
L’évolution n’est pas un processus linéaire, et les bactéries d’un lac du Wisconsin le prouvent. Enfermées dans une véritable boucle temporelle, elles évoluent au rythme des saisons qui remodèlent profondément leur environnement.
Les secrets du lac Mendota
En hiver, le lac Mendota est recouvert de glace, mais lorsque celle-ci fond en été, il se retrouve envahi par les algues. Ces changements cycliques ont un impact sur les populations de bactéries qu’il abrite. Les souches les mieux adaptées aux eaux glacées prospèrent en hiver, tandis que durant la saison estivale, celles adaptées à des conditions plus chaudes se développent rapidement.
Publiée dans la revue Nature Microbiology, la nouvelle étude a impliqué l’analyse de 471 échantillons d’eau collectés sur une période de deux décennies. Au total, ses auteurs ont reconstitué 2 855 génomes bactériens, et ont constaté que les variations génétiques étaient « communes et fréquentes » chez la plupart des espèces, avec des schémas saisonniers cycliques observés dans 80 % des cas.
Comme on pouvait s’y attendre, les variantes génétiques fluctuaient au fil des générations, mais, chose beaucoup plus surprenante, des centaines d’espèces semblaient presque évoluer à rebours, revenant à un état génétique pratiquement identique à celui qu’elles avaient occupé des milliers de générations auparavant (certaines bactéries se reproduisent en une vingtaine de minutes). Année après année, la même boucle se reproduisait.

« Cette étude change complètement la donne en ce qui concerne notre compréhension de l’évolution des communautés microbiennes au fil du temps », estime Brett Baker, de l’université du Texas à Austin. « Ce type de données nous en apprend beaucoup sur l’écologie microbienne et l’évolution en général. »
Un cycle évolutif flagrant en 2012
L’étrange cycle évolutif a été particulièrement évident en 2012, avec un été anormalement chaud et sec, ayant entraîné une fonte précoce de la glace et une diminution des populations algales, source importante d’azote organique pour les bactéries.
Selon les chercheurs, avec l’intensification du changement climatique, ces conditions jusqu’à présent exceptionnelles pourraient devenir la norme dans les années et décennies à venir.
En décembre dernier, une équipe de l’université du Tennessee avait documenté une évolution « inversée » chez les fougères.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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