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L’obsession pour la conscience des IA est une impasse philosophique, affirme ce poids lourd de Microsoft

Et si la vraie question n’était pas « Quand l’IA sera-t-elle consciente ? » mais « Pourquoi cherchons-nous à la croire consciente ? »

Un homme regarde en face une entité numérique féminine symbolisant l’intelligence artificielle, avec des visualisations du cerveau humain et des réseaux de données.
Face-à-face entre un cerveau humain en pleine activité et une intelligence artificielle représentée sous forme numérique.

En 2022, un ancien ingénieur de Google affirmait que LaMDA, un modèle de langage, était devenu conscient. Cette annonce, largement décriée par la communauté scientifique, a pourtant relancé un vieux fantasme : celui d’une intelligence artificielle capable de ressentir, d’éprouver, de penser comme un humain. Trois ans plus tard, le patron de l’IA chez Microsoft, Mustafa Suleyman, remet les pendules à l’heure. Pour lui, cette obsession pour la conscience des IA est non seulement inutile, mais fondamentalement erronée.

Une figure majeure de l’IA affirme que la conscience est réservée au vivant

Pour commencer, il faut savoir que Mustafa Suleyman n’est pas n’importe qui. Co-fondateur de DeepMind, il est aujourd’hui vice-président exécutif chez Microsoft AI. Son quotidien ? Superviser le développement de Copilot et piloter les recherches en intelligence artificielle grand public.

Justement, lors d’une conférence récente relayée par CNBC, il a été tranchant : la conscience est une propriété biologique, point.

Il dénonce ainsi une erreur de perspective dans le discours ambiant : croire qu’un modèle de langage sophistiqué, capable de simuler des dialogues humains, pourrait devenir conscient. « C’est une illusion, une narration, pas une réalité », affirme-t-il. Et il a une bonne raison pour le penser.

La douleur : la ligne rouge entre l’humain et la machine

Ensuite, ce que les machines ne peuvent pas faire ? Ressentir. Et surtout pas la douleur. Pour Suleyman, c’est là que se situe la vraie fracture. Ressentir la douleur, c’est avoir un corps, un système nerveux, des neurones sensoriels. C’est aussi avoir une histoire, un passé, des souvenirs ancrés dans la chair. L’IA, elle, ne fait que simuler.

Il explique : « L’IA peut générer des phrases comme ‘j’ai mal’ ou ‘je suis triste’, mais il n’y a rien derrière. Aucune expérience subjective. Aucun corps pour souffrir. » En bref, même si l’IA peut nous donner l’illusion d’être sensible, elle ne l’est pas. Et ce n’est pas près de changer.

Pourquoi poursuivre cette idée est une perte de temps (et d’argent)

À ce stade, il faut bien comprendre qu’à ses yeux, l’erreur vient de la question elle-même. En cherchant à savoir si une IA peut devenir consciente, on prend un faux problème à bras-le-corps. Et fatalement, on obtient de mauvaises réponses. C’est un peu comme si l’on essayait de faire ressentir des émotions à une calculatrice.

Car oui, les modèles d’IA sont puissants, rapides, adaptatifs, mais ce sont des outils, pas des êtres sensibles. Pour Suleyman, il est temps de concentrer les efforts de recherche là où ils comptent vraiment : dans l’éthique, la fiabilité, la sécurité. Pas dans des quêtes quasi mystiques sans fondement biologique.

Ce qu’il faut vraiment retenir (et pourquoi ça compte pour nous)

En fin de compte, la tentation de croire à une IA consciente vient peut-être de notre besoin profond d’animer nos créations. Mais même les réponses les plus humaines des IA ne sont que le reflet de nos données, de nos biais, de notre langage. Il n’y a pas de miracle, juste des milliards de lignes d’exemples bien agencées.

En tant qu’utilisateur, il est essentiel de faire la part des choses entre performance et conscience, entre simulation et expérience. Ce discernement, c’est ce qui nous permet de rester lucides face aux promesses, et d’utiliser l’IA pour ce qu’elle est vraiment : un formidable outil au service de l’humain, pas un double numérique.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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