Peu chère et largement accessible, la consommation d’héroïne aux Etats-Unis se diffuse rapidement, au point de la considérer comme une épidémie. On estime qu’au moins 2 millions d’Américains vivent aujourd’hui avec une addiction aux opiacés, parmi lesquels il faut compter 20 % de drogues illicites et 80 % de médicaments sur ordonnance… Dans ce contexte, un comité consultatif de la FDA (l’administration de la nourriture et des drogues) a autorisé le 12 janvier 2016, à 12 voix contre 5, la commercialisation d’un implant supposé aider la suppression de ces addictions chez les utilisateurs.
Véritable fléau, l’addiction à l’héroïne fait des ravages. En France, on estime que 600 000 personnes sont touchées. Outre-Atlantique, le problème des opiacés est tel qu’un implant qui combat cette addiction a été approuvé. Ce dispositif sous-cutané – la probuphine – comparable par son application à un implant contraceptif, diffuse régulièrement et à de faibles doses de la buprénorphine pendant six mois, afin de réduire la sensation d’envie et les symptômes traditionnels du sevrage chez les utilisateurs.
L’addiction aux opiacés est un véritable fléau outre-Atlantique via Shutterstock
L’intérêt d’administrer la buprénorphine (déjà commercialisée sous forme de pilules depuis 2002 aux Etats-Unis) sous forme d’implant, serait de s’assurer de la prise raisonnée de ce médicament par les utilisateurs. Car pris immodérément, il peut entraîner une overdose et, en outre, certains utilisateurs commercialisaient leurs pilules de buprénorphine pour racheter de la drogue.
L’implant n’est prescrit qu’aux personnes jugées stables. C’est-à-dire les toxicomanes qui consommaient déjà de la buprénorphine sous forme de comprimé sublingual. Une étude menée par l’entreprise pharmaceutique commercialisant ce produit, Braeburn Pharmaceuticals, a comparé la performance du produit sous forme d’implant et sous forme de cachet. Les chercheurs ont remarqué qu’au bout de six mois, 85 % des patients avec un implant ne consommaient plus de drogues illégales, contre 72 % pour ceux qui prenaient des cachets.
Les bureaux de la FDA :
Doutes des spécialistes
Cependant, loin d’être irréprochable, ce composant ne manque pas de laisser sceptiques certains spécialistes, parmi lesquels on pourrait compter les 5 dissidents du comité de la FDA, peu assurés de la sécurité et de l’efficacité réelle de la probuphine. Tracy Rupp, directeur de la politique de santé publique au NCHR (National Center of Health Research), s’est demandé, dans un article paru dans le USA Today, si ce dispositif était bien convaincant, considérant que l’étude était faible et incomplète.
En effet, aucun suivi n’a été effectué sur les patients après six mois de prise, alors même que les toxicomanes ont habituellement besoin de plusieurs années avant de se démettre de leurs vieux démons. Par ailleurs, cette étude est, souligne-t-il, racialement déterminée, 84 % des sujets d’étude étaient blancs. Il dénonce par là implicitement le machiavélisme de l’entreprise, prête à commercialiser au plus grand nombre un produit qui ne fait pas l’unanimité…
En France, 600 000 personnes sont touchées par l’addiction à l’héroïne via Shutterstock
Toutefois, cette étude, aussi incomplète soit-elle, a pour mérite de soulever un sujet de société grave aux Etats-Unis, et qui ne fait qu’empirer : celui de l’addiction aux opiacés, devenant de plus en plus importante au fil des ans. Elle est d’ailleurs devenue un des enjeux majeurs de la pré-campagne de l’élection présidentielle de 2016. A terme, si le produit fonctionne, il s’agirait d’un énorme pas en avant dans la lutte contre l’addiction. Cette question est donc à suivre de près… Et vous, que pensez-vous de ce dispositif ?
Par Sophia Manini, le
Source: Techinsider
Étiquettes: dependance, heroine, buprenorphine, traitement, implant
Catégories: Technologie, Sciences, Actualités