Le télescope spatial James-Webb (JWST), dans sa quête pour percer les secrets de l’Univers, a récemment mis en lumière des aspects inattendus de la « Brique », un nuage de gaz moléculaire sombre et dense situé au cœur de la Voie lactée. Cette découverte, publiée le 4 décembre dans The Astrophysical Journal et dont une version préliminaire est disponible sur Arxiv, révèle des informations cruciales sur la composition et les conditions de ce nuage.
Situé dans la zone moléculaire centrale de la Voie lactée, la « Brique », officiellement nommé G0.253+0.016, se distingue par son absence de formation d’étoiles, contrairement à d’autres nuages avoisinants. Ce nuage, dont la masse est estimée à 60 millions de fois celle du Soleil, a longtemps intrigué les astronomes. Les raisons pour lesquelles la « Brique » ne forme pas d’étoiles restent un mystère. Parmi les hypothèses avancées, on trouve la jeunesse relative du nuage, une turbulence interne excessive, ou encore l’influence de champs magnétiques empêchant l’effondrement du gaz nécessaire à la naissance des étoiles.
L’observation récente du télescope a ajouté un nouvel élément à ce mystère. L’instrument a détecté une quantité significative de glace de monoxyde de carbone dans la « Brique ». Bien que la présence de cette glace dans le centre galactique soit connue, sa détection dans le milieu interstellaire reste difficile. Cette observation, menée par l’équipe d’Adam Ginsburg de l’université de Floride, suggère que la composition chimique de la « Brique » est plus complexe qu’on ne le pensait auparavant.
La présence de glace de monoxyde de carbone dans la « Brique » soulève des questions sur les conditions nécessaires à la formation d’étoiles. Habituellement, des températures extrêmement basses, proches du zéro absolu, sont requises. Cependant, malgré l’abondance de glace, le gaz de la « Brique » est étonnamment chaud par rapport à d’autres nuages moléculaires, ce qui est atypique.
L’équipe de recherche envisage d’utiliser James-Webb pour explorer d’autres types de glaces présentes dans la « Brique » et dans des nébuleuses similaires. L’objectif est de mieux comprendre la composition chimique de ces nuages et leur évolution au fil du temps. Ces études pourraient offrir des indices sur les processus de formation des étoiles dans l’Univers primitif et sur la genèse des trous noirs supermassifs. Certaines théories suggèrent que ces derniers pourraient naître de l’effondrement gravitationnel de nuages moléculaires très massifs, mais cette idée est entravée par le manque de compréhension des mécanismes empêchant la fragmentation de ces nuages en multiples étoiles.