momies de babouins égyptiennes
— Illustration © 2023 by Mike Costelloe (CC BY-NC-ND 4.0)

Une récente étude a permis de retracer précisément l’origine de momies de babouins découvertes dans le sud de l’Égypte en 1905, contribuant à éclairer les routes commerciales de l’époque.

Des origines obscures

Momifiées entre 800 et 540 avant notre ère (correspondant à la période tardive égyptienne), ces dépouilles de babouins hamadryas dépourvues de canines avaient été mises au jour sur le site de Gabbanat el-Qurud, ou « vallée des Singes ». Si l’espèce était considérée comme sacrée par les anciens Égyptiens, jusqu’à présent, la façon dont ces primates originaires de la Corne de l’Afrique et du sud-ouest de la péninsule arabique s’étaient retrouvés là restait obscure.

Dans le cadre de travaux publiés dans la revue eLife, Gisela Kopp, de l’université de Constance, et ses collègues ont réalisé la première analyse d’ADN ancien provenant d’un primate non humain momifié. La comparaison étroite de son génome mitochondrial à ceux des babouins actuels a permis de circonscrire son lieu d’origine à une région bien définie autour de l’Érythrée, où se trouvait le port antique d’Adulis.

Adulis était autrefois un important carrefour commercial ou s’échangeaient produits de luxe et animaux, expliquant potentiellement la présence des primates en Égypte, si ce n’est qu’il soit mentionné dans des textes largement postérieurs à la période au cours de laquelle leurs dépouilles avaient été momifiées.

Parois du tombeau du pharaon Aÿ, ornées de plusieurs représentations de macaques — © kairoinfo4u / Flickr

Adulis = Pount

En passant en revue les études portant sur le port de Pount, depuis lequel l’Égypte avait importé des marchandises jusqu’au premier millénaire avant notre ère mais dont l’emplacement exact restait mystérieux, l’équipe est parvenue à la conclusion qu’il s’agissait de l’ancien nom d’Adulis.

« Les égyptologues s’interrogent depuis longtemps sur le port de Pount, considéré par certains chercheurs comme un point névralgique des premiers réseaux commerciaux maritimes mondiaux », explique Kopp. « Le spécimen que nous avons étudié correspond chronologiquement aux dernières expéditions connues à Pount, et géographiquement à Adulis, un endroit qui, des siècles plus tard, était connu pour le commerce des primates. »

« Ce n’est qu’après avoir replacé nos résultats biologiques dans le contexte de la recherche historique que les pièces du puzzle se sont assemblées », conclut la chercheuse.

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