Connaissez-vous les îles Kiribati ? De nombreuses personnes n’en ont jamais entendu parler, et pour cause : on n’y arrive pas par hasard. Composées de 3 archipels (les îles Phoenix, les îles Gilbert et les îles de la Ligne) et de 32 atolls, elles sont perdues au beau milieu de l’Océan Pacifique. C’est un des plus petits pays du monde avec seulement 811 km² de superficie, mais pas moins de 3 550 000 kilomètres² de zone maritime.

Un espace marin protégé… mais pas assez

L’UNE DES TROIS PLUS GRANDES ZONES PROTÉGÉES AU MONDE

L’immense aire marine des îles Kiribati fait partie des trois plus grandes zones protégées au monde afin de préserver sa richesse environnementale. Le Pacifique central étant très riche en poissons, des entreprises de pêche industrielle massives s’y intéressent beaucoup depuis plusieurs années. Cette situation est très préoccupante pour la biodiversité des eaux des îles Kiribati. En effet, 50 000 tonnes de thon sont pêchées chaque année au large des îles Phoenix, ce qui en fait une des zones de pêche intensive les plus en danger au monde. De nombreux observateurs ont dénoncé la complaisance avec laquelle les autorités continuaient à autoriser la pêche en surnombre malgré les mesures qui devraient être prises.

Les îles Kiribati © Wikimédia / Domaine public

Menacées par la montée des eaux

Mais les îles Kiribati ne sont pas confrontées qu’aux effets de l’industrialisation massive. Sous le feu de l’actualité depuis quelques années, ce territoire est en proie à un problème de taille : la montée des eaux. En effet, si, pour la plupart des gens, le changement climatique n’est qu’une menace lointaine, les conséquences de ce phénomène sont visibles en temps réel aux îles Kiribati.

LES ÎLES KIRIBATI DEVRAIENT ETRE ENGLOUTIES D’ICI 2100

Ce pays est situé seulement 2 mètres au-dessus du niveau de la mer, et celle-ci ne cesse de gagner du terrain d’année en année. Le niveau des eaux mondial montant de 3,4 millimètres par an, les îles Kiribati devraient théoriquement être englouties d’ici 2100.

© FlickR / Department of Foreign Affairs and Trade

Un combat quotidien contre la mer

Les habitants des îles Kiribati ont déjà fort à faire pour lutter contre la montée du niveau de la mer. Le territoire étant très étroit, la grande majorité des insulaires vivent sur le littoral, à quelques pas seulement de l’eau. Depuis 1950, l’eau a monté de 7 à 30 centimètres selon les zones, engloutissant des endroits pour toujours.

Certains habitants sont en proie à des inondations très régulières et doivent se livrer à un véritable combat contre les eaux. Ils construisent des digues avec les moyens du bord pour se protéger : accumulation de pierres, de bois… Malheureusement, l’eau est toujours plus puissante et revient inlassablement détruire ce qu’ils ont construit, apparentant leur travail au mythe de Sisyphe.

© Wikimédia / Government of Kiribati

Un appel à l’aide international

© Wikipédia / NASA Earth Observatory

Pour se prémunir contre la montée inévitable des eaux, il faut un plan de grande envergure. Le président Anote Tong a déclaré en 2012 que les îles Kiribati avaient besoin d’aide. Son discours émouvant a convaincu la communauté internationale d’allouer des fonds à ce petit territoire menacé. Loin de vouloir s’arrêter à la construction de digues, Anote Tong s’est lancé dans un projet vertigineux : délocaliser l’intégralité de la population.

Il a annoncé être en pourparlers avec les îles Fidji pour leur acheter 2000 hectares de terre. La possibilité d’émigrer en Australie ou en Nouvelle-Zélande a aussi été évoquée. Plus impressionnant encore : certains experts préconisent de construire des îles artificielles ou des plates-formes pétrolières pour accueillir toute la population des îles Kiribati.

Où en est-on aujourd’hui ?

D’après une étude parue en septembre 2017 dans Global Planetory Change, la situation des îles Kiribati n’est pourtant pas si inquiétante. Étonnamment, en 50 ans, 73 % de la surface des îlots observés est restée la même, tandis que 19 % a augmenté et que 8 % a diminué. Si le niveau de l’eau ne cesse de monter, pourquoi la surface de la plupart des îles ne se réduit pas ? C’est grâce aux coraux, dont les sédiments viennent s’accumuler sur les littoraux et renforcer le bord de terre.

UNE PARADIS MENACÉ

Toutefois, la disparition progressive des coraux à cause de la pollution sous-marine devrait diminuer le phénomène dans les années à venir. L’industrialisation du bord de mer (digues en béton, bâtiments, maisons…) empêche aussi les coraux morts de venir s’agglomérer sur la côte. Les habitants des îles Kiribati ont tout intérêt à limiter les constructions en béton et à miser sur des maisons à pilotis, plus respectueuses de l’environnement côtier.

© FlickR / KevGuy4101

Il est triste et inquiétant de voir qu’un territoire isolé du reste du monde comme les îles Kiribati se trouve aussi vulnérable face au réchauffement climatique. Même si des solutions à court terme existent pour limiter l’avancée des eaux sur les terres, les habitants des îles Kiribati doivent se préparer au pire : la perte de leur petit paradis. Un défi qui concernera bientôt tous les littoraux du monde ?

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