Des fragments d’un linceul de momie déchiré vieux de 2 300 ans et recouvert de hiéroglyphes de l’ancien Livre des morts ont été réunis numériquement avec l’une de ses pièces perdues. Les deux fragments de lin ont été reconstitués après que le Teece Museum of Classical Antiquities de l’université de Canterbury en Nouvelle-Zélande a catalogué une image numérique d’un fragment sur une base de données en ligne open source.
Deux fragments du Livre des morts réunis
Deux fragments du Livre des morts, séparés par des milliers de kilomètres, ont été réunis. L’un se trouvait à Los Angeles et l’autre en Nouvelle-Zélande. Des historiens du Getty Research Institude de Los Angeles ont vu l’image du fragment et se sont rapidement rendu compte qu’il s’emboîtait avec le fragment de linceul en leur possession. Alison Griffith, une experte en art égyptien, a déclaré dans un communiqué que malgré le petit écart entre les deux fragments, la scène et l’incantation avaient du sens et le texte était juste.
Les deux fragments étaient recouverts d’une écriture hiératique ou cursive et de hiéroglyphes qui représentent des scènes et des sorts du Livre des morts, un ancien manuscrit égyptien qui est censé guider le défunt dans l’au-delà. Griffith explique que selon la croyance égyptienne, le défunt avait besoin de choses du monde lors de son voyage vers et dans l’au-delà.
Ainsi, l’art que l’on retrouve dans les pyramides et les tombes n’est pas de l’art simple mais des scènes d’offrandes, des fournitures, des serviteurs et d’autres choses dont vous aurez besoin dans l’au-delà. Mais les versions du Livre des morts peuvent varier d’une tombe à l’autre. Le Centre de recherche américain en Égypte (ARCE) indique toutefois qu’une scène qui revient fréquemment est la pesée du cœur du défunt contre une plume.
A quoi servait le Livre des morts ?
Inclure un « Livre des morts » dans les sépultures était une tradition égyptienne qui a commencé avec les Textes des pyramides, qui sont des inscriptions directement écrites sur les murs des tombes à la fin de l’Ancien Empire, et qui n’était initialement utilisée que par la royauté enterrée à Saqqarah. D’après l’Encyclopedia Britannica, le plus ancien texte de pyramide connu a été trouvé dans la tombe d’Ounas, le dernier roi de la cinquième dynastie, rapporte Live Science.
Peu après, les croyances et pratiques religieuses ont changé. Les Égyptiens ont alors commencé à inclure des Textes du cercueil, qui sont des inscriptions écrites sur les cercueils des personnes n’appartenant pas à la royauté. A l’époque du Nouvel Empire, vers 1539 avant J.-C., on pensait que l’au-delà était accessible à tous ceux qui pouvaient se permettre leur propre Livre des morts. Ce dernier était alors écrit sur du papyrus et des draps enroulés autour des corps momifiés.
La reconstitution n’est pas complète
C’était justement le cas sur le linceul déchiré. Selon Griffith, « il est difficile d’écrire sur du matériel. Vous avez besoin d’une plume et d’une main ferme et cette personne a fait un travail incroyable. » Les illustrations sur ce linceul montrent des scènes de préparation de la vie après la mort. On y voit ainsi des bouchers coupant un bœuf pour une offrande. Des hommes qui déplacent des meubles pour l’au-delà. Quatre porteurs, dont un faucon, un ibis et un chacal. Une barque funéraire avec les déesses sœurs Isis et Nephtys de chaque côté et un homme à l’effigie d’Anubis qui tirait un traîneau.
Foy Scalf, le responsable des archives de recherche à l’Oriental Institute de l’université de Chicago, a déclaré dans un communiqué que, malheureusement, ce fragment de lin n’est qu’un petit morceau d’un ensemble de bandages qui ont été arrachés aux restes d’un homme nommé Pétosiris. Il ajoute que « des fragments de ces pièces sont aujourd’hui disséminés dans le monde entier, aussi bien dans des collections institutionnelles que privées ».
Malgré tout, Alison Griffith voit le bon côté des choses et affirme que « c’est tout simplement incroyable de reconstituer des fragments à distance ». Pour l’instant, on ignore pourquoi et comment le linceul de Pétosiris s’est retrouvé éparpillé dans le monde.
Par Arielle Lovasoa, le
Source: Live science
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