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Néandertal aurait rencontré une lignée de l’homme moderne bien avant Homo sapiens

Cette étude remet en question la chronologie établie des interactions entre Néandertaliens et Homo sapiens

neandertal
— Chettaprin.P / Shutterstock.com

Alors que l’histoire du brassage génétique entre Homo sapiens et Néandertaliens a longtemps été considérée comme un phénomène relativement récent, une nouvelle étude ébranle cette vision traditionnelle. Cette recherche, publiée dans la revue Current Biology, suggère que les Néandertaliens avaient déjà des segments d’ADN humain avant la grande migration hors d’Afrique d’Homo sapiens

Un héritage génétique compliqué

La rencontre entre Homo sapiens et Néandertaliens n’est pas nouvelle en soi. En quittant le continent africain il y a environ 75 000 ans, nos ancêtres ont croisé les Néandertaliens en Eurasie. Ce brassage génétique a laissé des traces encore visibles aujourd’hui, notamment chez les individus d’origine européenne. 

Cependant, ce que les chercheurs de l’université de Pennsylvanie ont découvert, c’est que le mélange n’était pas à sens unique. En effet, l’ADN des Néandertaliens contenait déjà des fragments d’Homo sapiens, ce qui suggère un métissage bien plus ancien.

De surcroît, l’étude indique que cet ADN humain dans le génome néandertalien n’est pas attribuable aux Homo sapiens connus, mais probablement à une branche d’humains modernes aujourd’hui disparue. Cela pointe vers des questions concernant l’évolution et les mouvements migratoires de ces populations humaines primitives.

— © Michael Brace / Flickr

Les mystères de l’Afrique subsaharienne

L’un des aspects les plus surprenants de cette découverte concerne la présence d’ADN similaire chez les populations actuelles de l’Afrique subsaharienne. Étant donné que la plupart des interactions entre Néandertaliens et Homo sapiens sont supposées avoir eu lieu en Eurasie, la présence de cet ADN néandertalien en Afrique était inattendue. Les scientifiques ont ainsi examiné de nombreux échantillons génétiques de populations subsahariennes et ont trouvé que jusqu’à 6 % du génome néandertalien pouvait provenir d’humains modernes.

Cela soulève un certain nombre d’hypothèses quant à la façon dont ce mélange génétique s’est produit et à la raison pour laquelle il s’est produit. Certains scientifiques avancent l’idée que des groupes d’hommes modernes auraient migré en Eurasie, se seraient mélangés aux Néandertaliens et seraient ensuite retournés en Afrique. Une autre hypothèse suggère que les ancêtres des Néandertaliens auraient eu des contacts directs avec les populations d’Homo sapiens en Afrique.

— © Neanderthal-Museum, Mettmann / Wikimedia Commons

Implications pour la compréhension de l’évolution humaine

« La découverte de cet héritage génétique complexe offre de nouvelles pistes passionnantes pour l’étude de l’évolution humaine », déclare Daniel Harris, principal auteur de l’étude et chercheur postdoctoral à la Perelman School of Medicine de l’université de Pennsylvanie. Mais ces interactions n’étaient pas toujours bénéfiques. Une grande partie de l’ADN humain moderne trouvé dans le génome néandertalien résidait dans des régions non codantes. Cela pourrait indiquer que la sélection naturelle a essayé d’éliminer ces segments du génome néandertalien, parce qu’ils nuisaient à la condition physique.

Alexander Platt, co-auteur de l’étude, ajoute un autre élément important. « Ces allèles humains et néandertaliens, qui fonctionnaient bien dans leurs environnements respectifs, pourraient avoir posé des problèmes lorsqu’ils se retrouvaient dans le génome de l’autre groupe. Il semble que sur une longue période, les deux groupes sont devenus suffisamment différents pour que les descendants hybrides aient des difficultés à survivre, bien qu’ils n’aient pas encore évolué en espèces distinctes. »

Cette étude suggère un scénario beaucoup plus nuancé, impliquant des contacts beaucoup plus anciens et probablement avec une branche d’humains modernes jusqu’alors inconnue. En révélant ces facettes méconnues du passé, cette recherche ouvre un nouveau chapitre dans la compréhension de l’histoire évolutive de l’humanité.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

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