Après l’attaque de Pearl Harbor, 120 000 Américains d’origine japonaise ont été internés dans des camps aux États-Unis. Retour sur ce triste chapitre de l’histoire américaine qui reste méconnu.
Le port de Pearl Harbor était, au départ, un port spécialisé pour la culture et le commerce d’huîtres. Mais en 1884, les États-Unis en ont fait une base navale, raison pour laquelle il est devenu un site stratégique pour les armées américaines. En décembre 1941, les Japonais attaquent Pearl Harbor par surprise avec leur flotte aéronavale. Tellement inattendue, l’attaque a causé la mort de 2 000 Américains et 1 000 ont été blessés.
Suite à cet évènement, les États-Unis sont entrés en guerre aux côtés des forces alliées et le président Roosevelt a signé le décret 9066. A cause de ce décret, la plupart des Américains d’origine japonaise se sont fait arrêter et ont été détenus dans les prisons locales.
La descente aux enfers des Nippo-Américains
L’attaque de Pearl Harbor a eu de grandes répercussions sur la vie des Américains d’origine japonaise. Ces derniers ont été forcés de quitter leur foyer pour un avenir sombre sans pouvoir apporter ce dont ils avaient besoin. Tous avaient peu d’options, autant les immigrants de première génération, appelés Issei, que les citoyens américains, appelés Nisei.
Ils vivaient à l’intérieur d’une clôture barbelée, sous des tours de garde imposantes. Les Nippo-Américains devaient faire la queue pour aller chercher de la nourriture, pour aller aux toilettes et pour faire leur lessive. Ils ont ainsi perdu toute liberté et la plupart de leurs biens. Coup de grâce, les Américains ont fait en sorte qu’ils perdent également leur identité. Chaque famille a reçu un numéro à cinq chiffres à porter sur une étiquette autour du cou pour les identifier dans la prison.
Le mode de vie des Nippo-Américains dans les camps d’internat
Les Américains d’origine japonaise ont perdu une grande partie de leur vie, leur maison, leur société et tous leurs biens. Alors qu’ils se préparaient à atteindre leur première odyssée, la plupart des Nippo-Américains ont été obligés de vendre des propriétés à des prix avantageux. D’après les estimations, 3,64 milliards de dollars (cours actuel) de richesse ont disparu.
Dans les centres d’internat, les Nippo-Américains ont vécu dans des logements ayant servi de stalles à chevaux auparavant. Dispersés dans dix grands camps de sept États différents, chaque famille vivait ensemble dans des baraquements fragiles en papier goudronné, sans protection contre les intempéries et sans intimité. En revanche, si le père de famille était suspecté de quelque chose, il était emprisonné ailleurs. Cette situation a été des plus chaotiques pour les Nippo-Américains car l’autorité parentale n’était même plus en vigueur. Ceci était principalement dû au fait que les jeunes passaient beaucoup de temps entre eux, d’où la mauvaise influence.
Les Nippo-Américains ont gardé la tête haute
Dans les collections du Musée national d’histoire américaine du Smithsonian, une paire de sandales pour enfant est peinte avec une image de Mickey Mouse. C’est un signe que, même emprisonnés, les Nippo-Américains ont gardé leur dignité et leurs liens familiaux qu’ils appellent le Sanefuji. Apparemment, c’est un père de famille interné au Nouveau-Mexique qui les a fabriquées pour son fils, détenu dans un camp de concentration de l’Utah. Ce type de chaussures en bois est ce que les Japonais appellent des « geta », des sabots à porter à l’extérieur. Il les a fabriquées pour que son fils ne s’enfonce pas dans le sol boueux autour du camp.
Par ailleurs, les Américains d’origine japonaise ont poursuivi le gouvernement pour sa décision de les traiter comme des « étrangers ennemis » plutôt que des citoyens américains. Cependant, ils n’ont pas eu gain de cause.
Que s’est-il passé par la suite ?
Mitsuye Endo a remis en question l’emprisonnement de son peuple sans procès équitable. La Cour suprême a statué, fin 1944, que les autorités militaires américaines ont commis une erreur en les emprisonnant sans droit à une audience rapide ou à aucune audience du tout. À ce moment-là, plusieurs Nippo-Américains avaient quitté les camps de concentration pour fréquenter les universités de l’est, pour partir en guerre ou pour travailler loin de la côte ouest. Dans les derniers jours, il ne restait plus que les personnes âgées, les jeunes mères et les enfants dans les camps.
Après guerre, les Nippo-Américains se sont assurés que tous les Américains se souviennent de ce que leurs familles ont dû subir. C’est pourquoi, en 1970, ils ont organisé le mouvement de réparation. Plus de 40 ans après, le président Ronald Reagan s’est excusé auprès d’eux et a restitué 20 000 dollars à chacune des victimes encore en vie.
Bien que les Américains d’origine asiatique aient été dédommagés, ils n’en restent pas moins victimes d’injustice et de racisme dans le pays. Même de nos jours, leurs descendants sont traités comme des étrangers par leurs compatriotes américains.