Savant remarquable, Kim Peek possédait des capacités cérébrales proprement surhumaines. Capable de réaliser de tête des opérations de calcul mental complexes et de mémoriser des livres et des symphonies entières, il a inspiré le personnage de Raymond Babbitt, interprété par Dustin Hoffman dans le film Rain Man.

UN GÉNIE PRÉCOCE

Les capacités mentales extraordinaires de Kim Peek commencent à se manifester alors qu’il n’est âgé que d’un an et demi. Il est rapidement capable de lire et mémoriser simultanément deux pages d’un même livre, un style de lecture qu’il continuera à pratiquer jusqu’à sa mort, et sa compréhension écrite est tout bonnement sidérante.

Le jeune Kim retient environ 98 % des informations qu’il lit et a l’habitude de passer des journées entières à la bibliothèque en compagnie de son père. Là-bas, il étanche sa soif de découverte et d’apprentissage en dévorant des milliers de livres, d’encyclopédies et de cartes.

Véritable encyclopédie vivante, sa capacité à mémoriser des quantités hallucinantes d’informations lui permet également de se muer en véritable GPS humain, quelle que soit la ville de la planète dans laquelle il se trouve.

Dustin Hoffman incarne un savant autiste largement inspiré par Kim Peek dans le Film Rain Man (1988)

PEEK PEUT CALCULER MENTALEMENT LE JOUR DE LA SEMAINE DE VOTRE NAISSANCE

Ses capacités  hors-normes lui permettent également de calculer mentalement le jour de la semaine de votre naissance ou d’un évènement s’étant produit des siècles en arrière. Il se souvient avec exactitude des scores de vieux matchs de base-ball et peut passer des heures entières à évoquer des évènements historiques et politiques.

À la différence de la plupart des personnes atteintes du syndrome du savant, Kim Peek ne souffre pas du trouble du spectre de l’autisme, caractérisé par des difficultés à communiquer et à entrer en relation avec les autres, bien qu’il reste fortement introverti.

Ses capacités remarquables semblent être dues à plusieurs malformations cérébrales congénitales : une macrocéphalie, caractérisée par une augmentation anormale du volume de la tête et du cerveau, et l’absence de corps calleux, un tissu assurant la liaison entre les deux hémisphères cérébraux, révélée à l’occasion d’une IRM.

Habituellement, la callosotomie est une opération neurochirurgicale pratiquée dans le cas de cas d’épilepsies sévères qui consiste à sectionner partiellement ou totalement le corps calleux afin d’éviter l’apparition de nouvelles crises.

Supprimer les connexions entre les deux hémisphères du cerveau peut cependant avoir de lourdes conséquences et les patients ayant subi cette opération développent souvent des troubles du comportement, ainsi que des problèmes de coordination et de motricité : un syndrome appelé split-brain (qui signifie littéralement cerveau scindé).

Le corps calleux (en rouge) assure les connexion entre les deux hémisphères cérébraux

Chez une personne atteinte du syndrome split-brain, l’hémisphère droit, qui contrôle la main et le pied gauche, agit indépendamment de l’hémisphère gauche et influe sur la capacité du patient à prendre des décisions rationnelles.

Souffrant d’un déficit d’abstraction dû à ses malformations cérébrales, Kim Peek est incapable de raisonner « à travers les problèmes mathématiques ». Mais son QI significativement inférieur à la moyenne (évalué à 87) et ses difficultés à effectuer des tâches simples (comme se brosser les dents ou enfiler ses chaussures) ne l’empêchent pas de se distinguer dans d’autres domaines.

Dans 95 % des cas, les deux aires principales du langage (la compréhension et le parler) se situent dans l’hémisphère gauche du cerveau, mais Kim Peek semble en posséder dans chacun de ses deux hémisphères, ce qui lui donne un avantage conséquent en terme de vitesse de lecture (environ 10 secondes par page) et de capacité de mémorisation et de compréhension écrite.

En l’absence de corps calleux, il semble que le cerveau de Peek ait également développé des connexions sous-corticales supplémentaires afin d’assurer le transfert d’informations entre ses deux hémisphères : un fonctionnement similaire à celui de l’encéphale des marsupiaux australiens comme le kangourou et le wallaby.

Ce fonctionnement pour le moins atypique permet au cerveau de Kim Peek de traiter et mémoriser simultanément deux pages d’un même livre (une par hémisphère cérébral) et les connexions sous-corticales se chargent ensuite de « rassembler les informations » pour reconstituer un tout cohérent.

CHAQUE HÉMISPHÈRE CÉRÉBRAL DE PEEK MÉMORISE UNE PAGE, ET LES CONNEXIONS SOUS-CORTICALES SE CHARGENT ENSUITE DE RECONSTITUER UN TOUT COHÉRENT

Les médecins comparaient le fonctionnement du cerveau de Kim Peek à celui d’un moteur de recherche comme Google

Bien que les médecins aient expliqué aux parents de Kim Peek que leur enfant souffrait d’un important retard mental et ne pourrait jamais lire ni parler, ceux-ci ont choisi de l’élever chez eux et ont rapidement constaté que leur jeune garçon à la tête surdimensionnée disposait d’un cerveau en tout point remarquable. Grâce à leurs efforts, Kim a été à même de développer ses incroyables capacités cérébrales et on estime qu’il avait mémorisé le contenu de plus de 10 000 livres lors de sa mort en 2009.

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