Une étude comparative suggère qu’une part significative des patients souffrant de lésions cérébrales traumatiques « débranchés » auraient pu se rétablir s’ils avaient été maintenus en vie.
Une autonomie au moins partielle dans les 6 à 12 mois suivant l’accident
Les lésions cérébrales traumatiques graves peuvent résulter d’un choc violent à la tête, ou de la perforation de la boîte crânienne par un objet. Bien que bon nombre des personnes maintenues en vie retrouvent un certain degré d’autonomie quelques mois plus tard, les familles sont souvent amenées à décider de les débrancher ou non dans les jours suivant l’accident.
Prédire précisément les chances de rétablissement d’un patient dans de tels cas se révélant difficile, Yelena Bodien et ses collègues du Massachusetts General Hospital ont examiné les dossiers médicaux de 156 personnes, admises dans des unités de soins intensifs aux États-Unis sur une période de sept ans et demi.
En se basant sur l’évolution de l’état des 56 individus dont le maintien en vie prolongé avait été décidé, les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans le Journal of Neurotrauma, ont calculé que 42 % des 80 patients souffrant de lésions du cerveau similaires auraient survécu et retrouvé une autonomie au moins partielle dans les six à douze mois, si leur prise en charge s’était poursuivie.
« Ces résultats suggèrent qu’une réflexion approfondie est nécessaire lorsqu’il s’agit de prendre une décision aussi irréversible qu’un arrêt des soins », estime Bodien. « Le manque de données concernant les perspectives d’évolution à long terme des lésions cérébrales traumatiques est l’une des raisons pour lesquelles il est difficile d’établir un pronostic, et cela peut amener les cliniciens à le recommander. »
Des décisions complexes
Selon Damian Cruse, de l’université de Birmingham, au Royaume-Uni, ces résultats doivent être interprétés avec précaution.
« Les raisons du maintien ou non en vie sont multiples. Il ne s’agit pas seulement de savoir si le patient restera ou non dans un état végétatif, mais s’il se satisferait du degré d’autonomie susceptible d’être récupéré », estime-t-il. « Cela dit, ces données et celles d’études antérieures montrent que nous ne sommes pas aussi précis que nous le souhaiterions dans nos prédictions précoces de rétablissement pour ce type de blessure. »
Pour l’équipe de Bodien, la prochaine étape consistera à comparer les taux de récupération après une grave lésion cérébrale traumatique chez les personnes vivant dans d’autres parties du globe.