
Un petit cylindre qui ondule avec la houle pourrait bien faire vaciller tout l’édifice énergétique. Zoom sur Seaturns et sa solution “pendule à eau”, entre simplicité vintage et ambition verte.
Un pendule marin pour capter l’énergie des vagues, tout simplement
Imaginez un pendule d’eau qui tangue dans les vagues… et produit de l’électricité. Dit comme ça, on pourrait croire à une invention sortie d’un manuel de physique de collège. Et pourtant, c’est bien la base de la technologie développée par Seaturns, une start-up bordelaise fondée par Vincent Tournerie.
Concrètement, leur idée repose sur un cylindre flottant, ancré, qui ondule au rythme de la houle. Ce mouvement est transformé en tangage. À l’intérieur, un pendule à eau comprime l’air entre deux chambres : l’air ainsi mis en mouvement alimente une turbine. Ainsi, de l’électricité est générée, uniquement grâce aux vagues.
Mieux encore, le système a été testé pendant 18 mois à l’Ifremer à Brest. Il a même bravé la tempête Ciarán, sans broncher. Par conséquent, les résultats sont probants : durabilité, production stable, maintenance facile. En somme, un système low-tech qui tient la dragée haute aux solutions plus complexes.
Du test réussi à la démonstration grandeur nature en 2025
Malgré son look de métronome marin, le pendule de Seaturns embarque une ambition énorme : capter jusqu’à 10 % de la demande électrique mondiale. Rien que ça. L’enjeu est donc clair : proposer une énergie renouvelable, continue, moins intermittente que le solaire ou l’éolien, et surtout 100 % made in France.
Pour y parvenir, la start-up a récemment levé 2,45 millions d’euros via la plateforme Keenest, avec le soutien de Bpifrance, Ifremer, Horizon Europe, Team for the Planet. Grâce à cette somme, elle pourra déployer à l’été 2025 un prototype à taille réelle sur le site offshore de SEM-REV, près du Croisic.
Autrement dit, l’objectif est triple : tester le fonctionnement grandeur nature, amorcer la production industrielle, puis passer à l’international. De surcroît, l’impact carbone est faible, avec moins de 15 g CO2/kWh. Le recyclage atteint 98 % du système. L’entretien, quant à lui, reste minimal. Bref, la promesse est plus que séduisante.
Une vision énergétique fluide, poétique et durable
La technologie de Seaturns intrigue autant qu’elle inspire. D’abord, par son design sobre, loin des machines monumentales habituelles. En effet, ici, pas besoin d’un aérogénérateur de 200 mètres pour produire proprement : un simple pendule suffit.
Ensuite, elle séduit par le potentiel encore vierge qu’elle exploite. Les vagues, omniprésentes et régulières, restent une manne énergétique sous-utilisée. De plus, le système se distingue par sa portabilité. Si cette solution fonctionne en Bretagne, pourquoi ne pas imaginer son implantation sur d’autres littoraux, du Chili au Japon en passant par les côtes d’Afrique de l’Ouest ?
Finalement, l’été 2025 s’annonce comme un moment décisif. Le test grandeur nature sur le site de SEM-REV pourrait bien confirmer tout le potentiel de cette invention. Et si c’est le cas, ce petit cylindre ondulant pourrait bien bousculer notre mix énergétique mondial.
Une transition énergétique plus poétique qu’on ne l’imaginait
En misant sur le rythme naturel des vagues, Seaturns ne cherche pas seulement à produire de l’énergie. Bien au contraire, elle réintroduit du temps long, du mouvement fluide, une harmonie avec l’environnement que les technologies plus agressives ont parfois oubliée. Ainsi, le pendule à eau pourrait bien symboliser cette nouvelle ère énergétique : une énergie renouvelable, douce, intégrée au vivant. Loin des mâts géants et des panneaux à perte de vue, c’est peut-être dans un mouvement discret mais constant que se cache notre salut.
Par Eric Rafidiarimanana, le
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