Un satellite à la dérive, une fusée larguée par un avion, une mission contre la montre… Ce n’est pas de la science-fiction, mais le plan très réel de la NASA pour sauver le télescope Swift. Un pari audacieux, mené avec l’aide d’une start-up américaine.

Pourquoi la survie du télescope Swift est cruciale pour l’astrophysique moderne
Depuis 2004, le télescope spatial Neil Gehrels Swift Observatory joue un rôle crucial : il traque les sursauts gamma, ces gigantesques explosions d’énergie qui illuminent l’Univers l’espace d’un instant. Sauf que voilà, après plus de 20 ans de bons et loyaux services, Swift commence à sérieusement perdre de l’altitude. Son orbite, passée de 600 à 400 km, devient dangereusement basse.
Et contrairement à d’autres engins plus récents, il n’est équipé d’aucun système de propulsion pour se réajuster. Pire : aucun remplaçant n’est prêt à prendre le relais. Laisser Swift se consumer dans l’atmosphère en 2026 serait donc un immense gâchis scientifique. D’où l’idée, un peu folle, de tenter une opération de sauvetage. Une première dans l’histoire de la NASA pour un satellite de ce type.
Une mission aéroportée inédite mêlant fusée Pegasus, avion Stargazer et robot spatial
La NASA a confié cette mission de haute voltige à Katalyst Space Technologies, une start-up spécialisée dans l’entretien de satellites déjà en orbite. Leur arme secrète ? Une fusée Pegasus XL, conçue pour être larguée à plus de 12 000 mètres d’altitude par un avion L-1011 Stargazer. Une fois dans l’espace, cette fusée déploiera un vaisseau robotisé qui devra intercepter Swift.
Ce vaisseau ne se contentera pas d’un simple survol : il est équipé de trois bras robotiques et devra saisir le télescope avec précision. Son objectif ? Le rehausser de 200 km et le replacer sur une orbite stable pour au moins dix années supplémentaires. Mais attention : Swift n’a jamais été conçu pour ce genre d’opération. Aucun point d’ancrage, aucune prise évidente. Il faudra donc faire preuve d’une précision chirurgicale.
Des contraintes extrêmes pour manipuler un satellite sensible à 400 km d’altitude
Swift n’est pas un satellite lambda. Sa sensibilité extrême impose des contraintes très strictes : il ne doit jamais pointer vers le Soleil, la Terre ou la Lune, sous peine de détériorer irrémédiablement ses instruments. Autant dire que la marge d’erreur est quasi nulle.
C’est donc un ballet orbital millimétré que devront orchestrer les ingénieurs de Katalyst. En trois semaines, ils devront inspecter, attraper et repositionner Swift sans le moindre accroc. Et tout cela à plusieurs centaines de kilomètres au-dessus de nos têtes. Si cette mission réussit, elle deviendra un jalon dans l’histoire de l’entretien spatial.
Réparer plutôt que remplacer : ce sauvetage pourrait transformer l’industrie spatiale
Ce sauvetage ne concerne pas que la science : il pourrait aussi transformer le secteur spatial. Jusqu’à présent, un satellite endommagé ou désorbité était condamné. Mais avec ce type de mission, on entre dans l’ère du « satellite recyclable ».
Imaginez : au lieu de laisser des milliards en technologie se désintégrer, des vaisseaux pourraient les réorienter, réparer, ou même les réutiliser. Pour les agences spatiales comme pour les entreprises privées, cela représente une révolution économique et écologique.
La mission de Swift pourrait ainsi ouvrir la voie à des interventions plus fréquentes, rapides et flexibles dans l’espace. Et qui sait ? Peut-être que dans quelques années, des équipes robotiques patrouilleront en orbite comme des garagistes de l’espace.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: Sciencepost
Étiquettes: mission de sauvetage, télescope Swift
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