Le massacre de Dunblane, en Écosse, a eu lieu il y a 26 ans, en 1996. Seize enfants, âgés de 5 et 6 ans, et leur maîtresse ont été tués dans une école primaire par un déséquilibré. Il s’agit de la fusillade la plus meurtrière de l’histoire britannique mais cette tragédie a poussé le Royaume-Uni à adopter une législation parmi les plus strictes au monde sur les armes.
Le déroulement du massacre de Dunblane
C’est le 13 mars 1996 que le massacre de Dunblane a eu lieu. Ce tragique évènement s’est déroulé dans une école primaire en Écosse. A 9h30, un déséquilibré fait irruption dans le gymnase du bâtiment. Il a quatre armes en sa possession. L’homme ouvre le feu sur les enfants pendant trois longues interminables minutes.
Les secours découvriront les corps sans vie de 16 personnes : une institutrice, Gwen Mayor, et 15 enfants, âgés de 5 et 6 ans. Les survivants sont blessés plus ou moins grièvement. Les enfants ne parlent pas et ne pleurent même pas. Ils ne comprennent pas ce qui vient de se passer. Une petite fille décèdera pendant son transfert à l’hôpital. Un seul enfant s’en sortira indemne, protégé par le corps d’un camarade. Le pays est en deuil. Le corps du tueur a également été retrouvé puisque ce dernier s’est suicidé avec l’une de ses armes. Les policiers ont pu découvrir l’identité du tueur : il s’agissait de Thomas Watt Hamilton, un ancien chef scout âgé de 43 ans.
De nombreux parents avaient déjà signalé le comportement malsain et pervers de l’homme envers de jeunes garçons. Mais Thomas Watt Hamilton n’a jamais été arrêté pour comportement indécent faute de preuve. Personne ne sait vraiment pourquoi il a agi ainsi. En tout cas, il avait en sa possession quatre armes qu’il a pu obtenir en toute légalité. C’est cette tragédie qui a poussé le Royaume-Uni à adopter des lois strictes sur les armes.
Petite anecdote : Andy Murray, alors âgé de 8 ans, était élève dans cette école. Il était présent le jour de la fusillade. L’ancien numéro un mondial du tennis a réussi à s’en sortir indemne car il ne se trouvait pas dans le gymnase et a pu se cacher. Sur la photo ci-dessus, on peut voir les enfants de l’école primaire de Dunblane réunis dans le gymnase quelques mois avant la tragédie.
Une législation parmi les plus strictes au monde
Cette tragédie a été la fusillade la plus meurtrière de l’histoire du Royaume-Uni. Après ce drame, de nombreuses personnes en Grande-Bretagne ont compris que le véritable problème a été la facilité avec laquelle le tueur a obtenu des armes. À l’époque, la législation britannique permettait d’en posséder légalement.
Les proches des victimes, avec le soutien de la population, se sont mobilisés pour interdire les armes. En seulement quelques mois, 700 000 personnes ont signé la pétition lancée par les familles pour un contrôle plus strict des armes. « Cela a déclenché toute une réflexion sur ce qui devait être entrepris pour protéger la société contre les armes à feu », affirme Peter Squires, professeur de criminologie à l’université de Brighton. Le Gun Control Network a également été fondé par les familles des victimes en juillet 1996 pour un meilleur contrôle des armes.
Suite à la mobilisation des parents des victimes et malgré les protestations du lobby des armes, le gouvernement a rapidement agi. John Major, le Premier ministre britannique à l’époque, a adopté une législation sur les armes parmi les plus strictes au monde dès 1997. Le gouvernement a voté l’interdiction de la possession privée d’armes. Par la suite, des milliers d’armes à feu ont été rendues par la population. La législation britannique sur les armes s’est par la suite durcie au fil des années.
Aujourd’hui, acquérir une arme au Royaume-Uni relève bien souvent du parcours du combattant. Les demandeurs doivent obligatoirement obtenir une licence. Pour cela, ils doivent remplir un questionnaire qui sera longuement examiné par la police. Si les raisons d’un demandeur d’arme sont valables, la deuxième étape consiste à passer devant des experts qui évalueront son état mental, son rapport à la violence, l’alcool, la drogue… Son casier judiciaire est également examiné. Par ailleurs, un lieu sûr est obligatoire pour cacher les armes. Une arme obtenue de manière illégale est sévèrement punie.
Depuis le massacre de Dunblane et ces mesures, peu de décès causés par des armes à feu ont été enregistrés au Royaume-Uni. En 2010, une fusillade a eu lieu à Cumbria. Cet évènement a fait 12 morts et 11 blessés. Une fusillade a également éclaté en 2021 à Plymouth. Six personnes ont été tuées dont un enfant. Mais les fusillades et massacres au Royaume-Uni restent très rares en comparaison avec les États-Unis où la situation est plus que catastrophique.
Une situation alarmante aux États-Unis
Aux États-Unis, on ne compte plus le nombre de massacres causés par les armes à feu, notamment dans les écoles. En 2018, une fusillade a eu lieu dans un lycée en Floride. Une tragédie qui a fait 17 morts, dont 14 adolescents et 3 adultes. Les survivants du massacre de Dunblane ont fait preuve de solidarité envers ceux du massacre en Floride en leur rédigeant une lettre.
La situation concernant les armes à feu aux États-Unis est plus qu’alarmante. Les armes sont devenues la première cause de décès chez les jeunes aux États-Unis. Les tueries, comme celle qui a eu lieu au Texas dans une école primaire le 24 mai dernier, sont en hausse dans ce pays.
4 368 enfants et adolescents sont décédés de blessures causées par une arme à feu en 2020 aux États-Unis. Cela représente 332 décès de plus que ceux liés aux accidents de la route. Les armes à feu ont causé 47 286 décès en 2021. Malgré ce triste constat et ces chiffres alarmants, la loi sur les armes ne change pas. La plupart des auteurs des massacres ont pu se procurer leurs armes de manière légale. Et bien que des manifestations, des commémorations et des demandes de lois plus strictes interviennent juste après, aucun changement n’est réalisé. Et les massacres continuent de se multiplier.
Si le massacre de Dunblane a poussé le Royaume-Uni à adopter des lois strictes sur les armes, la situation est plus compliquée aux États-Unis. Le très puissant lobby de la National Rifle Association finance les campagnes des républicains pro-armes qui se retrouvent au Congrès, ce qui paralyse les réformes. Posséder une arme à feu pour se protéger est d’ailleurs un droit constitutionnel aux États-Unis. C’est ce deuxième amendement qui est toujours invoqué par les pro-armes.
De plus, les armes font depuis toujours partie de la culture du pays. C’est pourquoi il est si difficile de faire changer les lois sur les armes aux États-Unis. Et vous, que pensez-vous de la réaction du Royaume-Uni après le massacre de Dunblane ?
Pour aller plus loin, voici 10 faits terrifiants qui montrent à quel point les armes à feu sont un fléau aux États-Unis.