C’est donc une découverte qui pourrait s’avérer historique dans l’étude des comportements des êtres vivants de notre globe. L’étude, publiée le 30 novembre 2018 dans Science, constitue la première boîte à outils expérimentale pour étudier l’existence de cultures animales, ouvrant ainsi un champ de recherche entier.
La transmission de la culture
La culture n’est donc pas réservée à l’espèce humaine. Par définition, c’est un processus qui se définit par le transfert d’une caractéristique d’une génération à l’autre, par exemple socialement comme dans les sociétés humaines.
Jusqu’alors, ce processus culturel était très largement attribué uniquement à l’Homme. Mais depuis quelque temps, des études sont menées sur des vertébrés, que ce soit des primates, très proches de l’homme, ou bien des oiseaux. Et ce phénomène a été confirmé, du moins à travers quelques variations, chez ces individus. Les scientifiques du monde entier, intrigués, se sont lancés dans des recherches sur d’autres êtres vivants. Ici, ce sont les mouches qui sont à l’honneur.
Et pour la première fois, des chercheurs ont démontré avec des collaborateurs internationaux que tous les mécanismes nécessaires à la transmission culturelle sont présents chez la mouche ! Les drosophiles, communément appelées mouches des fruits, sont connus pour leur capacité à apprendre et à copier les préférences sexuelles de leurs congénères après les avoir observées en train de s’accoupler.
Mais est ce vraiment “culturel” ? Il faut savoir qu’il y a cinq conditions répertoriées pour considérer un comportement comme tel.
1 – Le comportement doit être appris socialement par l’observation de leurs congénères.
2 – Il doit être enseigné par des individus plus âgés.
3 – Il doit être mémorisé sur du long terme.
4 – Il doit impliquer la copie d’une caractéristique d’un individu.
5 – Être conformiste, c’est-à-dire que les individus apprennent le comportement le plus courant dans la population, ils se conforment à la norme.
Une découverte exceptionnelle
Les mouches répondent à ces cinq conditions. On peut donc affirmer par déduction que ce sont bien des transmissions culturelles, ce qui constitue en soit une découverte insoupçonnée et exceptionnelle.
Par la suite, des simulations numériques ont été menées à de surprenants résultats : ils pourraient s’agir de traditions culturelles sur du très long terme, via des chaines de transmissions. Les observateurs d’une étape de la transmission deviennent des acteurs de la transmission suivante. Celui qui était spectateur devient acteur, en d’autres mots.
Les chercheurs ont donc démontré le rôle clé du conformisme dans la promotion de traditions culturelles locales et durables chez les mouches. Ainsi, les chercheurs suggèrent dorénavant que l’hérédité culturelle pourrait affecter l’évolution d’un très grand nombre d’espèces animales, bien au-delà de ce que l’on considère actuellement, se réduisant à quelques vertébrés dont l’Homme…
Par Benjamin Cabiron, le
Source: sciencesetavenir
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