Des chercheurs américains ont établi que plus d’un tiers des emplois perdus consécutivement au ralentissement économique engendré par la pandémie de coronavirus pourraient être définitivement détruits.

Un taux de chômage record

Le Bureau américain des statistiques du travail a récemment dévoilé les chiffres du chômage aux États-Unis, avec un taux s’élevant à 14,7 % pour le mois d’avril, soit le plus haut niveau enregistré par le pays depuis les années 1930. Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Social Science Research Network, une équipe de chercheurs de l’université de Chicago a estimé que pour dix licenciements survenant durant la pandémie de coronavirus, seuls trois nouveaux emplois étaient créés.

Si la réorganisation profonde engendrée par cette crise sanitaire et économique bénéficie à certains secteurs, la plupart d’entre eux se retrouvent sérieusement et durablement impactés.

« Nous estimons que 42 % des récents licenciements induits par la pandémie entraîneront une perte d’emploi permanente », note Steven J. Davis, auteur principal de l’étude. « Si l’arrêt économique dure de nombreux mois, ou que de graves pandémies deviennent un phénomène récurrent, il y aura des conséquences profondes et à long terme concernant la réaffectation des emplois, des travailleurs et des capitaux dans l’ensemble des secteurs. »

Afin d’évaluer la réaffectation des emplois au sein des entreprises américaines, les chercheurs ont élaboré une nouvelle mesure prospective en s’appuyant principalement sur le vaste ensemble de données récoltées dans le cadre de la « Survey of Business Uncertainty ».

— lev radin / Shutterstock.com

3,8 % de nouvelles embauches pour 12,8 % de licenciements

Fruit de la collaboration entre la Banque fédérale de réserve d’Atlanta, l’école de management de l’université de Chicago et l’université de Stanford, la Survey of Business Uncertainty est une enquête par panel mensuelle permettant de calculer le taux de croissance attendu d’une entreprise au cours de l’année à venir, ainsi que son « degré d’incertitude » quant à ces attentes.

En analysant ces données, les chercheurs ont constaté que les conséquences économiques liées à la pandémie avaient entraîné des licenciements à court terme équivalant à 12,8 % de l’emploi au 1er mars, tandis que ce pourcentage plafonnait à 3,8 % pour les nouvelles embauches, soit l’équivalent de trois nouvelles embauches pour dix emplois perdus.

Les auteurs de l’étude citent de nombreuses sources faisant état d’embauches à grande échelle par certains détaillants, supermarchés et entreprises de livraison de produits alimentaires, et soulignent par ailleurs le fait que certaines sociétés fassent preuve de créativité dans la gestion de leurs besoins en main-d’œuvre.

« Certaines entreprises forment des partenariats qui exploitent la nature redistributive du choc Covid-19 pour accélérer l’embauche », explique David. « Les chaînes de supermarchés créent des échanges de main-d’œuvre avec les hôtels, tandis que les petits commerces s’associent à des plateformes où les employés sont rémunérés à la tâche, entre autres solutions créatives pour déplacer les travailleurs là où ils sont nécessaires. »

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