Issu d’un long papyrus médical rédigé il y a 3 500 ans et abordant des thématiques beaucoup plus vastes, le texte étudié par l’égyptologue Sofie Schiødt, de l’université de Copenhague, est considéré comme le plus ancien manuel d’embaumement connu.
Un rite mortuaire complexe
Rendues célèbres par le cinéma fantastique, les momies égyptiennes fascinent la communauté scientifique depuis des décennies. Mais en dépit des nombreuses découvertes archéologiques réalisées depuis le 19e siècle, notre compréhension du processus de momification, ayant permis à ces corps enveloppés de bandelettes de traverser les millénaires, reste encore incomplète.
Ses bases sont cependant bien connues. Au cours de ce processus à la fois pratique et rituel, des prêtres installaient un atelier temporaire près du lieu d’inhumation. Le corps était purifié et ses organes internes prélevés (le cerveau étant extrait du crâne par le nez à l’aide d’un crochet) et conservés dans des bocaux spéciaux, appelés vases canopes, qui étaient ensuite placés à proximité du défunt.
Puis, sur une période 70 jours, le corps était rempli d’épices et embaumé. Les 35 premiers jours, la dépouille était plongée dans un bain de natron (mélange naturel de sels de sodium) afin de supprimer l’humidité résiduelle. Au cours des 35 jours suivants, le défunt était enveloppé de bandages de lin recouvert de gomme, empêchant l’humidité de pénétrer et constituant une protection antimicrobienne. À l’issue de deux jours de rites funéraires, le corps était finalement rendu à la famille pour être inhumé.
Toutefois, de nombreux détails du processus échappaient encore aux historiens. À l’instar de nombreuses professions antiques, les connaissances étaient principalement transmises oralement, et en tant qu’entreprise sacrée, les secrets de la momification étaient farouchement gardés par les prêtres. Jusqu’à récemment, il existait deux manuels connus sur ce rite funéraire, mais ces documents permettaient surtout de s’assurer que les différentes manipulations étaient correctement exécutées.
Des détails supplémentaires
La récente analyse menée par les chercheurs de l’université de Copenhague est basée sur un troisième « manuel » de momification. Rédigé vers 1450 avant J.-C. sous le règne du pharaon Thoutmôsis III (soit environ mille ans avant les deux recueils précédemment découverts), celui-ci inclut beaucoup plus de détails sur le processus, notamment des recettes et la façon d’utiliser différents types de bandages, et évoque également de façon détaillée la pratique consistant à placer un morceau de lin rouge sur le visage du défunt.
« Nous avons une liste d’ingrédients pour une préparation composée en grande partie de substances aromatiques et de liants à base de plantes qui étaient cuits dans un liquide, avec lequel les embaumeurs enduisaient un morceau de lin rouge », détaille Schiødt. « Celui-ci était appliqué sur le visage du défunt afin de l’enfermer dans une sorte de cocon protecteur de matières odorantes et antibactériennes. Ce traitement était ensuite répété à quatre jours d’intervalle. »
Faisant partie du papyrus Louvre E 32847, considéré comme le second plus long papyrus médical jamais découvert et traitant principalement de la phytothérapie et des maladies cutanées, cette section fournit également des détails sur certains des rituels impliqués au cours de la momification, avec notamment 17 processions effectuées durant le processus d’embaumement.
Traduit et commenté par Thierry Bardinet dans l’ouvrage Médecins et magiciens à la cour du pharaon en 2018, le manuscrit profitera d’une édition définitive en 2022, issue de la collaboration entre le musée du Louvre et la Collection Carlsberg, qui possèdent les deux parties du document.
Par Yann Contegat, le
Source: New Atlas
Étiquettes: egypte, momie, manuel, papyrus louvre-carlsberg, momification
Catégories: Actualités, Histoire
Votre article est au mieux tendancieux au pire faux. Vous parlez ici du papyrus médical Louvre E 32847, intégralement publié et traduit par Thierry Bardinet pour le compte du Musée du Louvre et des éditions Khéops en 2018 sous le titre « Médecins et magiciens à la cour du pharaon ». Th. BARDINET avait publié auparavant plusieurs articles à propos de certaines parties de ce papyrus, dont celle-ci en 2012, dans des revues scientifiques spécialisées. Le papyrus Louvre E 32847 n’est en aucun cas un manuel de momification, mais l’essentiel concerne les tumeurs envoyées par le dieu Khonsou. Seule une petite partie concerne les instructions pour l’embaumement des grands personnages de la cour royale (environ 3 pages du verso, chap. IV de la publication de Th. Bardinet, p. 210-226 de son commentaire qui en comporte 281 !).
La fondation Carlsberg de Copenhague possède 20% du document, et non la moitié. En février a été soutenue à l’université de Copenhague une thèse portant sur ces documents, thèse facilitée, bien sûr, par la connaissance qu’avait la doctorante de la publication préalable de Th. Bardinet.
Ce « manuel de momification» faisant partie du papyrus du Louvre, n’est nullement passé inaperçu jusqu’à ce que la chercheuse danoise s’en occupe : comme indiqué ci-dessus le texte a été traduit et commenté par Th. BARDINET bien avant. Vous feriez bien de publier un démenti et dorénavant de contrôler les informations que vous publiez.
Il y en a qui suivent.
Ce papyrus médical Louvre E32847 n’est pas inédit ! En effet, il a fait l’objet de deux publications : en 2012, lors de son acquisition par le musée du Louvre (grâce au mécénat de la Fondation Ipsen), puis en 2018, dans une étude de Thierry Bardinet « Médecins et magiciens à la cour de pharaon » (coédition Louvre/éditions Khéops) proposant une transcription hiéroglyphique, une traduction et un commentaire. La nouvelle étude de la jeune Melle Schiodt a largement bénéficié de cette publication.