La gonorrhée, appelée plus communément « chaude-pisse », fait partie des nombreuses maladies sexuellement transmissibles faciles à traiter aujourd’hui. Cette infection fait parfois sourire, mais elle résiste de mieux en mieux aux antibiotiques et pourrait devenir incurable dans les prochaines années. DGS vous explique cette triste nouvelle en détail.

La gonorrhée a pris diverses formes au cours des dernières décennies. Celle que les gens contractent aujourd’hui n’est pas la même que celle qui atteignait les précédentes générations, ni même celle qui infectait encore les malades il y a environ 10 ans. C’est parce que cette maladie sexuellement transmissible est devenue résistante à la plupart des antibiotiques utilisés pour la soigner depuis 30 ans. La pénicilline et autres tétracyclines ne fonctionnent plus sur les souches actuelles. Par conséquent, un patient contaminé aujourd’hui n’a plus beaucoup de moyens à disposition pour se soigner. Ce n’est pourtant pas une maladie que l’on souhaite garder en soi, étant donné les symptômes plutôt gênants qui lui sont associés (écoulement génital, saignements, douleurs, démangeaisons…). Le Centre de contrôle des maladies aux Etats-Unis (CCM) a dressé ce constat assez alarmant : la nouvelle forme de l’infection ne va bientôt être sensible qu’à un seul traitement, une injection de céphalosporine combinée à une dose orale d’azithromycine ou de doxycycline.

En analysant les données de 17 villes américaines entre 1991 et 2006, les chercheurs ont été capables de remarquer que la gonorrhée était devenue résistante à la ciprofloxacine, qui n’a plus été recommandée par le CCM depuis 2007. Les études ont démontré que 13,8 % des patients étaient devenus insensibles au médicament. Les résultats sont effrayants, mais pas surprenants. Les chercheurs ont remarqué qu’une résistance plus importante donnait lieu à une augmentation de cas de chaude-pisse. En effet, le fait d’être infecté par une souche résistante rallonge le temps nécessaire au traitement, ce qui rend l’individu contagieux plus longtemps. Plus généralement, l’étude suggère que 10 % des souches de gonorrhée sont immunisées au traitement actuel, ce qui va augmenter de 7 % le nombre de cas infectés à court terme. Sur 820 000 cas recensés aux Etats-Unis chaque année, cela représente 57 400 personnes en plus, et toutes très difficiles à soigner. La résistance du virus étant toujours en train de s’accroître, le nombre d’infections pourrait rapidement exploser. Sarah Kidd, épidémiologiste au CCM explique : « En se basant sur l’expérience d’autres médicaments autrefois utilisés pour traiter la gonorrhée, l’émergence et la propagation de souches résistant à la céphalosporine est imminente. »

La chaude-pisse est déjà en train de s’adapter. Entre 2007 et aujourd’hui, « la dose de céphalosporine requise pour stopper la maladie a augmenté », déclare Kidd. Par conséquent, le CCM a dû changer deux fois de recommandations pour ce traitement, en augmentant le dosage et en changeant la composition du médicament. Depuis, plus aucun cas de virus résistant a été recensé aux Etats-Unis, bien que d’autres cas aient été rapportés dans d’autres pays comme le France, l’Espagne ou le Japon. Pour le moment, le traitement actuel s’avère donc probant. Le nombre de cas de gonorrhée nécessitant d’être traités plus fortement que les autres a diminué depuis 2012 et le taux de contaminations est inférieur à celui des années 70.

Mais comme le CCM le fait remarquer dans son rapport, il est important de surveiller les éventuelles nouvelles résistances aux traitements. Si un tel scénario devait se reproduire avec la céphalosporine, les conséquences sur l’économie et la santé seraient bien plus graves que précédemment. Pour le moment, il n’existe aucun traitement efficace pour les patients résistant à la céphalosporine. De plus, bien que la ciprofloxacine ne soit largement plus utilisée pour soigner la gonorrhée, la résistance à ce produit persiste dans 15 % des cas. Si le traitement actuel du CCM venait à perdre de son efficacité, on ne pourrait plus revenir aux anciens médicaments pour soigner les patients.

Cette nouvelle peu rassurante nous fait un peu peur mais nous espérons que d’autres moyens seront découverts pour traiter au mieux cette maladie. L’un de nos rédacteurs est d’ailleurs très content de ne pas avoir eu de complications lorsqu’il a été soigné :P. Est-ce que vous pensez que d’autres maladies plus graves pourraient devenir incurables à l’avenir ?

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