Les mers de Titan abritent d’étranges « îles magiques » éphémères. Selon de nouvelles recherches, il s’agirait d’amas poreux de molécules organiques. Semblables à des éponges, ceux-ci se rempliraient lentement de liquide avant de couler.
Mers de méthane
L’atmosphère dense de Titan est saturée de molécules organiques complexes qui peuvent s’agglomérer comme des flocons de neige et s’abattre sur la surface du principal satellite naturel de Saturne. Supposant qu’un tel phénomène puisse être à l’origine des mystérieuses îles observées au milieu des mers de la lune géante, Xinting Yu, de l’université du Texas et ses collègues ont réalisé des simulations avancées, basées l’ensemble des données disponibles.
En règle générale, on s’attend à ce que les solides présents à la surface des mers de Titan coulent immédiatement, car ces derniers ne sont pas constitués d’eau mais de méthane liquide. Alors que les molécules d’eau ont tendance à s’agglutiner, leurs homologues de méthane se fixent facilement à d’autres molécules, de sorte qu’une étendue de méthane liquide présente une tension de surface extrêmement faible.
« Les molécules d’eau repoussent certains types de molécules », explique Michael Malaska, du Jet Propulsion Laboratory de la NASA. « Si vous placez du méthane sur la même surface, il se faufile partout, ce qui implique que les océans et les lacs de Titan devraient instantanément avaler tous les solides qui pourraient autrement flotter. »
Icebergs poreux
S’apparentant à des points lumineux sur les clichés de la sonde Cassini, les « îles magiques » peuvent persister quelques heures à plusieurs semaines, suggérant qu’elles possèdent une structure particulière.
Selon les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Geophysical Research Letters, le scénario le plus probable est qu’elle résulte de l’accumulation de « neige » sur le rivage, formant des iceberg de matière organique très poreux, susceptibles de se détacher et de flotter suffisamment longtemps sur les mers de Titan pour correspondre aux observations réalisées au cours des dernières décennies.
S’il s’agit actuellement de l’hypothèse la plus plausible, de précédentes recherches avaient conclu qu’il pouvait s’agir de bulles d’azote gazeux ou même de vagues.