Les passionnés de mangas le savent, Eiichiro Oda s’inspire de l’Histoire et de la culture mondiale pour développer l’univers de One Piece. Le manga le plus vendu de tous les temps offre en effet une mosaïque des noms les plus emblématiques de la piraterie de notre monde. Chasse au trésor, cruauté sans pareille, trahison et rédemption : découvrez les pirates qui ont inspiré la saga One Piece !
Roronoa Zoro – François l’Olonnais
Roronoa Zoro est un ancien chasseur de pirates devenu pirate suite à sa rencontre avec Monkey D. Luffy, son capitaine. Il est le premier compagnon du héros de One Piece et le plus fort de l’équipage après ce dernier. Combattant avec trois sabres, il souhaite devenir le meilleur bretteur du monde et ne fait preuve d’aucune pitié face à ses ennemis. D’où vient ce nom et est-ce que son inspiration est aussi dangereuse que le second de l’équipage du Chapeau de Paille ? Oda confie à ses lecteurs : « J’ai pris le nom de François l’Olonnais, qui fut le plus cruel des pirates des Caraïbes. » Le « L » étant roulé comme un « R » en japonais, l’Olonnais donne Roronais, et la prononciation japonaise complète la transformation en Roronoa.
Après trois ans à rester chasseur dans la société des boucaniers des Caraïbes, François l’Olonnais décide de devenir pirate et prend le large. Pendant leurs années de formation de boucaniers, les hommes sont constamment en danger de se faire capturer et assassiner par les Espagnols, alors enrichis par la conquête de l’Amérique centrale et tout-puissants dans la région. Cela fait naitre en l’Olonnais une haine sans limites de l’Espagnol et lui donne goût à la torture. Il devient capitaine d’un équipage assez rapidement et sa réputation de tortionnaire force ses adversaires à se battre jusqu’à la mort et à ne jamais se rendre, de peur de finir cobayes de ses délires diaboliques.
Essuyant un second naufrage, les Espagnols rattrapent son équipage et massacrent tout le monde. L’Olonnais survit en se cachant sous les cadavres, puis récupère un uniforme espagnol, convainc des esclaves de l’aider à voler un canot et s’en va jusqu’à l’île de la Tortue. Les Espagnols pensent enfin avoir tué le démon qui hante les Caraïbes, mais l’Olonnais prépare déjà la première grande expédition de pirates contre les Espagnols sud-américains. Avec presque 700 hommes sous ses ordres, il s’empare de gros butins. Pendant ces mois-là, il torture et massacre des centaines d’Espagnols. Si vous voulez un exemple de sa cruauté, il faut se tourner vers l’ouvrage d’Alexandre-Olivier Oexmelin (chirurgien ayant voyagé avec de nombreux pirates de l’âge d’or de la piraterie), qui raconte que l’Olonnais avait pour habitude de tailler les gens en pièces et d’arracher des langues.
À terre, ses décapitations sont fameuses et suffisent à faire fuir des villages entiers. Oexmelin raconte « qu’il ordonnera de disposer sur un rang 87 prisonniers, pieds et poings liés. Puis il se promena le long de la file, tenant une pierre à aiguiser d’une main et un long sabre de l’autre et coupa 87 têtes. » Niveau torture, il met au point un rituel effrayant. L’équipage attache un prisonnier à un tronc, puis le ventre de ce dernier est ouvert avec précision, ses entrailles déballées et clouées à l’arbre. Une fois la besogne faite, l’Olonnais met le feu aux branches jusqu’à ce que les flammes viennent lécher les entrailles et calcine le prisonnier. Voilà, voilà. Des histoires et des témoignages comme ça sur l’Olonnais, il y en a des tas. Il fait un troisième naufrage sur la côte du Panama en 1669. Il est capturé par des cannibales, haché, rôti et mangé. Une fin qui convient bien au pirate le plus sadique de l’histoire.
Bellamy la Hyène / Samuel Bellamy
Surnommé « Le Pirate Sauvage », le Bellamy de One Piece est aussi et surtout connu sous le nom de « La Hyène ». Volant les pirates et ramassant ce que d’autres sont trop faibles pour protéger, il est connu pour son arrogance et son tempérament violent. Son but est d’intégrer l’équipage de Don Quichotte Doflamingo qu’il considère comme le plus grand pirate de tous les temps. Son nom est directement emprunté à Samuel Bellamy, dit « Black Sam », « Prince des Pirates » ou encore « Robin des Bois de la mer ».
Contrairement au pirate de One Piece, Samuel Bellamy était connu pour sa générosité et sa clémence envers les prisonniers et otages. Le vrai pirate était un homme apparemment juste, celui de Eiichiro Oda est tout l’inverse ! Manière intelligente de s’inspirer d’un personnage, tout en offrant son opposé. Devenu marin très jeune, il s’engage ensuite dans la marine royale anglaise avant de devenir pirate pour faire vivre sa nouvelle femme plus confortablement. Il est accepté dans l’équipage de Benjamin Hornigold dont le second de l’époque n’était autre que Edward Teach. Ne vous inquiétez pas si vous ne connaissez pas ce nom, nous y reviendrons plus bas.
Peu après sa venue, Hornigold perd son statut de capitaine pour refus d’attaquer des navires anglais (son pays d’origine). Bellamy est élu nouveau capitaine. Il n’est pas là depuis longtemps, mais Black Sam est une figure imposante, un homme grand et fort prenant soin de son apparence et de son charisme. Il est également un fin stratège et prouve être un très bon capitaine. En 1717, il repère le Whydah Gally, un navire de plus de 30 mètres de long, une merveille pour l’époque, et Bellamy s’en empare aussitôt qu’il le peut. Fier de sa réputation, il épargne tout l’équipage et leur offre même son ancien vaisseau pour qu’ils puissent repartir en sécurité. Équipé de déjà 18 canons, Bellamy réaménage les quartiers du capitaine pour installer 10 canons supplémentaires.
Très juste avec son équipage où il fait régner la démocratie dans toute affaire importante, il fait voguer son navire gigantesque avec précision et commande son second navire, plus petit et rapide avec efficacité. Il tient à garder ce duo de navires pour avoir un bon équilibre entre poursuite et assaut et cela lui permet de récolter énormément de richesses. Malheureusement, son navire est pris dans une terrible tempête nocturne au large du cap Cod et tous les membres de l’équipage meurent en essayant de sauver leurs vies et le trésor. Le navire fut retrouvé en 1982. L’épave contenait 5 tonnes d’or et d’ivoire. Un homme à part qui a définitivement marqué l’histoire de la piraterie. En parlant des hommes de pouvoir condamnant les pirates, il énonce sa citation la plus célèbre : « Ils nous condamnent, ces crapules, alors que la seule différence entre nous, c’est qu’ils volent les pauvres grâce à la loi, et que nous pillons les riches armées de notre seul courage. »
Eustass Kidd / William Kidd – Eustache le Moine
Le terrifiant Eustass Kidd, surnommé Capitaine, est celui des onze supernovae (les onze grands pirates de la génération de Luffy) à avoir la prime la plus élevée avec 470 000 000 de berrys pour sa mort ou sa capture. La raison pour cela est simple : lui et son équipage causent la mort de centaines de personnes au cours de leur aventure en plus de tous les dégâts matériels causés par son terrible pouvoir qui lui permet de jouer avec l’électromagnétisme autour de lui. Son nom vient d’Eustache Buskes, dit Le Moine Noir et de William Kidd.
Le premier est un personnage extraordinaire du XIIIe siècle. D’abord moine bénédictin, il quitte la religion pour venger la mort de son père. Sa vengeance attire les foudres des autorités et il devient pirate et mercenaire, opérant depuis l’île de Sercq dans la Manche. Sa réputation lui prête des pouvoirs surnaturels, il serait capable de rendre invisibles ses navires pour surprendre ses adversaires. En 1205, il devient l’amiral de la flotte de Jean sans Terre, roi d’Angleterre tout en poursuivant la piraterie puis passe au service du roi de France, Philippe Auguste, en 1212. En 1217, la flotte anglaise prend le dessus sur la marine française et Eustache est capturé puis décapité. On retrouve également son histoire dans Le Journal de Tintin.
De son côté, William Kidd partage également son surnom, « Capitaine ». Tout comme le personnage de One Piece, il fut durant un moment de sa vie la personne la plus recherchée par la marine. Après une vie calme de marchand à New York, il s’embarque dans un voyage où il lui sera proposé de devenir corsaire de l’Angleterre à partir de 1695. Sa mission : attaquer les navires français et les pirates s’attaquant aux Anglais. Les hommes les plus puissants du royaume financent ces corsaires pour protéger leurs intérêts en mer. Sur son navire de 36 canons, il peine cependant à rapporter assez d’argent pour rattraper le coût de l’opération. Lui et son équipage décident alors d’attaquer tout navire ne portant pas le pavillon anglais et William Kidd se métamorphose peu à peu en pirate.
En 1698, il rencontre un autre pirate, Robert Culliford et décide de le capturer pour racheter ses péchés. Malheureusement, son équipage se mutine et bascule du côté de Culliford. Seulement treize hommes restent loyaux à Kidd, qui décide alors de repartir vers New York. Ayant eu vent du monstre qu’ils ont créé, les puissants d’Angleterre le font capturer et l’envoient à Londres où il sera emprisonné dans la fameuse Newgate Prison connue pour ses conditions sanitaires exécrables. Les juges feront de William Kidd un exemple. Il finira le corps pendu et attaché à un poteau sur la rive de la Tamise jusqu’à être immergé plusieurs fois. Il est ensuite enduit de goudron et encerclé d’anneaux pour le suspendre au-dessus du fleuve.
X. Drake / Sir Francis Drake
X. Drake est un ancien vice-amiral, le troisième rang le plus élevé de la Marine. Il devient pirate de manière très mystérieuse et semble vouloir garder ses motivations secrètes. C’est un pirate très patient et qui préfère opérer dans l’ombre. Il est cependant redoutable au combat, se transformant en dinosaure grâce à son fruit du démon préhistorique. L’un des noms les plus connus de la piraterie a inspiré ce personnage, il s’agit bien sûr de l’explorateur et corsaire/pirate Sir Francis Drake.
Ne laissez pas le Sir vous impressionner plus que ça, notre bon vieux Francis commence sa carrière en tant qu’esclavagiste, capturant des Africains pour les vendre aux colons de Nouvelle-Espagne. Il se retrouve emprisonné, mais s’échappe et développe une haine des Espagnols (thème récurrent chez nos amis pirates). Il retourne en Angleterre et obtient de la reine Elizabeth I la permission de piller les navires du roi Philippe d’Espagne. Fier de son nouvel équipage, il repart pour le Nouveau Monde, capture la ville de Nombre de Dios et pille de nombreux villages aux alentours. Une deuxième expédition est lancée, dirigée par Drake et deux autres hommes. Lorsqu’il tente de prendre le pouvoir et que l’un des deux complote une mutinerie, il le fait arrêter et décapiter.
Il passe par le détroit de Magellan et pénètre dans l’océan Pacifique. Il vogue sur les côtes du Pérou et du Chili et attaque tous les navires marchands espagnols qu’il rencontre. Accostant en Californie, il déclare la région pour la couronne anglaise. Après de longs préparatifs, Drake et son équipage se lancent à la conquête du Pacifique et retrouvent l’océan Indien, puis passent le cap de Bonne-Espérance et reviennent en Angleterre. Il devient le premier anglais à avoir fait le tour du monde. Ses trésors le rendent riche et sa notoriété pousse la reine à le sacrer chevalier en 1581. Lorsque les tensions avec l’Espagne empirent, Drake est envoyé pour piller et démoraliser la marine espagnole. Alors que le roi d’Espagne prépare sa contre-attaque en construisant d’immenses navires, Drake interrompt le chantier et détruit plus de trente navires et tout le matériel.
Après ces exploits, il devient vice-amiral de la marine anglaise et lors d’un affrontement contre 130 navires espagnols, il parvient avec la flotte anglaise à capturer le bateau où se trouve le trésor de l’armée espagnole. Peu à peu, les Anglais prennent le dessus dans les années à venir et Drake est envoyé au Portugal pour aider ce dernier à résister aux occupants espagnols. C’est un échec cuisant, Drake perd 20 navires et 12 000 hommes. Il rentre en Angleterre et occupe les fonctions de maire de Plymouth. Il aurait dû finir sa vie ainsi, mais la reine fait de nouveau appel à lui en 1595 pour capturer les trésors espagnols au Panama. Malheureusement, Francis Drake est touché par la dysenterie et meurt d’une terrible fièvre en 1596. Son cadavre est placé dans un cercueil en plomb et jeté à la mer au large de Portobelo.
Jewelry Bonney / Anne Bonny
Surnommée « La Gloutonne », Jewelry Bonney possède le pouvoir de changer son métabolisme et celui des autres à volonté. Elle peut ainsi changer de poids, de taille et d’âge. Elle est également l’une des onze supernovae et la capitaine de son propre équipage. Avec un sens de la morale bien à elle et un caractère bien trempé, c’est la femme avec la plus grande prime de l’univers One Piece. Et pour cause, son inspiration n’est autre que Anne Bonny, la pirate la plus connue de l’Histoire.
Née à Cork en Irlande sous le nom de Anne Cormac, sa famille voyage jusqu’au Nouveau Monde où elle développe son tempérament de feu. Elle aurait tué quelqu’un pour la première fois à l’âge de 13 ans en poignardant une servante. Grande femme rousse connue pour sa beauté, Anna ne manque pas d’admirateurs et épouse un marin qui mouille dans la piraterie du nom de James Bonny. Ils partent à Nassau sur l’île de New Providence, alors connue comme la République des Pirates. Elle rencontre et tombe amoureuse de Jack « Calico Jack » Rackham. Elle tombe enceinte et enfante un fils à Cuba, mais ne désire pas devenir mère et rejoint Jack pour reprendre la vie de pirate. Le duo fait la rencontre de la deuxième femme pirate la plus connue de l’Histoire : Mary Read, qui se fait alors passer pour un homme afin d’être acceptée dans l’équipage. Ensemble, ils volent le navire Revenge et partent en mer.
Le nouvel équipage connait un franc succès sur les côtes de Jamaïque et capture de nombreux navires et trésors. Se déguisant d’abord en homme, Bonny se fait respecter par l’équipage grâce à ses prouesses physiques en combat. À une époque où les superstitions poussaient les hommes à refuser des femmes à bord d’un navire et où elles étaient vues comme une source de problèmes dans un équipage (à cause de la compétition masculine), s’intégrer n’a pas dû être évident. Bonny et Read partagent donc ce secret et deviennent amantes, rendant Jack Rackham fou de jalousie. Les deux femmes révèlent leurs identités à l’équipage et ne se cachent plus de personne. Elles partagent alors de nombreuses aventures, se battent et complotent ensemble pour s’emparer de navires grâce à leurs charmes plutôt que par les armes.
En 1720, l’équipage ivre est attaqué par un navire du gouverneur de la Jamaïque et perd la main face à l’assaillant. Bonny et Read se battent avec une férocité sans égale et repoussent les marins pendant un temps, mais se font submerger par la supériorité numérique de leurs adversaires. Elles sont alors emprisonnées, les derniers mots de Bonny à Rackham furent : « Si tu t’étais battu comme un homme, tu n’aurais pas à mourir comme un chien. » Alors condamnées à être pendues comme les autres, Read et Bonny demandent la clémence des juges, car elles seraient enceintes. On leur accorde un sursis, mais Mary Read meurt en prison de la fièvre jaune. Anne Bonny est graciée la veille de Noël et disparait des traces historiques. Plusieurs hypothèses ont été faites sur la suite de sa vie, mais aucune n’est fondée sur des preuves tangibles. Anne Bonny a marqué l’histoire de la piraterie en osant défier toutes les normes, de la vie tranquille qu’aurait voulu son père marchand et avocat à la vie d’une femme éternellement dissimulée de son équipage. Elle a choisi de faire les choses à sa façon, de devenir pirate malgré son sexe, de suivre son amour quitte à abandonner un enfant, de divulguer sa bisexualité avec Mary Read. Pour le meilleur comme pour le pire, Anne Bonny est un personnage à part.
Trafalgar Water Law / Edward Low
Trafalgar Water Law est l’un des onze supernovae avant de devenir un Grand Corsaire pour le Gouvernement Mondial. Suite à son alliance avec l’équipage du Chapeau de Paille, il perd son titre et redevient pirate. Chirurgien d’exception, combattant hors pair et stratège de génie, Law est un des grands personnages de la génération de Monkey D. Luffy. Son nom est avant tout inspiré de celui du terrible Edward Low dont vous allez faire la connaissance, mais il est aussi intéressant de noter que son nom fait aussi référence aux deux grandes défaites de Napoléon à la bataille de Trafalgar en 1805 et à la bataille de Waterloo (Water Law) dix ans plus tard contre la Septième Coalition où l’Empereur doit affronter d’un coup le Royaume-Uni, la Russie, la Prusse, la Suède, l’Autriche et les Pays-Bas.
On est peut-être allé vite en besogne en donnant le titre de pirate le plus sadique à François l’Olonnais. Ou du moins, si on doit en choisir un pour contester son titre, c’est certainement Edward « Ned » Low (que l’on retrouve également sous le nom de Lowe ou Loe, expliquant pourquoi Oda n’a pas hésité à changer légèrement le nom). Il grandit en tant que voleur et devient un pirate après la mort de sa femme. Low incarne la brutalité de la fin de l’âge d’or de la piraterie. Devenu capitaine de nombreux petits navires, il capture plus de cent navires durant sa courte carrière et en brûle la majorité. Il établit un code de conduite comme de nombreux pirates de son époque afin d’assurer l’égalité des droits et des libertés dans son équipage.
Le New York Times l’a décrit comme un tortionnaire dont les méthodes n’auraient pas fait pâle figure face à l’ingéniosité de l’Inquisition dans ses heures les plus sombres. Rien que cela fait froid dans le dos et effectivement, ce n’est pas une exagération. Après une mutinerie ratée, il regroupe ses meilleurs amis, vole un navire, fabrique un drapeau et « déclare la guerre au monde entier« . Idée également reprise dans One Piece lorsque Usopp brûle le drapeau du Gouvernement Mondial sur ordre de Monkey D. Luffy. L’une des techniques de torture qu’il apprend à ses camarades est d’attacher les mains d’une victime avec une corde et de la passer entre chaque doigt. Fortement serrée, Low met ensuite le feu à la corde qui brûle la chair jusqu’aux os sans tuer le prisonnier.
Lors de ses captures, il s’amuse à faire sauter les prisonniers du haut des mâts jusqu’à ce qu’ils meurent. Il aime brûler les gens vifs et lentement pour les faire frire dans leur graisse et tue lui-même les prisonniers par dizaines au sabre court. L’un des témoignages rapporte que cette fois-là, il aurait massacré 53 prisonniers un à un. Après une capture, il gardait des prisonniers pour son passe-temps favori : mutilation, dépeçage et décapitation. Utilisant d’abord le même drapeau que Barbe Noire, il utilise ensuite son propre pavillon : un squelette rouge sur fond noir, resté dans les mémoires comme représentant de celui qui est peut-être le pirate le plus meurtrier de l’Histoire.
Marshall D. Teach / Edward « Barbe Noire » Teach
Marshall D. Teach était d’abord un membre de l’équipage de la seconde division de l’équipage de Barbe Blanche. Il vole le fruit des ténèbres en tuant Satch, le commandant de la quatrième division. Il devient ensuite Grand Corsaire en capturant Portgas D. Ace puis devient l’un des Quatre Empereurs suite à la mort de Barbe Blanche lors du siège de Marineford. L’une des qualités de One Piece est d’avoir un monde vivant, cohérent et non manichéen. Mais s’il devait y avoir un seul antagoniste, ça serait sans doute Barbe Noire.
Le véritable Barbe Noire, Edward Teach (ou Thatch) est sans aucun doute le pirate le plus connu de l’Histoire. La plupart des enfants entendent son nom dès qu’ils apprennent ce qu’est un pirate et il est le premier (et parfois le seul) qui vient en tête de la majorité des gens. Sa carrière de pirate ne dure pourtant que deux ans, entre 1716 et 1718. Il rejoint d’abord l’équipage de Benjamin Hornigold (où il a connu, entre autres, Samuel Bellamy) puis devient capitaine de son célèbre Queen Anne’s Revenge. Arborant une énorme barbe noire, il prend l’habitude d’allumer des mèches à canon placées dans ses poils pour englober son visage de fumée et effrayer l’adversaire lors des assauts. Il comprend l’importance de l’image sur les hommes et utilise cela pour arriver à ses fins, parfois sans même avoir à combattre. La technique fonctionne un peu trop bien et sa notoriété s’enflamme comme une trainée de poudre.
Le coup de maître ayant fait toute sa carrière, c’est le blocus de Charleston, alors que Charles Town et l’une des villes les plus importantes du Nouveau Monde. Teach et sa flotte bloquent l’accès au port et arrêtent tous les navires entrant et sortant du port pour prendre ce qu’il désire. Si un navire essaye de fuir, le reste de la flotte de Teach les arrête au-delà des bancs de sable. Il capture plusieurs navires et prend des otages qu’il échange ensuite contre des médicaments sous menace de brûler tous les navires et d’envoyer toutes les têtes de ses victimes au gouverneur. Barbe Noire aurait sans doute continué de semer la terreur dans la région, mais il apprend que plusieurs man’o’war (navire de guerre le plus destructeur de l’époque) viennent de quitter l’Angleterre sous le commandement de Woodes Rogers dans le but de neutraliser les pirates qui perturbent les Caraïbes. Il échoue son Queen Anne’s Revenge sur un banc de sable qui est ensuite tiré vers la mer, mais finit par sombrer. Le navire fut retrouvé en 2009 par des archéologues de Caroline du Nord.
Barbe Noire choisit d’accepter le pardon royal offert par la couronne et devient même corsaire à la demande du gouverneur de Caroline du Nord, Charles Eden. Ses instincts reprennent le dessus et il renoue avec la piraterie, rebaptisant son navire Adventure. Ses actions font apparaitre un mandat d’arrêt, mais sa situation n’est pas assez critique pour que des marins soient envoyés à sa poursuite. Plus tard, il rencontre le grand pirate Charles Vane qui a refusé le pardon royal et échappé aux man’o’war de Woodes Rogers. Les deux pirates apprennent à se connaitre et se mêlent à d’autres capitaines, dont Jack Rackham. L’ancien quartier-maître du Queen Anne’s Revenge, William Howard, est arrêté par le gouverneur de Virginie, Alexander Spotswood et forcé de donner des informations sur les agissements de Barbe Noire. Spotswood envoie le lieutenant Robert Maynard à la poursuite du pirate avec deux sloops et 57 hommes. Repéré avec 21 hommes à bord, Barbe Noire est attaqué à l’aube du 22 novembre 1718. Les deux navires se touchent et l’abordage commence. Les pirates sont isolés vers la proue et Teach essuie de nombreuses blessures avant de tomber au combat. Une vingtaine de coups de sabre et cinq balles auront suffi à venir à bout du pirate légendaire. Il est décapité, son corps jeté à la mer et sa tête suspendue sur le navire anglais.
Bartholomew Kuma / Bartholomew Roberts
Pirate surnommé « Le Tyran », Kuma est un agent double ayant infiltré les Grands Corsaires, et travaillant en réalité pour l’armée révolutionnaire. Le docteur Vegapunk l’utilise pour le projet Pacifista et transforme son corps en cyborg. Son fruit du démon lui permet de tout repousser et lui confère un pouvoir dévastateur. Avant de perdre complètement le contrôle de son existence et de devenir un Pacifista, il a le temps de sauver l’équipage du Chapeau de Paille sur l’archipel de Sabaody, téléportant chaque membre de l’équipage à un coin différent du monde. Le pirate ayant inspiré son nom est le pirate par excellence, Bartholomew Roberts.
Pirate par excellence, car il a l’une des carrières les plus brillantes de la piraterie, a capturé des centaines de navires et marque la fin d’une époque. Il devient pirate en 1719 à l’âge de 37 ans lorsqu’il est capturé par Howell Davis. Ce dernier meurt lors d’une bataille et Roberts est élu capitaine. Il commanda plusieurs navires durant sa carrière, toujours avec brio et en respectant ses équipages. Il établit le Code des Pirates qui stipule que chaque pirate a une voix démocratique dans les affaires qui concernent l’équipage et que chacun d’eux recevra des parts égales des butins. On y interdit également les femmes et les jeux d’argent, la violence entre membres et discuter l’envie de changer de vie. Les hommes doivent avoir leurs fusils, sabres et pistolets propres et en état de fonction. Pas de gaspillage chez les pirates : « Les lumières et les chandelles doivent être éteintes à huit heures du soir. Ceux qui veulent boire, passé cette heure, doivent rester sur le pont sans lumière. »
Bartholomew Roberts ne ressemblait pas à tous les pirates dans le sens où il accordait beaucoup d’importance à son apparence : beaux vêtements, rasé de près, manières impeccables et bonne expression orale et écrite. Sens de la morale irréprochable puisqu’il ne violait aucune fille de moins de 15 ans. Un ange, donc. N’oublions pas que nous parlons de pirates et que le meurtre et le vol restent le quotidien de ces personnages historiques. Sa carrière impressionnante est d’abord marquée par l’année 1720 où il capture des navires d’esclaves dans les Caraïbes, gagne des batailles navales seul contre deux ou trois navires et échange des navires contre des vaisseaux plus armés et propices au combat.
En 1721, il pille et prend d’assaut les navires français de la Martinique et lorsqu’il attire trop d’attention, il se dirige vers les côtes africaines où il continue de prendre des dizaines de navires. Les compagnies de commerce britanniques lancent des chasseurs de pirates à ses trousses, dont l’Hirondelle commandée par Chaloner Ogle. Roberts est touché par la première salve de canons et meurt peu après. Son équipage exauce son dernier souhait et fait reposer son cadavre au fond de l’océan. Avec lui meurt l’âge d’or de la piraterie.
Gol D. Roger / Olivier Levasseur
Celui par qui tout commence. Seigneur des Pirates, propriétaire du One Piece et pirate le plus légendaire de l’univers de la franchise. Gol D. Roger est le père de Portgas D. Ace et le capitaine de l’Oro Jackson. Selon la légende, il aurait caché son trésor sur l’île de Raftel, au bout de la Route de tous les Périls, ultime épreuve de tous les pirates bravant les mers pour atteindre la gloire que seul Gol D. Roger a atteint dans l’histoire de One Piece. Alors, Gol D. Roger… Olivier Levasseur… pas vraiment de ressemblance dans les noms. Le sens de son nom est triple. Tout d’abord, Gold fait référence à l’or, le bien le plus convoité des pirates. Le D. symbolise la volonté du D, mystère central de l’histoire de One Piece, et une autre déconstruction de son nom donne Old Roger, qui est un surnom du diable en anglais. Mais ici, ce n’est pas le nom qui importe. C’est l’événement le plus marquant de leurs vies qui relie les deux pirates. De leurs vies ou plutôt de leurs morts.
Olivier Levasseur, dit La Buse (pour la vitesse avec laquelle il plonge sur ses proies) est un pirate français de génie qui se forme au métier dans les Caraïbes puis vogue sur l’océan Indien. En 1716, il était déjà dans l’équipage de Benjamin Hornigold lorsque Barbe Noire et Samuel Bellamy le rejoignent (quelle équipe…). Maitre de son propre navire en quittant les Caraïbes, il fait malheureusement naufrage avant d’être récupéré par Edward England. Le duo s’associe à John Taylor pour capturer le plus de navires possible dans l’océan Indien. Taylor et Levasseur s’entendent très bien, mais se querellent avec England et décident de l’abandonner avant de partir vers l’île Bourbon (La Réunion) en 1721.
Les deux pirates découvrent un navire amiral portugais de 72 canons, La Vierge du Cap, échoué après une tempête et alors en pleine réparation. A son bord, le vice-roi des Indes orientales et l’archevêque de Goa et une quantité faramineuse d’or en barres et en pièces, de tissus rares, de pierres précieuses et d’objets de culte. Si l’on fait la conversion avec notre monnaie actuelle, la prise est évaluée à un maximum de 5 milliards d’euros. Ils prennent également contrôle du navire monumental renommé Le Victorieux. Ils capturent de nombreux vaisseaux et s’attirent les colères de la région après avoir incendié un navire rempli d’esclaves. Les deux amis se séparent un peu plus tard et Levasseur décide de retourner vers Madagascar et de cesser la piraterie. Et en même temps avec le butin de La Vierge du Cap, il n’avait pas réellement besoin de continuer quoi que ce soit. En lisant tout cela, vous voyez certainement déjà ce qui relie les deux personnages.
Menant une vie tranquille, il est pourtant reconnu par un capitaine négrier et un ancien pirate et est fait prisonnier sur l’île de La Réunion. Il refuse de parler pour sa défense et est condamné à être pendu le 7 juillet 1730. En sortant de son procès, il aurait murmuré à ses gardiens qu’il pourrait acheter toute l’île avec ce qu’il a caché ici. Le jour de son exécution, alors qu’il monte sur l’échafaud la corde au cou, Olivier Levasseur jeta un cryptogramme dans la foule en s’écriant : « Mon trésor à qui saura le prendre ! ». C’est là tout le concept derrière One Piece. Alors que le Seigneur des Pirates est exécuté et que le Gouvernement Mondial pense mettre fin à la piraterie, Gol D. Roger déclenche l’âge d’or de la piraterie en prononçant ses dernières paroles : « Mon trésor ? Je vous le laisse si vous voulez. Trouvez-le ! Je l’ai laissé quelque part dans ce monde ! »
Pour approfondir
Il y a encore de nombreux pirates qui ont inspiré Eiichiro Oda dans la création de One Piece. Certains ne prennent que le nom, mais comme vous pourrez le remarquer si vous lisez le manga ou regardez l’anime, les aventures des vrais pirates se retrouvent aussi sous une forme ou une autre dans One Piece. Là où Oda est intelligent, c’est qu’il ne se contente pas de copier un nom et une histoire, mais d’utiliser un élément de plusieurs pirates ayant existé pour en faire un personnage fictif. A vous de déchiffrer le reste !
Si vous voulez approfondir, voici quelques pistes concernant d’autres personnages : Morgan (Henry Morgan), Alvida (Awilda), Urouge (Oruç Reis), Jesus Burgess (Samuel Burgess), Scratchman Apoo (Chui A-Poo), Basil Hawkings (John Hawkins et Basil Ringrose), Silver Rayleigh (Walter Raleigh), Cavendish (Thomas Cavendish). On ne va pas tous les faire, mais ça sera déjà un bon début ! Pour ce qui est de la lecture de livres sur les pirates, les indispensables sont « Histoire de la flibuste » d’Alexandre-Olivier Oexmelin et « A General History of the Pyrates » de Daniel Defoe.
L’âge d’or de la piraterie est une source d’inspiration inépuisable pour les créateurs de tous les arts. Entre égalité et atrocité, liberté et mise à mort, les pirates fascinent toujours quiconque rêve d’aventure. Ceux de One Piece sont loin d’être aussi diaboliques que ceux de notre monde, mais ces derniers sont tout de même les premières sources d’inspiration d’Eiichiro Oda pour nommer ses personnages et développer leurs péripéties. Trouvez-vous ces histoires de piraterie plus fascinantes que le manga ou préférez-vous les personnages d’Eiichiro Oda ?
Par Florent, le