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Boulangère, préfète, maîtresse, guerrière… Le Larousse épinglé pour ses définitions sexistes

Selon eux, une guerrière est une “jeune fille, jeune femme qui revendique avec agressivité et violence sa place dans la société"...

— Hlorgeksidin / Shutterstock.com

Le calendrier nous indique que nous sommes en 2020, pourtant, quand nous lisons le Larousse, nous avons l’impression d’être restés un siècle en arrière. En effet, si nous cherchons les définitions de boulangère, bouchère ou encore présidente, nous nous trouvons fort dépourvus, puisque ces personnes sont définies comme “la femme du [accoler la version masculine du mot]” et non pas par leur travail. Un travers épinglé par le compte Pépite Sexiste sur Twitter.

Depuis 2018, Pépite Sexiste épingle le sexisme très présent dans le marketing ou dans la société en général. Le 4 février, ce compte publie un tweet dans lequel il dévoile la définition de présidente selon le Larousse : il s’agit de « la femme du président« . Idem pour l’ambassadrice, et pour la boulangère, “la femme du boulanger”. Grâce à l’intervention de Pépite Sexiste, ces deux définitions ont depuis été remplacées. La définition de présidente est désormais celle-ci : « Personne qui préside une assemblée, une réunion, un tribunal, dont elle dirige les délibérations ou les travaux », soit la même définition que pour le mot président. Pareillement, pour maître et maîtresse, nous avons deux définitions différentes. Le maître est “une personne qui commande”, “qui possède à un degré éminent un talent, un savoir et qui est susceptible de faire école” alors qu’une maîtresse n’est qu’une “femme avec laquelle un homme a des relations amoureuses et sexuelles en dehors du mariage”.

Malheureusement, d’autres définitions problématiques demeurent, en premier lieu celle de préfète par exemple, qui est “la femme du préfet”. Ces définitions sexistes correspondent encore à la réalité de la fin du XIXe siècle, époque à laquelle ces métiers ne pouvaient pas être exercés par les femmes. Selon Éliane Viennot, historienne de la littérature, les temps ayant changé ces définitions n’ont plus aucun sens. « Cela peut même s’apparenter à de l’usurpation : il existe des femmes préfètes, dont c’est le métier. Donc se faire appeler ‘madame la préfète’ parce qu’on est la femme du préfet, cela prête à confusion », déclare-t-elle. En revanche, la définition alors accolée aux termes boulangère, bouchère ou charcutière n’a aucune réalité historique. « C’est absurde. Les femmes ont toujours exercé ce métier, et elles étaient imposées en tant que telles », poursuit-elle.

Mais la définition la plus scandaleuse de toutes est celle de guerrière, dont la définition au masculin est “personne qui fait la guerre ; soldat”, alors qu’au féminin, cela donne une « jeune fille, jeune femme qui revendique avec agressivité et violence sa place dans la société » ou une « militante infatigable de la condition féminine », ce qui nous paraît sexiste et honteux dans la mesure où un homme qui fait la guerre (donc un guerrier) est beaucoup plus violent et agressif en tuant des individus qu’une jeune femme qui milite pour ses droits. Tuer quelqu’un est le summum de la violence, tandis que revendiquer ses droits et lutter contre les inégalités avec véhémence, quitte à choquer ou provoquer, est presque normal quand on voit tout le sexisme ou toutes les violences sexistes présentes au sein de notre société (il est bien entendu évident que nous condamnons tout type de violence). Il nous paraît honteux qu’un si fort préjugé négatif soit acculé au mot guerrière, alors qu’il est neutre pour le mot guerrier. D’autant plus que les féministes ne sont pas forcément violentes.

Par Jeanne Gosselin, le

Source: Le Parisien

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