Souvent décrit comme notre « second cerveau », l’intestin humain comprend plus de 100 millions de cellules nerveuses. Si les chercheurs savaient déjà que ce dernier communiquait avec notre cerveau en diffusant des hormones dans le flux sanguin, permettant notamment de réguler notre appétit, ils viennent de découvrir que cerveau et intestin communiquent de façon bien plus directe et rapide via un réseau neuronal spécifique.

 

Une découverte qui permettra de mieux traiter l’obésité, les troubles de l’alimentation ou la dépression

Depuis des années, les scientifiques s’intéressent de près à la diffusion d’hormones (régulant de nombreux phénomènes physiologiques et influençant également notre humeur) au sein de notre intestin et à son système nerveux extrêmement complexe. Une récente étude menée par des médecins de l’Université de Columbia et publiée dans la revue Science a confirmé que cerveau et intestin utilisaient non seulement l’interface hormonale, plutôt lente, pour communiquer, mais également une voie de signalisation neuronale, bien plus rapide et directe. Grâce à cette connexion, cellules intestinales et système cérébral communiquent en quelques secondes, et cette découverte pourrait permettre de mieux comprendre et traiter l’obésité, les troubles de l’alimentation ou la dépression.

Comme l’a expliqué Diego Bohórquez, professeur de médecine à l’Université de Duke : « Les scientifiques parlaient généralement de l’appétit en termes de minutes ou d’heures, désormais il faudra parler en termes de secondes. Beaucoup de suppresseurs d’appétit ciblent les hormones à action lente, et non les synapses à action rapide, et c’est probablement pour cela que la plupart se révèlent inefficaces ».

 

Une connexion intestin/cerveau ultra-rapide

Après avoir injecté le virus de la rage, qui se propage à travers les cellules neuronales, dans le colon de plusieurs souris, les scientifiques ont observé que les cellules de notre intestin communiquaient directement avec le cerveau en passant par le nerf vague. Ils ont ensuite recréé in vitro le système neuronal intestin/cerveau et ont constaté que cellules intestinales et neurones vagaux convergeaient pour former des connexions synaptiques. Une fois celles-ci établies, les cellules commençaient alors à générer des signaux électriques, qui se trouvaient amplifiés lorsque du sucre était ajouté, et du glutamate (un neurotransmetteur) était également produit.

Grâce à cette connexion ultra-rapide entre l’intestin et le cerveau, l’information était alors transmise en seulement 100 millisecondes d’un bout à l’autre du système neuronal, lorsqu’il fallait plusieurs minutes aux hormones secrétées par notre intestin dans le flux sanguin pour atteindre notre tronc cérébral. Les scientifiques vont désormais chercher à savoir si cette signalisation intestinale fournit au cerveau des informations sur les nutriments et la valeur calorique des aliments que nous consommons régulièrement.

© Rawpixel/Pixabay
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