C’est le réseau social qui monte : Mastodon, réseau de microblogging actif depuis quelques années, a vu son nombre d’utilisateurs croitre en quelques jours. Présenté comme une alternative à Twitter, après le rachat du réseau social par Elon Musk, Mastodon n’est pas, contrairement aux apparences, une copie conforme de l’oiseau bleu. Explications.
Qu’est-ce que Mastodon ?
Après le rachat par Elon Musk du réseau social Twitter, de nombreux internautes se sont inquiétés de ce qu’allait devenir la plateforme à l’oiseau bleu. En effet, Elon Musk, libertaire revendiqué, s’oppose à toute forme de censure et défend une liberté d’expression totale. Idéalement pour lui, il souhaiterait supprimer toute modération sur le réseau, pouvant laisser ainsi la place à des contenus haineux ou violents, d’extrême droite, racistes, antisémites, misogynes, LGBT-phobes, complotistes, remettant en cause la parole des scientifiques. D’ailleurs, le milliardaire n’a jamais fait mystère de sa volonté de réintégrer l’ancien président américain Donald Trump, banni du réseau social après l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021. Un retour qui pourrait finalement s’avérer plus compliqué que prévu.
De plus, l’arrivée d’Elon Musk à la tête de Twitter ne s’est pas faite sans violence, le patron de Tesla ayant renvoyé des milliers d’employés du réseau social, avant d’en rappeler certains. Récemment, le milliardaire a même affirmé que le réseau social n’était pas loin de la faillite. À cause de tout cela, de nombreux utilisateurs ont décidé de quitter Twitter pour migrer vers Mastodon. Depuis le 27 octobre, plus de 487 000 nouveaux utilisateurs auraient rejoint le réseau social à l’éléphant, d’après Eugen Rochko, développeur allemand de 29 ans, créateur de Mastodon.
Créée en 2016, cette plateforme de micro-blogging permet à ses utilisateurs de poster des messages jusqu’à 500 signes, appelés « pouets » (« toots » en anglais), contre 280 pour Twitter. Contrairement au réseau social à l’oiseau bleu, le code source est en accès libre, ce qui veut dire que n’importe qui peut y accéder et même le modifier. L’organisation est également décentralisée : le réseau social fonctionne selon différents serveurs (ou instances), administrés chacun par une personne ou un groupe différent. Sur Twitter, tous les utilisateurs passent par le serveur de l’entreprise.
Comment fonctionne Mastodon ?
Malheureusement pour les naufragés de Twitter en quête d’un réseau social plus sûr et surtout tout aussi facile d’utilisation, la prise en main de ce réseau social est loin d’être instinctive. Concrètement, pour s’inscrire, il faut choisir parmi les 3 300 serveurs disponibles (en fonction de vos critères géographiques, de vos centres d’intérêt…).
Une fois votre compte créé avec un nom d’utilisateur se présentant sous la forme d’une adresse mail avec, à la fin, le nom du serveur choisi (@h4.io, par exemple), et un mot de passe, vous pouvez avoir accès au fil d’actualité. Comme le rappelle le réseau social au début de l’inscription, peu importe le serveur choisi au début, vous pouvez toujours avoir accès à l’ensemble des contenus de Mastodon. En effet, votre fil d’actualité (qui se présente, de prime abord, sous la même forme que celui de Twitter), propose les contenus de votre fil d’actualité, ainsi que celui des autres utilisateurs de Mastodon (sur ordinateur).
Il est possible de partager les publications, de les mettre en favori, explorer les sujets « chauds » du moment grâce au fil « Explorer », puis l’onglet « Hashtag », un peu à la manière des « top tweets » de Twitter. On peut également, bien évidemment, envoyer des messages privés et faire des publications publiques.
Une alternative totalement fiable à Twitter ?
Malgré l’engouement de nombreux utilisateurs pour le réseau social à l’éléphant, cette plateforme est-elle simplement une version améliorée et plus « éthique » de Twitter ? La réponse est évidemment plus complexe. Tout d’abord, comme dit plus haut, les règles de modération ne dépendent pas d’une seule entreprise mais de chacun des régisseurs de serveur. Ainsi, certains peuvent avoir une politique de modération très stricte, et d’autres ne rien censurer (avec les même risques que Twitter). De même, chaque administrateur de serveur peut, en théorie, avoir accès aux messages privés échangés dans son serveur, le code source étant en accès libre et modifiable. « Gardez à l’esprit que les administrateurs des serveurs peuvent avoir accès à ces messages (privés, ndlr), et qu’ils peuvent en faire des copies ou les partager. Ne partagez jamais d’informations sensibles sur Mastodon », rappellent les règles de confidentialité de Mastodon (en anglais).
De même que vos messages privés, les administrateurs peuvent également avoir accès à votre mot de passe. Il est donc nécessaire d’avoir confiance en eux, et d’avoir un mot de passe unique, que vous n’utilisez pas pour d’autres sites sensibles, pour des raisons de cybersécurité. L’algorithme, moins au point que celui de Twitter, laisse apparaître les messages sans distinction de langue, ni hiérarchisation. Une belle promesse d’égalité, permettant à tous les utilisateurs d’être visibles, mais dont l’utilisation peut s’avérer complexe. Avez-vous envie d’utiliser Mastodon ?
Par Marine Guichard, le
Source: Le Monde
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