Descendante de l’incontournable Gengis Khan, la princesse Khutulun était réputée pour être l’une des plus redoutables guerrières que l’Empire mongol ait connues. Celle-ci s’est notamment illustrée en défiant ses potentiels prétendants à l’occasion de combats de lutte.

Fondé au début du VIIIe siècle par Gengis Khan, l’Empire mongol couvre à son apogée 33 millions de kilomètres carrés. Considéré comme le plus grand empire contigu de l’histoire de l’humanité, il s’étend de la Chine à l’Europe en passant par le Moyen-Orient.

Fin stratège, Gengis Khan unifie plusieurs tribus nomades d’Asie

Bien qu’il ait permis un certain nombre d’avancées majeures dans les régions qu’il a conquises, comme la tolérance religieuse ou la méritocratie, Gengis Khan était surtout réputé pour sa brutalité.

Lorsqu’il conquiert l’Empire khwarezmien, Gengis Khan décide de brûler l’ensemble de ses villes et d’assassiner ses dirigeants. Il va même jusqu’à détourner le cours d’une rivière afin de rayer de la carte le village qui a vu naître son empereur déchu.

Carte de l’Empire mongol à son apogée

Née en 1260, la princesse Khutulun est son arrière-arrière-petite-fille et cette dernière a probablement hérité des aptitudes guerrières de son illustre ancêtre.

À cette époque, l’Empire mongol commence à s’effriter dangereusement et la guerre civile semble inévitable. Si certains héritiers de Gengis Khan privilégient les traditions ancestrales en conservant des attributs du style de vie nomade comme l’équitation et le tir à l’arc, d’autres adoptent une approche plus diplomatique.

Ces visions radicalement différentes vont pousser Qaïdu, le père de Khutulun, et Kubilai Khan à s’affronter durant près de 30 ans.

DURANT PRÈS DE 30 ANS, QAÏDU ET KUBILAI KHAN SE LIVRENT UNE LUTTE SANS MERCI

Khutulun grandit entourée de ses 14 frères et se révèle très tôt être une cavalière et une archère hors du commun. Dans l’un de ses ouvrages, l’explorateur Marco Polo relate ses exploits guerriers : « Elle s’éloignait parfois de son père et se précipitait sur l’ennemi. Elle saisissait un homme aussi adroitement qu’un faucon et le ramenait à son père. »

La princesse guerrière Khutulun s’illustre à l’occasion de nombreuses batailles

LA LUTTE EST INDISSOCIABLE DE LA CULTURE MONGOLE

Les Mongols appartenant au clan de Qaïdu Khan glorifient les aptitudes physiques et considèrent la lutte comme un véritable spectacle. C’est d’ailleurs dans ce domaine que la princesse Khutulun va s’illustrer en se révélant imbattable. Une performance qui va contribuer à bâtir sa légende.

Qaïdu souhaite désespérément que sa fille Khutulun se marie, mais celle-ci refuse catégoriquement, à moins que son prétendant ne parvienne à la mettre à terre à l’occasion d’un combat de lutte. Khutulun fixe une règle simple : l’homme qui parviendra à la battre pourra l’épouser. Si celui-ci perd, il devra lui donner 100 chevaux.

L’HOMME QUI PARVIENDRA À BATTRE KHUTULUN POURRA L’ÉPOUSER

Les années passent et les victoires s’accumulent pour la princesse. L’un de ses prétendants, particulièrement audacieux, va même jusqu’à proposer 1 000 chevaux, ce qui pousse les parents de Khutulun à intervenir en sa faveur en la suppliant de perdre volontairement le combat… ce qu’elle refuse.

La lutte fait partie des trois sports traditionnels mongols avec l’équitation et le tir à l’arc

Son célibat et son obstination sans faille commencent à faire parler à travers tout l’empire. Soupçonnée d’entretenir une relation incestueuse avec son père, elle se résout finalement à épouser l’un de ses guerriers, sans l’affronter préalablement, afin de protéger sa réputation.

Sentant sa fin proche, Qaïdu tente ensuite de placer sa fille à la tête du clan, mais rencontre une forte résistance de la part de ses 14 fils. Il est finalement contraint de nommer son fils Orus Grand Khan, qui conclut une alliance avec Khutulun et lui laisse le commandement de son armée. La princesse guerrière s’éteint en 1306 à l’âge de 46 ans dans des circonstances inconnues.

La reine Khutulun et ses guerriers dans l’opéra « Turandot » de Puccini dirigé par Roberto De Simone

L’histoire de Khutulun a inspiré de nombreuses œuvres, parmi lesquelles on retrouve un recueil de fables asiatiques de François Pétis de la Croix publié en 1710, ainsi qu’un opéra inachevé du compositeur italien Giacomo Puccini. Elle est considérée depuis des siècles comme une figure historique majeure en Mongolie, qui célèbre sa mémoire chaque année.

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