manuscrit humour
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Des chercheurs de l’université de Cambridge ont identifié plusieurs textes humoristiques dans un manuscrit médiéval. Encourageant notamment les gens à s’enivrer, ceux-ci n’épargnent personne, avec des piques adressées aussi bien aux rois qu’aux prêtres et aux paysans.

Stand-up médiéval

Satyrique et grinçant, l’humour britannique aborde les aspects les plus absurdes de notre existence et n’hésite pas à s’attaquer aux sujets sociaux les plus sensibles. Dans le cadre de travaux publiés dans la Review of English Studies, James Wade et ses collègues de l’université de Cambridge ont pu retracer ses origines jusqu’au Moyen Âge, sur la base d’un manuscrit datant du XVe siècle.

Intégrant des éléments typiques du slapstick, genre d’humour impliquant une part de violence physique volontairement exagérée popularisé par la série Mr Bean, les passages concernés éclairent également la vie des ménestrels, musiciens et comédiens itinérants qui divertissaient les foules médiévales.

L’équipe est tombée par hasard sur l’ouvrage alors qu’elle effectuait des recherches à la bibliothèque nationale d’Écosse. Wade a expliqué avoir été frappé par la phrase « Par moi, Richard Heege, parce que j’étais à ce festin et que je n’ai pas bu ». Cette mention inhabituelle pour un scribe de l’époque l’a poussé a étudier le premier des neuf livrets du manuscrit, comprenant trois textes provenant d’un probable aide-mémoire d’un ménestrel qui se produisait dans l’est de l’Angleterre.

Outre une romance burlesque et rimée intitulée « La chasse au lièvre », les chercheurs décrivent également un faux sermon en prose s’attaquant à l’aristocratie, et un texte nommé « La bataille de Brackonwet », comportant plusieurs allitérations. « Le stand-up a toujours impliqué une certaine prise de risque et ces textes étaient définitivement audacieux », souligne Wade.

Interactions avec le public et plaisanteries potaches

Selon les auteurs de la nouvelle étude, chacun des textes était destiné à être déclamé en public. Dans ceux-ci, le narrateur interagit activement avec l’audience, l’invitant à être attentive et lui demandant même un verre. L’équipe note également la présence de plusieurs plaisanteries potaches, qui auraient facilement trouvé un écho auprès des spectateurs.

Le ménestrel a probablement consigné par écrit une partie de son numéro en raison de la complexité de ses nombreuses séquences absurdes. « En l’absence d’éléments répétitifs ou de structure narrative cohérente, il lui aurait été difficile de se fier uniquement à sa mémoire », estime Wade.

S’il n’est pas impossible que certains textes rédigés par les ménestrels aient survécu, l’équipe invite les scientifiques à se concentrer sur leurs retranscriptions dans des manuscrits médiévaux.

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