
Selon le célèbre dicton, l’argent ne pousse pas sur les arbres, mais il apparaît que l’or le peut. Récemment, des scientifiques ont établi un lien étroit entre les bactéries colonisant les aiguilles d’épicéas lapons et la formation de nanoparticules de ce métal précieux.
Or « végétal »
D’infimes quantités de métaux peuvent s’accumuler dans les tissus végétaux, via la biominéralisation, processus au cours duquel microbes et oxydation favorisent la migration des ions métalliques du sol vers les branches.
S’il avait été précédemment établi que les feuilles de certaines espèces d’eucalyptus contenaient de minuscules quantités d’or, l’analyse d’échantillons provenant d’une vingtaine d’épicéas de Norvège (Picea abies), proches de Kittilä, plus grande mine d’or d’Europe, a permis de faire la lumière sur ce phénomène.
Des séquençages génétiques ont montré que les nanoparticules d’or étaient profondément incrustées dans des aiguilles entourées de biofilms « tissés » par les genres bactériens P3OB-42, Cutibacterium et Corynebacterium. Ce qui suggère que ces minuscules organismes favorisent l’accumulation du métal précieux.
« Il s’agit des premières preuves claires de la façon dont l’or se déplace dans les végétaux », écrivent les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Environmental Microbiome. « Présent sous une forme liquide soluble dans le sol, il est convoyé par l’eau jusqu’aux aiguilles des épicéas, où les bactéries vont le précipiter sous forme de particules solides de taille nanométrique. »

Sur la piste de véritables trésors
En raison de la taille et des concentrations réduites de ces nanoparticules, une quantité écrasante d’aiguilles ou de feuilles serait nécessaire pour confectionner le moindre bijou. Mais les arbres concernés pourraient indiquer la proximité d’un véritable trésor.
En 2019, la société d’exploration minière australienne Marmota avait découvert un filon d’or de plusieurs mètres d’épaisseur (avec des concentrations allant jusqu’à 3,4 grammes par tonne), en se basant sur ses niveaux dans les feuilles d’eucalyptus.
« L’identification des populations bactériennes associées à la présence de nanoparticules d’or dans les aiguilles d’épicéa pourrait faciliter l’exploration aurifère », conclut Kaisa Lehosmaa, de l’université d’Oulu.
En Antarctique et à Hawaï, ce sont littéralement les volcans qui crachent de l’or.