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Le champ magnétique terrestre se déforme rapidement, une menace silencieuse pour les satellites

Invisible mais vital, le champ magnétique de la Terre se fragilise à grande vitesse. Une dégradation qui inquiète les scientifiques et pourrait bien perturber nos satellites et technologies spatiales.

— Capitano Productions Film / Shutterstock.com

Une anomalie qui grandit au-dessus de l’Atlantique Sud et menace l’équilibre géomagnétique

Je ne sais pas pour vous, mais quand j’entends « champ magnétique », je pense immédiatement à un bouclier protecteur digne de la science-fiction. Et pourtant, il est bien réel. Ce champ nous protège des radiations solaires, maintient notre atmosphère en place, et permet aux oiseaux de migrer. Mais depuis quelques années, les scientifiques tirent la sonnette d’alarme : notre bouclier se déforme.

En particulier dans une zone très surveillée : l’anomalie magnétique de l’Atlantique Sud, située au large du Brésil. Dans cette vaste région, le champ magnétique est beaucoup plus faible que partout ailleurs sur Terre. Jusque-là, rien de nouveau. Ce qui change, c’est que la zone s’étend rapidement, et ce, depuis une dizaine d’années.

Les données des satellites Swarm, de l’Agence spatiale européenne, montrent que l’anomalie a gagné plusieurs millions de kilomètres carrés, jusqu’à frôler l’Afrique du Sud. Et le plus troublant, c’est que l’affaiblissement s’accélère depuis 2020. À ce rythme, il pourrait avoir des conséquences tangibles sur notre environnement technologique.

Des satellites en première ligne face à l’affaiblissement du champ magnétique

Quand un satellite traverse cette anomalie, il est exposé à davantage de radiations. Ces particules chargées, d’habitude déviées par le champ magnétique, parviennent ici à s’infiltrer plus facilement. Résultat : les appareils embarqués peuvent buguer, surchauffer ou tomber momentanément en panne.

Et on ne parle pas que de théorie. Plusieurs incidents ont déjà été enregistrés par les agences spatiales. Les satellites de communication, les GPS, les systèmes militaires… tous doivent maintenant adapter leur trajectoire ou leurs protocoles de sécurité quand ils survolent cette zone sensible. Cela complique la planification des missions spatiales et augmente les coûts.

Mais les satellites ne sont pas les seuls concernés. Les stations spatiales habitées, comme l’ISS, doivent aussi redoubler de vigilance. Les astronautes sont plus exposés aux radiations, même à travers les parois protectrices. Une conséquence directe d’un champ magnétique moins efficace.

Le noyau terrestre en mouvement : une dynamique interne encore mal comprise

Pourquoi ce changement ? C’est là que ça devient fascinant. Le champ magnétique est produit par le mouvement du fer en fusion dans le noyau externe de la Terre. Ce fluide chaud génère des courants électriques, eux-mêmes à l’origine du champ magnétique.

Mais d’après Chris Finlay, géophysicien à l’université technique du Danemark, certains flux semblent aujourd’hui inversés. Dans les zones d’anomalie, le champ semble plonger vers le noyau au lieu d’en sortir. Une bizarrerie qui remet en question les modèles existants de géodynamique.

Autre observation : le champ magnétique se renforce au-dessus de la Sibérie, pendant qu’il s’affaiblit du côté du Canada. Cela laisse penser que la structure même du champ est en train de se réorganiser à grande échelle. Ce phénomène reste naturel, mais il est difficile à anticiper.

Et si notre bouclier s’effondrait ? Scénarios futurs et préoccupations scientifiques

Ne paniquons pas : le champ magnétique de la Terre a déjà connu des inversions complètes dans son histoire. Mais jamais à une telle vitesse d’évolution observée. Si l’affaiblissement se poursuit, nous pourrions voir apparaître des aurores boréales à des latitudes inhabituelles, comme en France ou en Espagne.

Mais au-delà du spectacle visuel, le vrai danger concerne les infrastructures spatiales et les communications. Une défense magnétique plus faible, c’est une Terre plus vulnérable face aux éruptions solaires et aux tempêtes géomagnétiques. Celles-ci peuvent griller des satellites, perturber les réseaux électriques ou dérégler les horloges atomiques.

L’ESA continue de surveiller la situation grâce à la mission Swarm, lancée en 2013. Bien qu’elle ait dépassé sa durée de vie initiale, elle transmet toujours des données cruciales. Cependant, les chercheurs craignent une interruption des observations si les instruments cessent de fonctionner. Et à ce moment-là, ce serait comme éteindre les radars d’un avion en plein vol.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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