Un récent rapport de l’ONU présenté devant le Conseil des Droits de l’Homme, vient apporter de nouvelles preuves du caractère nocif des pesticides pour l’environnement comme pour la santé humaine. Surtout, les Nations Unies dénoncent les stratégies commerciales amorales des industriels du pesticide pour répandre leur usage dans les États et l’industrie agroalimentaire. Sous prétexte que les pesticides seraient indispensables aux cultures qui servent à nourrir la planète, ces industries n’hésitent pas à occulter les dangers qu’ils impliquent…
Les dangers des pesticides pour l’environnement
Les pesticides sont certes censés protéger les cultures, mais à long terme, ils deviennent très dangereux pour les terres qui les reçoivent. Polluant les sols comme les nappes phréatiques, le rapport souligne que des études, menées par le gouvernement chinois, démontrent que les pesticides engendrent une perte de 20 % des terres cultivables.
La faune est également concernée par les effets nocifs des pesticides. Bien qu’ils aient entre autres vocation à détruire les insectes nuisibles, ils jouent un rôle actif dans le déclin des colonies d’abeilles indispensables à la reproduction des cultures. Le taux de mortalité des abeilles a augmenté de 5 à 30 % entre 1995 et 2000 ; de même 1 vertébré pollinisateur sur 5 est actuellement en voie de disparition, et ce, principalement du fait de l’arrivée des néonicotinoïdes et autres pesticides.
Les risques pour la santé humaine
C’est tout l’équilibre naturel qui se trouve menacé par l’usage intensif des pesticides, en cela l’homme ne fait pas exception. Le rapport insiste sur les « impacts catastrophiques » de ces derniers sur « la santé humaine et la société dans son ensemble ». Il estime ainsi à 200 000 le nombre de morts liés à l’empoisonnement aux pesticides. Les enfants souffrent particulièrement de cette contamination alimentaire, le rapport évoque ainsi 23 décès en Inde en 2013 et 39 en Chine en 2014.
En plus de ces empoisonnements directs, le rapport rappelle qu’il existe potentiellement un lien entre le cancer, les maladies de Parkinson et d’Alzheimer, les dérèglements hormonaux, la stérilité, et les pesticides. Si les sociétés humaines sont aujourd’hui particulièrement exposées à ces risques, il faut préciser que certains travailleurs, particulièrement les enfants, pâtissent gravement de la déréglementation du travail et de la production intensive, en se voyant quotidiennement exposés aux émissions de paraquat dans les plantations d’huile de palme.
Le matraquage marketing de l’industrie du pesticide
Le rapport est catégorique, « malgré les preuves scientifiques de leurs effets négatifs », l’industrie du pesticide continue d’en promouvoir l’usage auprès des industries agroalimentaires, des agriculteurs et des États, tout en niant les risques pour la santé et l’environnement. Si par définition, tout marketing implique des stratégies de communication et des discours construits destinés à faire vendre, le rapport insiste sur « les tactiques marketing agressives et non-éthiques » de l’industrie du pesticide dans le « déni systématique des effets nocifs » de leurs produits.
Il ajoute que le lobbying réalisé auprès des gouvernements empêche ces derniers de restreindre et de réformer l’usage des pesticides. Hilal Elver, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, a expliqué au Guardian que dans certains pays comme les Philippines, le Paraguay, le Maroc ou la Pologne, « le pouvoir des corporations sur les gouvernements et sur la communauté scientifique est si important que pour négocier, il faut négocier directement avec les entreprises ».
Les multinationales de l’agroalimentaire utilisent les pesticides pour assurer la production intensive requise par le marché mondial. Mais les industriels du pesticide vantent un argumentaire humaniste assez éloigné des réalités…
Des pesticides nécessaires pour nourrir la planète ?
D’ici 2050, le monde devrait passer de 7 milliards à 9 milliards d’individus ; c’est sur l’urgence de produire assez pour nourrir le monde que se basent les industriels du pesticide afin de légitimer l’emploi de ces produits chimiques sur les cultures.
Un porte-parole de la Crop Protection Association qui représente l’industrie du pesticide au Royaume-Uni affirme ainsi que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture aurait expliqué que les outils de protection des cultures sont indispensables aux agriculteurs qui, s’ils en étaient privés, pourraient perdre jusqu’à 80 % de leurs récoltes. Habile dans sa rhétorique, le porte-parole va jusqu’à mobiliser le droit à l’alimentation pour tous les citoyens du monde que défend l’ONU, pour défendre l’usage des pesticides.
D’après Hilal Elver, l’argument selon lequel les pesticides sont nécessaires pour protéger les cultures qui nourrissent le monde n’est pas valable, explique-t-elle au Guardian. Non seulement, les pesticides sont essentiellement employés pour la production intensive de produits comme l’huile de palme qui ne sont pas des denrées employées à assurer la sécurité alimentaire de la planète, mais en plus, ils ne peuvent rien faire pour résoudre la pauvreté, les inégalités croissantes et la distribution déséquilibrée des richesses dans le monde.
L’UE, un modèle à suivre
Le rapport insiste sur la nécessité de réguler l’usage des pesticides et de mettre en place une agriculture plus responsable.
Si des progrès doivent être faits à l’échelle mondiale et notamment aux États-Unis, Elver salue les efforts de l’UE qui, sur la base du principe de précaution, a banni l’usage des néonicotinoïdes sur les cultures de fleurs en 2013.
Par Antoine - Daily Geek Show, le
Source: Mr Mondialisation
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