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Elle a passé la moitié de sa vie derrière les barreaux. Et pourtant, personne ne veut d’elle. L’histoire de Kyra n’est pas un cas isolé. C’est un miroir tendu à notre société.
Kyra, 8 ans et déjà 4 ans emprisonnée
Il suffit d’un regard pour comprendre : Kyra souffre. Cette croisée malinois a 8 ans et demi, et elle a déjà vu s’écouler quatre longues années de sa vie dans un refuge. D’un box à l’autre, de la Corrèze au reste du pays, elle a changé de lieu, d’odeurs, de visages, mais jamais de sort.
Pas un coup de fil, pas une visite pour elle. Pourtant, malgré les campagnes menées par la SPA, malgré les espoirs placés dans chaque transfert, chaque post sur les réseaux sociaux, Kyra reste invisible.
Incompréhensible ? Oui, surtout quand on découvre ce qu’elle a à offrir.
Une chienne douce, joueuse, loyale… et toujours seule
Beaucoup reculent devant son physique de malinois. Ils s’imaginent un chien dur, imprévisible. Ils se trompent. Kyra est tout le contraire. Elle est douceur, tendresse, loyauté.
Avec ceux qui prennent le temps de la connaître, elle se révèle câline, obéissante, attentive. Elle adore les balades, apprend vite, et n’a qu’un seul désir : faire plaisir. Elle n’a jamais été agressive, mais elle reste méfiante au début. Peut-on vraiment le lui reprocher après tant d’années d’oubli ?
Elle a aussi ses limites : elle ne supporte pas les autres animaux, et les jeunes enfants peuvent l’effrayer. Ainsi, il lui faut un foyer calme, avec des humains patients, prêts à construire une relation vraie. Rien d’impossible, mais tout de même trop rare, apparemment.
Pourquoi reste-t-elle sur le carreau ?
En mars 2025, le refuge de Chameyrat a tenté un dernier cri du cœur : une semaine entière dédiée à Kyra sur Facebook, photos à l’appui, témoignages des soignants, appels répétés. Résultat : silence radio.
Alors, on interroge. Est-ce son âge ? Sa race ? Ou le simple fait qu’elle ne soit pas “vendeuse” ? Le malinois est une race exigeante. Intelligente, vive, fusionnelle. Trop souvent choisie pour de mauvaises raisons, puis abandonnée comme un jouet cassé. Kyra est l’héritière de cette mode passée, et elle en paie le prix fort.
Son histoire ressemble à celle de Yago, un autre croisé malinois resté quatre ans au refuge avant de rencontrer enfin ses humains. C’est donc possible. Encore faut-il le vouloir.
Un contexte difficile pour la SPA : les chiffres qui parlent
L’histoire de Kyra s’inscrit dans une tendance plus large, et inquiétante. En 2024, la SPA a constaté une baisse significative des adoptions, avec seulement 39 863 animaux ayant trouvé un foyer – un chiffre en recul, surtout du côté des chiens, dont les adoptions chutent de 6,4 % par rapport à l’année précédente.
Parallèlement, 43 742 animaux ont été recueillis dans les refuges de l’association, dont 12 253 chiens. Autrement dit, il y a plus d’entrées que de sorties. Et ce déséquilibre fragilise tout le système.
La pression est d’autant plus forte que les structures sont déjà saturées, avec une activité toujours très intense dans les 64 refuges, maisons SPA et dispensaires. En parallèle, 46 970 animaux ont été soignés dans les dispensaires, un chiffre en hausse de 3,6 %, reflet d’une précarité croissante chez les propriétaires d’animaux.
Face à cette situation, la SPA lance en 2025 de nouvelles initiatives : des cours d’éducation canine proposés aux futurs adoptants, et un transfert systématique des animaux présents depuis plus d’un an vers d’autres refuges, pour leur offrir une nouvelle visibilité.
Et si c’était à nous de changer ?
On dit qu’un chien ne choisit pas sa vie. C’est vrai. Mais nous, nous choisissons la nôtre. Et parfois, en croisant un regard comme celui de Kyra, on peut aussi changer la sienne.
Adopter, ce n’est pas sauver une vie “par charité”. C’est construire un lien unique, riche, bouleversant. C’est faire entrer chez soi une histoire, une mémoire, une présence irremplaçable.
Kyra attend. À la SPA de Chameyrat, en Corrèze. Derrière son grillage, elle espère encore. Peut-être pour la dernière fois.