La douleur, souvent considérée comme une expérience subjective, déclenche des réponses physiologiques complexes dans le corps humain. Se cogner l’orteil est un exemple frappant d’une douleur disproportionnée. La sensation est celle d’une phalange qui vient de percer la peau de l’orteil. Pourtant, quelques minutes plus tard, tout semble revenir à la normale. L’intensité d’une telle douleur pour une affection aussi bénigne pose la question suivante : peut-elle être fatale ?
La douleur, un processus cérébral
La douleur, souvent attribuée à des stimuli externes, émerge d’un processus complexe dans le cerveau. Le corps humain étant constitué d’un réseau complexe de nerfs, l’Homme a une constitution très sensible. L’importance de ce réseau, composé de nocicepteurs qui perçoivent le danger, a été mise en évidence par la première dissection approfondie du système nerveux humain.
Ces nerfs sont sensibles aux changements de pression, de température et d’équilibre chimique, mais ils ne sont pas directement responsables de la sensation de douleur ; c’est le cerveau qui l’interprète. La gêne occasionnée par le fait de se cogner l’orteil ne provient pas de cet orteil en particulier. C’est l’évaluation des informations par le cerveau, qui intègre les données sensorielles et les attentes découlant d’expériences antérieures de la douleur, qui provoque la douleur.
La douleur peut-elle être mortelle ?
Si la douleur ne peut pas tuer, ses répercussions physiologiques, elles, peuvent certainement tuer. Il ne faut pas s’en étonner, car c’est l’un des signes les plus évidents de nombreuses blessures et maladies graves, y compris les virus.
Le système immunitaire réagit à une infection virale pour défendre l’organisme. Selon le Dr Franziska Denk, chercheuse sur la douleur au King’s College de Londres, « cela provoque une inflammation, et la douleur est l’un des principaux symptômes de cette inflammation ».
Les nerfs de l’organisme identifient l’activité des cellules immunitaires et déclenchent une attaque qui se traduit par une douleur. En réponse, les nerfs disent au cerveau de se calmer et de ne pas trop bouger jusqu’à ce que l’inflammation se soit calmée et que le système immunitaire ait eu le temps de faire son travail.
Réaction de l’organisme à la douleur
Outre les douleurs atroces résultant de maladies ou de blessures sous-jacentes, la douleur peut également augmenter le risque de mortalité en soumettant l’organisme au stress. Selon Forest Tennant dans Practice Pain Management, « les épisodes chroniques ou aigus de douleur intense déclenchent l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, qui libère des catécholamines (adrénaline et noradrénaline) et des glucocorticoïdes (cortisol, prégnénolone) pour aider l’organisme à faire face au stress ».
Les catécholamines ont des effets importants sur le système cardiovasculaire, notamment une tachycardie extrême et de l’hypertension. Ces pics de douleur soudains peuvent aggraver des maladies préexistantes en augmentant dangereusement la pression artérielle et en accélérant le rythme cardiaque jusqu’à dépasser 100 battements par minute, ce qui est particulièrement néfaste pour des personnes déjà fragiles.
Selon Tennant, les poussées de douleur entraînent une hyperactivité des systèmes nerveux autonome et sympathique, ainsi qu’une production excessive de catécholamines surrénaliennes. Cela stimule encore plus la tachycardie et l’hypertension induites par les catécholamines. Ces processus physiologiques, lorsqu’ils sont combinés, peuvent soumettre le cœur à une tension suffisante pour provoquer des arythmies cardiaques, des spasmes coronariens, voire une mort subite. Par ailleurs, voici les 10 douleurs les plus atroces qu’il est possible de ressentir.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: IFL Science