Aller au contenu principal

L’IA a retrouvé l’un des félins les plus rares du monde… mais les pièges des braconniers le traquent encore

Longtemps invisible aux yeux des scientifiques, le chat doré d’Afrique fait aujourd’hui une apparition spectaculaire grâce à l’intelligence artificielle. Ce félin mystérieux pourrait enfin être recensé et protégé… à condition de déjouer les pièges meurtriers des braconniers qui le traquent encore dans l’ombre.

Chat doré d’Afrique observé par une caméra piège dans une forêt tropicale dense.
Un chat doré d’Afrique, l’un des félins les plus rares au monde, apparaît devant une caméra de surveillance installée dans la forêt tropicale – DailyGeekShow.com / Image Illustration

Un félin insaisissable, plus lourd qu’un chat domestique, tapi dans les forêts d’Afrique

C’est un peu le Bigfoot de la savane tropicale. On parle ici du chat doré d’Afrique, un félin rare, furtif, et méconnu, qui se cache dans les forêts épaisses d’Afrique centrale et occidentale. Son allure ? Une silhouette proche de notre chat domestique, mais avec des mensurations bien plus impressionnantes – près du double en taille et en poids. Et un pelage fauve, presque cuivré, qui lui vaut son surnom.

Pendant des années, ce félin a échappé à toute observation sérieuse. Même l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature n’a aucune estimation fiable de sa population, tant l’animal est difficile à repérer. Mais un biologiste ougandais, Mwezi Mugerwa, a décidé de lui consacrer sa vie. Et c’est grâce à lui, à sa patience, et à des pièges photographiques disséminés dans la forêt impénétrable de Bwindi, qu’une première image a pu être capturée.

Le rôle crucial des populations locales pour identifier un félin encore inconnu des scientifiques

Lorsque Mugerwa découvre la silhouette du félin sur ses clichés, il ne sait même pas de quelle espèce il s’agit. C’est en discutant avec les habitants de la région qu’il apprend son nom local : Embaka. Cette interaction simple illustre parfaitement la richesse des savoirs traditionnels, souvent ignorés, mais qui sont une boussole précieuse pour les scientifiques de terrain.

Depuis cette première rencontre photographique, Mugerwa a fondé un réseau de chercheurs et de militants répartis dans 19 pays. Leur but : réaliser le tout premier recensement du chat doré. Mais trier des dizaines de milliers d’images issues des pièges photographiques… c’est un enfer logistique. Un travail long, manuel, fastidieux. Jusqu’à ce qu’un outil inattendu entre en jeu.

Une IA capable de reconnaître chaque chat grâce à son pelage : une révolution pour le suivi de l’espèce

C’est là qu’intervient Panthera, une ONG basée aux États-Unis, spécialiste des félins. Leur équipe a mis au point un algorithme d’IA capable d’analyser et trier les images selon les motifs uniques du pelage de chaque chat. En clair : un outil capable d’identifier un individu comme un humain reconnaît un visage.

Résultat ? On connaît enfin des chiffres, même approximatifs. Dans les zones protégées d’Ouganda ou du Gabon, on recense environ 16 chats dorés pour 100 km². Une densité extrêmement faible. Et surtout, l’IA a permis de détecter une tendance inquiétante : là où la chasse est mieux encadrée, la population de chats grimpe de 50 %.

Mais attention : le chat doré n’est pas visé directement. Il est victime collatérale des pièges à viande de brousse, tendus pour capturer des sangliers ou des antilopes. Ces pièges artisanaux, installés en pleine forêt, ne font aucune distinction entre les espèces. Leur fonctionnement aveugle les rend redoutablement efficaces… et dramatiquement destructeurs pour des animaux qui ne sont même pas la cible initiale.

Un projet communautaire inédit pour sauver l’Embaka et enrayer les pièges non sélectifs

Pour lutter contre cette menace silencieuse, Mugerwa ne s’est pas contenté de publier des rapports. Il a lancé « Embaka », un programme de conservation communautaire anti-braconnage, impliquant plus de 8 000 familles locales. Objectif : faire de la protection du chat doré une fierté régionale, un combat collectif.

On est encore loin d’une stabilisation de l’espèce. Mais une chose est sûre : entre la technologie de pointe et les savoirs ancestraux, une alliance se forme. Et c’est peut-être cette combinaison, inattendue, qui permettra au chat doré d’échapper à l’oubli… et aux pièges.

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *