C’était dans l’ère du temps depuis quelques années, c’est désormais officiel : les pesticides tueurs d’abeilles seront interdits dès 2018. L’Assemblée nationale a en effet adopté la loi pour « la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages », incluant un article sur l’interdiction des néonicotinoïdes, ces pesticides tueurs d’abeilles. Une décision qui ne fait toutefois pas l’unanimité auprès des organisations pro-environnementales.
Après plus de deux ans d’un combat législatif acharné, la décision s’est finalement avérée positive. Malgré l’avis du Sénat, souhaitant une diminution progressive des pesticides, mais sans fixer de date limite, les négociations ont abouti à une interdiction totale des néonicotinoïdes à partir de 2018 avec des dérogations possibles jusqu’en 2020. La prohibition de ces substances « tueuses d’abeilles » a été unanimement appuyée par la gauche et refusée par la droite.
Entre la loi Travail et l’état d’urgence, ce projet de loi proposé en 2012 par François Hollande a connu de nombreux émoluments et notamment quatre lectures et de nombreuses navettes entre l’Assemblée nationale et le Sénat. Outre la législation sur les néonicotinoïdes, la création d’une Agence française de la biodiversité (AFB) est un des objectifs phares de cette loi.
Le but étant « la non régression de la progression de l’environnement » ainsi que « l’absence de perte nette de biodiversité ». L’interdiction de ces molécules à partir du 1er septembre 2018 sera donc effective pour l’ensemble des cultures agricoles, que cela soit pour les pulvérisations ou le traitement des sols.
Cependant, plusieurs dérogations permettront de repousser la date jusqu’au 1er juillet 2020, lorsqu’il n’existe pas d’alternatives. Comme l’explique Barbara Pompili, la secrétaire d’Etat à la biodiversité : « Il faut accompagner les agriculteurs dans cette transition, qui peut être plus ou moins simple. Mais l’interdiction est un signal fort et clair : on laisse jusqu’à quatre ans au monde agricole pour changer de pratique. » Rappelons que 30 % des ruches françaises disparaissent chaque année, soit 300 000 ruches. Comme le prouvent de nombreuses études, la disparition des abeilles serait une véritable catastrophe pour la biodiversité et l’agriculture.
Selon Greenpeace, la situation actuelle est déplorable et la loi étant initialement prévue pour 2017, il ne faut plus attendre avant d’agir. En attendant son application, certains acteurs prennent heureusement de l’avance. L’enseigne Monoprix a par exemple annoncé un partenariat avec le label Bee Friendly dans le but d’orienter ses fournisseurs vers la fabrication de produits respectueux des pollinisateurs.
Cette loi représente donc une grande avancée pour la biodiversité et une lueur d’espoir dans la survie des pollinisateurs, même s’il serait préférable qu’elle soit appliquée dans l’immédiat. N’hésitez pas à découvrir également ce nouveau type de ruche qui permet la survie des abeilles en milieu urbain, un projet encourageant mené par de jeunes Français.