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110 ans plus tard, une étude réécrit l’histoire de l’un des naufrages les plus célèbres au monde

L’Endurance était présenté comme le navire le plus robuste jamais construit

Navire Endurance

L’examen de correspondances centenaires indique que le célèbre explorateur britannique Ernest Shackleton savait que son navire n’était pas adapté aux redoutables eaux antarctiques.

Expédition maudite

Si Shackleton avait prévu de relier à pied la mer de Weddell à la mer de Ross en passant par le pôle Sud, son navire, alors présenté comme « le plus robuste jamais construit », n’a jamais atteint les côtes de l’Antarctique. Pris dans les glaces, il a coulé fin 1915. Une catastrophe à laquelle l’ensemble des membres d’équipage ont survécu, grâce à ses canots de sauvetage.

Publiés dans la revue Polar Record, les travaux menés par Jukka Tuhkuri, chercheur à l’université finlandaise d’Aalto ayant participé à la découverte de l’épave il y a trois ans, ont impliqué une comparaison minutieuse de sa structure à celle de ses contemporains. Il s’est rapidement avéré que cette dernière était loin d’être optimale.

Globalement, les embarcations de l’époque impliquées dans des expéditions polaires étaient de forme ovale, possédaient une quille peu profonde empêchant la glace de mer de se fixer aux flancs de leur coque, et une organisation traversante des ponts inférieurs (comparés à des caissons) lui conférant une plus grande rigidité. Autant de caractéristiques que ne présentait pas l’Endurance.

Plutôt allongé et doté d’une quille profonde, le navire aurait supporté des forces de compression 1,7 à 2,7 fois plus faibles. Affectant la disposition des ponts inférieurs, sa gigantesque salle des machines constituait le principal point faible de sa coque.

Shackleton le savait

En examinant les correspondances de Shackleton, Tuhkuri a découvert que peu avant son grand départ, l’explorateur avait confié à sa femme que le Nimrod (qu’il avait commandé lors d’une précédente expédition antarctique) était plus solide, mais qu’il était prêt à courir le risque.

L’Endurance n’a pas résisté à la pression écrasante de la banquise, sa quille finissant par se détacher et laissant un trou béant sous la ligne de flottaison.

À ce moment-là, l’idée que l’Endurance était le navire en bois le plus solide du monde, probablement colportée par le Times, était déjà solidement ancrée dans l’imaginaire collectif. Selon Tuhkuri, le fait que Shackleton n’ait jamais remis en question cette assertion aurait largement contribué à faire entrer cette expédition malheureuse dans la légende.

L’an passé, l’épave d’une autre embarcation britannique célèbre, s’étant abîmée il y a plus d’un siècle, avait été découverte au large de l’Australie.

Par Yann Contegat, le

Source: New Scientist

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