Dans une quête incessante de partenaires, les quolls du nord mâles parcourent de longues distances et se privent de sommeil durant la saison de reproduction. De nouvelles recherches suggèrent que cette libido débridée serait à l’origine d’un nombre annuel de décès élevé, menaçant la pérennité de cette espèce australienne déjà déclinante.
La frénésie sexuelle des quolls du nord
Publiés dans la revue Royal Society Open Science, ces travaux menés par des chercheurs de l’université de la Sunshine Coast ont impliqué l’utilisation d’accéléromètres placés dans des sacs à dos miniatures afin de suivre une cohorte de ces marsupiaux carnassiers menacés durant les sept semaines de leur saison de reproduction à Groote Eylandt, au large de la côté nord australienne.
L’analyse des données collectées a révélé que les quolls du nord mâles ne se reposaient qu’environ 8 % du temps, contre 24 % en moyenne pour les femelles. Les chercheurs ont également constaté que certains des mâles parcouraient de longues distances à la recherche de partenaires (plus de 9 kilomètres en une nuit, correspondant à près de 40 kilomètres à l’échelle humaine, sur la base de la longueur moyenne des foulées).
« Ils parcourent de grandes distances pour s’accoupler aussi souvent que possible et il semble que leur motivation soit si forte qu’ils renoncent à dormir pour consacrer davantage de temps à la recherche de femelles », résume Christofer Clemente, auteur principal de la nouvelle étude.
Au cours de leurs déplacements, les quolls mâles semblaient également attirer davantage de parasites, ce qui serait probablement lié au temps nettement moindre consacré à la toilette. Constituant des proies faciles en raison de leur négligence et de leur inattention, ceux-ci étaient plus susceptibles d’être percutés par des véhicules ou de mourir d’épuisement.
Un nombre élevé de décès enregistrés pendant et après la saison de reproduction
Selon les chercheurs, ces résultats suggèrent que la privation de sommeil et les symptômes associés pendant une durée prolongée empêchent la récupération, ce qui expliquerait le nombre élevé de décès enregistrés chez les quolls mâles durant et après la saison de reproduction.
« À l’issue de celle-ci, ces quolls ont tout simplement une apparence terrible », explique Jushua Gaschk, co-auteur de l’étude. « Ils commencent à perdre leur fourrure, à ne plus pouvoir se toiletter efficacement, à perdre du poids et également à se battre constamment entre eux. »
Si davantage de recherches s’avéreront nécessaires pour déterminer précisément les effets du manque de sommeil sur la physiologie et les comportements des quolls mâles, ainsi que des populations plus larges de marsupiaux d’Australie et de Papouasie-Nouvelle-Guinée, le fait qu’ils semblent renoncer au sommeil au détriment de leur survie en fait une excellente espèce modèle.
Par Yann Contegat, le
Source: Earth
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