermée en l’espace de quatre jours, celle-ci était complètement cicatrisée quelques semaines plus tard.
Une plante médicinale bien connue
Selon les auteurs de la nouvelle étude, le processus de guérison a probablement été accéléré par la plante, aux propriétés antibactériennes, anti-inflammatoires, antifongiques et antioxydantes bien connues, et couramment utilisée par les populations locales pour traiter des affections telles que la malaria et la jaunisse.
« À notre connaissance, c’est la première fois qu’un animal sauvage soigne spécifiquement sa blessure à l’aide d’une plante médicinale très puissante », souligne Laumer.
Pour l’équipe, les prochaines étapes consisteront à déterminer s’il s’agit d’un comportement récurrent chez Rakus, et si d’autres membres de son groupe l’ont également adopté.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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