À l’occasion d’une audition auprès d’un juge fédéral américain, certaines des plus grosses compagnies pétrolières du monde ont finalement admis que le réchauffement climatique existait et qu’il était le fait des hommes.
UNE RHÉTORIQUE ABSURDE
Après des dizaines d’années passées à nier l’existence du réchauffement climatique, l’industrie pétrolière est revenue sur ses prises de position.
Devant le tribunal fédéral de San Francisco, Maître Boutrous, l’avocat de Chevron, ExxonMobil, ConocoPhillips, Shell et BP a reconnu l’existence du réchauffement climatique et l’implication de l’être humain. Il affirme être d’accord avec les rapports du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) sur le climat concernant les hausses de température et l’élévation du niveau de la mer, mais précise tout de même que les géants pétroliers n’ont rien à voir avec ces problèmes : ce sont les industries et les personnes qui recourent au pétrole qui en sont les principaux responsables.
Une rhétorique complètement aberrante qui exploite les zones d’ombre du rapport du GIEC qui, s’il affirme que le réchauffement climatique est lié à l’activité économique générée par le pétrole, ne dit rien par rapport à l’extraction du pétrole… Une rhétorique similaire est souvent utilisée dans ce genre de conflits pour pouvoir se dédouaner lors d’un éventuel procès. L’industrie du tabac arguait pendant des années qu’ils fabriquaient les cigarettes mais que c’étaient les gens qui choisissaient de les fumer. L’industrie des armes à feu affirmait que leur fabrication était innocente : ce sont les gens qui en font mauvais usage…
Une histoire de mauvaise foi
La séance de cinq heures a été l’occasion de vifs échanges entre l’avocat des compagnies pétrolières, le juge et les scientifiques. L’avocat Boutrous n’a pas manqué d’arguments pour défendre sa cause et justifier le déni des industries pétrolières pendant des années. Pour lui, il ne s’agissait pas de désinformation mais tout simplement d’incertitudes scientifiques.
Ce qui paraît aujourd’hui évident, les scientifiques le réfutaient encore au début des années 60 dans les rapports du GIEC. Les termes sont plus forts d’années en années pour dénoncer le réchauffement. Pour Boutrous, la prise de conscience a donc été quelque chose de lent et qui justifie totalement le temps de réaction de l’industrie pétrolière. Un raisonnement biaisé, puisque la responsabilité de l’être humain dans le réchauffement climatique est reconnue depuis les années 1990.
UN POSSIBLE IMPACT DANS LA LUTTE CONTRE LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Cette audition est un énorme progrès dans la lutte contre le réchauffement climatique. Premièrement, même s’il s’agissait d’une simple audition et non d’un jugement, les propos tenus pourraient servir lors d’un futur procès. De plus, les grandes compagnies pétrolières admettent enfin la réalité et se disent prêtes à trouver des solutions. Une seule condition à cela : ne pas être tenues responsables de la gravité de la situation.
La ville de New York avait récemment intenté un procès en janvier à cinq grandes entreprises pétrolières pour leur rôle présumé dans le réchauffement climatique. Elle les avait accusées d’avoir sciemment trompé le public pour atteindre leurs buts et engendrer des bénéfices. Les entreprises s’en étaient alors défendues. En 2015, l’Équateur avait obtenu le versement de 9,5 milliards de dollars d’amendes de la part de Chevron pour avoir délibérément refusé de remédier aux problèmes de pollution liés à leur exploitation en Amazonie.
Ces auditions sont un nouveau pas dans la lutte de longue date contre les dégâts causés par les grandes industries pétrolières.
Par Léa Philippe, le
Source: The Verge
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