James Harrison donnait son sang depuis l’âge de 18 ans, et ce 11 mai 2018, il a officiellement effectué son 1 173ème et ultime don de plasma. Un record qu’il espère évidemment voir un jour battu. Les anticorps rares produits par cet australien surnommé à juste titre « l’homme au bras d’or » ont permis de sauver la vie de quelques 2,4 millions de bébés.
L’HOMME AU BRAS D’OR
En 1951, James Harrison, alors âgé de 14 ans, se réveille après avoir subi une chirurgie thoracique majeure. Les chirurgiens ont été contraints de retirer l’un de ses poumons, et l’adolescent va rester hospitalisé durant trois longs mois. Lorsqu’il apprend qu’il doit en grande partie sa survie aux nombreuses transfusions sanguines qu’il a reçues, il jure de devenir lui-même donneur.
À cette époque, les lois australiennes exigent que le donneur soit âgé d’au moins 18 ans, et James Harrison va devoir attendre 4 ans avant de pouvoir réaliser son premier don. Peu de temps après, les médecins lui annoncent que son sang pourrait permettre de résoudre un problème majeur en Australie.
Jusqu’en 1967, des milliers de bébés meurent chaque année en Australie, et les services de santé se révèlent impuissants. Il s’agit de la maladie hémolytique du nouveau-né (MHN) qui touche environ 17 % des femmes enceintes et se traduit par de nombreuses fausses couches, et des bébés naissant avec des lésions cérébrales sévères.
Lorsque les médecins australiens découvrent que le sang de James Harrison, et plus particulièrement son plasma, contient les anticorps nécessaires à la mise au point d’injections Anti-D, administrées aux femmes enceintes dont les anticorps risquent de détruire les globules rouges de leurs bébés à naître, celui qu’on surnommera plus tard « l’homme au bras d’or » passe au don de plasma.
AFIN D’ÉVITER QUE LE SYSTÈME IMMUNITAIRE DE LA MÈRE NE DÉTRUISE LES GLOBULES ROUGES DU FŒTUS, IL FAUT LUI ADMINISTRER UNE DOSE D’ANTI-D
Bien que les médecins ne sachent pas exactement pourquoi le sang d’Harrison possède ces propriétés miraculeuses, ils supposent que cela a quelque chose à voir avec les nombreuses transfusions sanguines (près de 4 litres) qu’il a reçues lorsqu’il avait 14 ans.
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Le traitement fonctionne dans 99 % des cas, à condition que les anticorps en question soient présents en quantité suffisante. Et à la différence des autres donneurs de plasma, le sang de James Harrison s’avère incroyablement riche en anticorps, ce qui fait de lui un cas unique.
Par conséquent, l’ensemble des lots d’injections Anti-D commercialisés en Australie depuis 1967 (plus de 3 millions de doses) ont été mis au point à partir du sang « extraordinaire » de James Harrison. Selon l’Australian Red Cross Blood Service, mois de 150 personnes possèdent ces anticorps rares sur le continent australien.
Avec un total de 1 173 dons de plasma (1 163 de son bras droit et 10 de son bras gauche), l’australien aujourd’hui âgé de 81 ans a donné en moyenne son sang tous les 19 jours durant plus de 60 ans : un record mondial qui sera bien difficile à égaler.
SES 1 173 DONS DE PLASMA ONT PERMIS DE SAUVER PLUS DE 2 MILLIONS BÉBÉS AUSTRALIENS
Sa contribution s’est donc avérée absolument essentielle en permettant de sauver la vie de plus de 2 millions de bébés australiens, dont son propre petit-fils, puisque sa fille a également bénéficié des injections Anti-D formulées à partir de ses anticorps.
La « carrière » de donneur de sang de James Harrison s’est officiellement achevée le 11 mai 2018, puisque l’homme a en cette occasion dépassé la limite d’âge autorisée par la législation australienne. Ce héros ordinaire qui s’est vu décerner la médaille de l’Ordre de l’Australie en 1999 pour sa large contribution au programme Anti-D n’espère désormais plus qu’une chose : que son incroyable record soit battu.