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Les Néandertaliens ont été les premiers humains à modifier artificiellement leur environnement

De nouvelles recherches suggèrent qu’ils ont transformé une forêt en prairie

— Gorodenkoff / Shutterstock.com

De récentes analyses d’un site archéologique localisé dans l’est de l’Allemagne ont montré qu’il abritait beaucoup moins d’arbres que les zones environnantes à l’époque où il était occupé par les Néandertaliens, suggérant que la forêt ait été volontairement défrichée par ces derniers.

Une diminution significative de la couverture forestière

Bordé par un lac, le site de Neumark-Nord 2 est étudié depuis près de quinze ans par les paléontologues. Ces dernières années, l’étude de dépôts sédimentaires remontant à environ 125 000 ans a conduit à l’identification de restes de centaines de grands mammifères (principalement des chevaux et des bovidés) présentant des marques claires de coupes, ainsi que près de 20 000 artefacts de pierre, attribués à Néandertal.

Il y a environ 130 000 ans, les grandes calottes glaciaires se sont retirées, rendant Neumark-Nord habitable pendant environ 15 millénaires avant que la glace n’avance à nouveau. Au cours de cette période de réchauffement, les Néandertaliens se sont installés dans la région, probablement attirés par la présence de plusieurs étendues d’eau douce.

« Les Néandertaliens ont vécu dans toute l’Europe pendant des centaines de milliers d’années, il est donc probable qu’ils aient eu un impact sur l’environnement », estime Katharine MacDonald, chercheuse à l’université de Leiden. « Nous savions qu’ils étaient des chasseurs redoutables, donc ils occupaient clairement une niche où ils pouvaient rivaliser avec les carnivores environnants. »

Localisation de Neumark-Nord et d’autres sites archéologiques de la dernière période interglaciaire par rapport aux étendues glaciaires maximales des glaciers du Saalien et du Weichselien — © Wil Roebroeks et al. / Science Advances

Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Science Advances, MacDonald et ses collègues ont rassemblé des données relatives à cette période plus chaude en analysant différentes espèces végétales préservées sur le site, ainsi que les dépôts de charbon de bois laissés par les incendies. Par rapport aux sites proches où les Néandertaliens ne vivaient pas, l’équipe a constaté une diminution significative de la couverture forestière.

« C’est la première fois que cela est démontré pour Néandertal »

L’équipe a observé un pic de charbon de bois coïncidant avec l’arrivée des Néandertaliens sur le site, ce qui suggère que ces derniers aient pu déclencher les incendies, bien qu’une légère incertitude subsiste concernant les dates. Des outils en pierre perfectionnés destinés à la coupe du bois ont également été découverts.

« Alors que les zones adjacentes étaient densément boisées, le site de Neumark-Nord se révélait à l’époque beaucoup plus clair et ouvert », estime MacDonald. « L’homme moderne a modifié les paysages de manière similaire, mais les preuves dont nous disposons actuellement se limitent essentiellement aux 50 000 dernières années. C’est la première fois que cela est démontré pour Néandertal. »

Comparé à d’autres sites néandertaliens, Neumark-Nord semble avoir été occupé de façon assez constante, peut-être même toute l’année. « L’homme de Néandertal étant connu pour être assez mobile, ce site s’avère inhabituel », estime MacDonald. « Il se peut que le paysage ouvert, associé aux lacs, ait attiré beaucoup de grands animaux qu’ils pouvaient chasser, supprimant ainsi la nécessité de se déplacer régulièrement. »

Par Yann Contegat, le

Source: New Scientist

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