Après avoir retiré la transidentité de sa liste des maladies mentales ce lundi 5 décembre, le gouvernement maltais a promulgué récemment une loi visant à interdire les thérapies anti-homosexualité. Les cures de conversion qui consistent à changer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne, sont désormais considérées comme des infractions pénales. Les personnes prescrivant ces thérapies s’exposent à une peine de prison ainsi qu’à une amende de 5000 euros; pour les médecins dont la responsabilité est plus importante, la peine est plus sévère puisqu’ils risquent une amende de 10 000 euros et 1 an de prison.
« Trompeuse et nocive », ce sont les mots du gouvernement maltais pour qualifier la valorisation des thérapies de conversion. Le parlement maltais a adopté à l’unanimité la loi contre les thérapies de conversion, un progrès majeur placé sous le signe de la tolérance et du respect de la dignité humaine. Si les Nations Unies ont officiellement reconnu ces thérapies comme des pratiques assimilables à de la torture (chocs électriques, stérilisation forcée), leur pénalisation représente une avancée intellectuelle et sociale très importante. L’homosexualité n’a pas à être guérie, chacun doit être libre de pouvoir embrasser l’identité de genre ou l’orientation sexuelle de son choix.
La déviance s’analyse toujours par rapport aux normes et valeurs en vigueur dans la société, elle relève d’un procédé de qualification relatif. L’hétérosexualité incarne la norme dominante en matière d’orientation sexuelle ce qui peut conduire les institutions et certains groupes sociaux à marginaliser ceux qui la transgressent. Mais en réalité personne n’est jamais déviant en soi, selon le sociologue américain Howard Becker, c’est l’application de l’étiquette stigmatisante qui fait advenir de la déviance.
70 états criminalisent encore l’homosexualité; elle reste également passible de mort dans 8 pays. Il est donc essentiel de faire évoluer les normes et de bannir les stigmates pour légitimer l’homosexualité et permettre aux couples de même sexe de jouir des mêmes droits que les autres.
Malte s’est lancé dans cette quête pour l’égalité en 2013 avec l’élection du parti travailliste qui a permis une avancée fulgurante dans la défense des droits de la communauté LGBT. La ministre maltaise des libertés civiles Helena Dalli explique que le parti travailliste qui a succédé au parti conservateur a pour volonté de faire progresser les moeurs.
Malte a toujours été en avance dans la défense des droits LGBT. Le gouvernement maltais a dépénalisé l’homosexualité en 1973, soit presque 10 ans avant la France qui ne l’a légalisée qu’en 1982. Ces mesures progressistes sonnent pourtant comme un paradoxe quand on sait que le divorce n’est autorisé que depuis 5 ans à Malte et que l’IVG est proscrit même si l’enfant est issu d’un viol ou que les médecins détectent que l’enfant ne naîtra pas vivant et viable.
La question de l’IVG est comme, l’homosexualité, au centre des débats des sociétés modernes. Si le Texas vient de légaliser l’obligation de faire des funérailles aux foetus avortés, le Sénat français a adopté le délit d’entrave numérique à l’IVG. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir en matière de droits, mais le tournant pris par le gouvernement maltais laisse espérer de nombreux progrès à venir. La ministre Helena Dalli affirme d’ailleurs vouloir servir d’exemple à l’Union européenne.
Par Antoine - Daily Geek Show, le
Source: LCI
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