Découverte exceptionnelle d’un mausolée gallo-romain monumental vieux de 2 000 ans dans le Rhône

Des archéologues français ont mis au jour un mausolée romain remarquablement bien préservé à Saint-Romain-en-Gal, près de Lyon. Ce monument s’inspire du célèbre mausolée d’Auguste à Rome (daté de 27 av. J.-C. à 14 apr. J.-C.), qui abrite le tombeau du premier empereur romain. Cette découverte, qualifiée d’exceptionnelle par les experts, témoigne de l’importance et du prestige de la personnalité aristocratique enterrée sur ce site. Elle offre également un aperçu de la splendeur de la Gaule romaine il y a près de 2 000 ans.

Un monument à la gloire d’une personnalité influente

Construit aux alentours de 50 apr. J.-C., le monument récemment découvert possède un diamètre intérieur de 15 mètres et s’élevait à plus de six mètres de hauteur. Sa structure imposante était visible pour tous ceux qui entraient dans la colonie romaine de Vienne, un centre prospère, notamment par la route du Rhône.

Lire aussi Le “Saint Graal des épaves” revient à la vie : trésor inestimable, guerre juridique et héritage colonial explosif

Le choix de reproduire le mausolée d’Auguste souligne l’importance de la personne inhumée. Selon les archéologues, ce monument rendait hommage à une figure de l’élite aristocratique ayant des liens étroits avec le pouvoir impérial. « Il s’agissait d’une personne dont la présence symbolique perdurait après sa mort », explique Giulia Ciucci, archéologue et directrice scientifique du site-musée de Saint-Romain-en-Gal. « La ressemblance avec le tombeau de l’empereur suggère un individu d’une grande influence politique. »

En France, seuls 18 mausolées de type tumulus ont été répertoriés à ce jour. Cependant, aucun autre monument circulaire surélevé n’a été conservé dans un état aussi remarquable. Cette découverte rare établit un lien précieux entre la Gaule provinciale et la grandeur de la capitale impériale.

Un mausolée datant du premier siècle de notre ère a été mis au jour au cœur de la cité gallo-romaine de Vienne, dans le Rhône
👉https://t.co/Bxb0GkChcb pic.twitter.com/Zq40NhVEe8

— France 3 Rhône-Alpes (@F3Rhone_Alpes) August 22, 2025

Une découverte partagée avec le public

Cette trouvaille est d’autant plus marquante qu’elle s’est déroulée sous les yeux des visiteurs, des étudiants et des habitants tout au long des fouilles estivales.

Lire aussi Découverte du seul fossile connu de bébé ankylosaure, vieux de 115 millions d’années

« Nous avons tous rêvé d’être présents au moment de la découverte », a déclaré Martine Publié, vice-présidente du département du Rhône en charge de la culture et du tourisme. « Ces fouilles resteront gravées dans la mémoire des étudiants en archéologie comme des visiteurs qui ont vu l’Histoire reprendre vie. »

Pour Émilie Alonso, directrice du musée départemental, cette découverte renforce la vocation de Saint-Romain-en-Gal en tant que « musée in situ », où l’histoire se dévoile là où elle s’est déroulée. Les fouilles se poursuivront jusqu’en 2026-2027 en collaboration avec les universités d’Aix-Marseille, de Franche-Comté et le CNRS, dans l’espoir d’identifier un jour l’occupant du mausolée.

Les traces d’un quotidien

Outre le mausolée, les archéologues ont également retrouvé les vestiges de trois boutiques antiques datant des Ier et IIe siècles apr. J.-C., situées près des thermes nord du site. Ces échoppes appartenaient à un complexe commercial repéré dans les années 1980, comprenant au moins huit unités.

Lire aussi Pas seuls : des ossements révèlent que les ancêtres de Lucy cohabitaient avec un autre hominidé

Bien qu’un incendie ait détruit les boutiques, ce même feu a paradoxalement préservé les structures en bois et les outils artisanaux. Les recherches ont révélé que deux ateliers étaient occupés par des foulons, des artisans spécialisés dans le nettoyage et le renforcement des tissus en laine, notamment les toges blanches portées par les citoyens romains. Une troisième boutique abritait un four, probablement utilisé pour la verrerie ou la cuisine.

« La qualité et la diversité de ces vestiges nous permettent de mieux comprendre le commerce local », explique Benjamin Clément, professeur d’archéologie romaine à l’université de Franche-Comté. « Si nous connaissons bien le commerce à grande échelle de l’époque, il est rare de trouver des preuves aussi bien conservées des activités économiques locales. »

Pris ensemble, le mausolée monumental et les modestes boutiques artisanales révèlent deux facettes complémentaires de la société romaine. D’un côté, la mise en scène de la puissance et du statut à travers l’architecture funéraire ; de l’autre, la réalité du travail quotidien qui soutenait l’économie et la vie locale. Pour aller plus loin, partez à la découverte des plus beaux vestiges gallo-romains de France.

Lire aussi Des crânes d’enfants vieux de 2 millions d’années éclairent la croissance des humains préhistoriques