Excel Saga est de ces oeuvres qui laissent, dans un premier temps, le spectateur dubitatif : entre des scènes normales mettant en avant la logique des personnages ainsi que leur humanité et des moments totalement ahurissants, le manga s’est imposé comme un classique depuis sa création en 1996.

Excel, c’est le surnom du personnage principal. De son vrai nom Hanako Dosukoi, elle termine ses études et parvient à trouver un travail dans une organisation secrète nommée Across. Cette dernière a pour unique but de conquérir le monde pour le mettre au service du seul autre membre de l’organisation, son directeur Il Palazzo. Excel, tombée follement amoureuse de ce dictateur en herbe, va faire tout son possible pour réussir ses missions, en vain. Dès le premier épisode elle cause accidentellement la mort d’un ouvrier colombien sur un chantier de construction. Cet homme s’appelle Pedro et son personnage sera développé tout au long de la série en parallèle de l’histoire d’Excel. Devant le manque d’efficacité de la jeune femme, Il Palazzo décide de lui attribuer une coéquipière du nom de Hayatt. Princesse venue de Mars, elle est atteinte d’anémie et meurt fréquemment au cours des épisodes.

D’autres personnages, tous plus farfelus les uns que les autres, apparaissent dans la série : Menchi, une chienne censée servir de ration d’urgence à Excel, un homme afro du nom de Nabeshin qui apparaît sans aucun motif et de façon impromptue ou encore Watanabe, le voisin d’Excel, un chômeur amoureux de Hayatt. Ce dernier est entouré de ses amis, Iwata et Sumiyoshi. Tous les trois vont rencontrer Kabapu, un homme qui s’est donné pour but de protéger la ville en combattant Across. Ses actions étant tout autant désorganisées que celles d’Excel, les deux clans ne se rencontreront jamais.

En 1999, Excel Saga est adapté de l’oeuvre littéraire du même nom créée par Koshi Rikudo en 1996. Seuls les noms et quelques éléments du manga ont été réutilisés pour servir de base à l’anime : l’auteur a donné carte blanche aux créateurs de l’oeuvre télévisuelle pour adapter ses histoires et personnages comme ils l’entendaient. A ce titre, beaucoup décrivent Excel Saga comme de l’animation expérimentale : la série joue sur l’absurde, le grotesque, la parodie et ses créateurs interviennent durant l’histoire. Chaque début d’épisode est marqué par le déroulement d’une feuille de papier exposant une déclaration de l’auteur : « Moi, Koshi Rikdo m’engage par la présente à accorder une liberté totale à l’équipe responsable de l’adaptation animée de la série Excel Saga que j’ai créée, et à n’introduire ni plainte ni réclamation auprès de quiconque, quel que soit le produit final. »

Il ne s’agit pas de la seule intervention de l’auteur et on s’aperçoit vite qu’il utilise l’anime comme une tribune pour faire connaître sa vision du monde, de sa société et de son métier. Dans le premier épisode, Il Palazzo ordonne à Excel d’assassiner le dessinateur qu’il considère comme une tare pour la société. En attendant sa mort, Koshi Rikudo confie ses inquiétudes et le fond de sa pensée à propos de la vision que certains ont du métier de mangaka.

C’est en toute liberté que les créateurs de la série animée ont pu développer une oeuvre sur des bases solides, celles de la version manga. Chacun des épisodes aura permis à cette équipe de détourner les codes du grand et du petit écran en s’attaquant à la science-fiction, à la fantaisie ou encore au film policier. Des rangers, des extraterrestres aussi dangereux que mignons, l’espace, des mercenaires et des robots se croisent avec humour et dérision au fil des épisodes. La série comprend aussi de nombreuses références au cinéma américain et asiatique : on retrouve le vaisseau spatial de Albator, des batailles à la Star Wars et des monstres de Aliens tout au long de l’histoire.

Tombant dans l’absurde, il arrive que les fins d’épisodes soient raccourcies apportant toujours plus d’incertitude au spectateur quant au sens du scénario : dans « L’agneau sacrificiel de la grande évasion venimeuse de l’enfer », le troisième épisode sur le thème de la science-fiction, Excel cherche son chemin dans une forêt vierge. La fin de l’épisode approchant, elle décide de rentrer chez elle et découvre que sa maison est juste à côté. Les scénaristes de la série ne s’en cachent pas, ce raccourci représente pour eux une manière efficace et simple de clore l’épisode pour passer au suivant. Le 4e épisode, sur le thème des films d’action de série B, se nomme « Eau de rose », et n’a aucun rapport avec le précédent.

Excel Saga est définitivement une série à voir et à revoir tant pour la découvrir que pour la comprendre. Entre l’absurdité des scénarios, les références et les personnages, tout est fait pour intriguer le spectateur qui, s’il s’aventure à regarder le premier épisode, ne décrochera pas de la série avant la fin. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans Excel Saga ?

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