Aller au contenu principal

Il y a 125 ans, ce chercheur américain se sacrifiait pour la science

Une contribution essentielle

Portrait de Jesse William Lazear — © National Library of Medicine

De nombreuses découvertes majeures ont été accompagnées de conséquences tragiques pour les scientifiques en étant à l’origine. Aujourd’hui, on s’intéresse à Jesse William Lazear, médecin américain volontairement infecté par la fièvre jaune.

Une maladie qui inquiète

Initialement apparue dans les forêts tropicales d’Afrique, la fièvre jaune a atteint le Nouveau-Monde au XVIe siècle par le biais de la traite d’êtres humains, et s’est rapidement répandue dans les régions tropicales et subtropicales de l’Amérique du Sud, de l’Amérique centrale et des Caraïbes. Si des épidémies ont été ponctuellement rapportées au cours des siècles suivants, il a fallu attendre la guerre hispano-américaine (1898), et la mort de milliers de soldats de ses suites, pour que la maladie attire l’attention des États-Unis.

Près de deux décennies plus tôt, à l’occasion de la Conférence sanitaire internationale de 1881, le médecin cubain Carlos Finlay avait proposé que la fièvre jaune soit propagée par les moustiques et non transmise directement d’humain à humain. Une hypothèse alors considérée comme fantasque, qui lui avait valu les railleries de ses pairs.

Effrayée par le nombre de décès à Cuba, l’armée américaine réunit des scientifiques renommés (Walter Reed, James Carroll, Jesse W. Lazear et Aristides Agramonte), pour percer les secrets de la maladie. Les premiers travaux de la « Commission de la fièvre jaune » ne permettant pas d’établir qu’elle est causée par la bactérie Bacillus icteroides, le quatuor décide de se pencher sur la théorie de Finlay, qui a pris davantage d’épaisseur avec la découverte récente du rôle du moustique anophèle dans la propagation du paludisme.

Micrographie du virus de la fièvre jaune — © Erskine Palmer / CDC

Lazear, Carroll et un autre cobaye se font volontairement piquer par des moustiques cubains ayant précédemment « visité » des patients atteints de la fièvre jaune. Une expérience assez radicale, à laquelle le premier succombe le 25 septembre 1900.

Des expériences complémentaires

S’il devient de plus en plus évident que les moustiques sont les vecteurs de sa transmission, de nouvelles expériences sont menées pour le confirmer. Dans un premier temps, des volontaires passent la nuit sur des draps souillés par le vomi, le sang, l’urine et les excréments de patients atteints de la fièvre jaune.

Aucun d’entre eux n’étant tombé malade, les chercheurs font dormir d’autres cobayes dans deux pièces distinctes. Les résultats sont édifiants, avec la quasi-totalité des participants exposés aux moustiques s’étant nourris du sang d’individus touchés par la maladie finissant par la contracter.

Grâce à ces contributions essentielles, des stratégies ciblées sont déployées afin de limiter les risques d’infection. Il faut attendre les années 1930 pour que le premier vaccin contre la fièvre jaune voie le jour.

Pour aller plus loin, découvrez ces 10 chercheurs s’étant sacrifiés pour la science.

Par Yann Contegat, le

Source: IFL Science

Étiquettes: ,

Catégories: , ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *