
Chaque année, les barges rousses se lancent dans de véritables odyssées migratoires qui les verront couvrir plus de 10 000 kilomètres. Capables de passer plus d’une semaine sans s’alimenter ou s’hydrater, ces oiseaux disposent d’un métabolisme plutôt flexible.
Migration longue distance
Connues pour vivre plus d’une trentaine d’années à l’état sauvage, les barges rousses (Limosa lapponica) passent l’été dans l’Arctique, où elles se reproduisent et se gavent d’insectes et de vers de terre. Lorsque les températures commencent à baisser en septembre, elles entament leur longue migration vers le sud.
À ce jour, l’espèce détient le record du plus long vol migratoire sans escale. Établi en 2022, celui-ci avait vu une barge rousse couvrir les 13 560 kilomètres séparant l’Alaska de la Tasmanie en seulement 11 jours.
De telles épopées impliquent des réserves de graisse remarquables. En 1998, l’étude de spécimens ayant mortellement heurté un dôme radar en Alaska peu après avoir pris leur envol avait révélé que celles-ci représentaient jusqu’à 55 % de leur masse corporelle.
En comparant leurs organes à ceux d’une sous-espèce apparentée connue pour faire escale aux Pays-Bas, les scientifiques ont également constaté que la taille de plusieurs d’entre eux (gésier, foie, reins et intestin) était largement réduite, quand leurs muscles pectoraux et leur cœur s’avéraient à l’inverse plus robustes.

Autophagie
Des recheches approfondies ont permis de confirmer le mécanisme impliqué, leur permettant essentiellement de stocker des quantités plus importantes de lipides, brûlées lors de leurs vols record.
Connu sous le nom d’autophagie (« se manger soi-même » en grec), ce processus de « nettoyage » implique la décomposition et le recyclage de certains composants cellulaires en cas de stress physiologique intense (jeûne ou activité physique soutenue).
Dans le cas de L. lapponica, les organes les plus impactés sont le gésier et le foie, dont le volume va diminuer de plus de 50 %. Une fois sa destination atteinte, ils retrouvent leur taille initiale. Le même cycle se répète à chaque migration.
En 2024, des papillons avaient effectué un vol transatlantique épique de 4 200 kilomètres, stupéfiant les scientifiques.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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