Aller au contenu principal

Nouvelles révélations sur l’écriture encore très mystérieuse de l’île de Pâques, le « rongorongo »

Le peuple de l'île de Pâques pourrait avoir inventé sa propre écriture sans l'influence européenne

ile-paques-ecriture
— © christopherhu / Wikimedia Commons

L’île de Pâques, un nom qui évoque immédiatement les images des majestueux moai, ces colossales statues de pierre, cache en son sein un mystère tout aussi captivant, mais bien moins connu : l’écriture rongorongo. Cette série de glyphes mystérieux a longtemps défié l’entendement des chercheurs. Une récente étude apporte un nouvel éclairage sur cette énigme, suggérant que l’écriture rongorongo est un des rares systèmes d’écriture à avoir été inventés de manière indépendante, bien avant le contact avec les Européens.

Découverte et mystère du rongorongo

Le rongorongo a été signalé pour la première fois par le missionnaire Eugène Eyraud en 1864, qui a décrit la présence sur l’île de « tablettes ou bâtons de bois couverts de sortes de caractères hiéroglyphiques ». Cette découverte a suscité un intérêt immédiat parmi les érudits, mais a également lancé le début d’un mystère qui perdure jusqu’à nos jours. Les artefacts rongorongo sont rares. Il n’existe aujourd’hui qu’une vingtaine de pièces le représentant, conservées dans des musées à travers le monde.

Le rongorongo reste indéchiffrable, un casse-tête pour les linguistes et historiens. Ils ne savent pas si ces glyphes constituent une proto-écriture ou un système d’écriture complet. La question demeure : sont-ils à lire littéralement, comme des pictogrammes, ou représentent-ils des indices mnémotechniques, chaque symbole évoquant un récit ou une idée spécifique ? Cette incertitude rend le rongorongo unique parmi les systèmes d’écriture anciens.

Nouvelles révélations sur l’origine du rongorongo

Quatre objets conservés dans un couvent catholique de Rome ont récemment été soumis à des tests radiocarbone par des spécialistes. Trois d’entre eux datent du 18e ou du 19e siècle, tandis que le quatrième entre 1493 et 1509, soit plus de 200 ans avant l’arrivée des colons européens sur Rapa Nui, selon l’étude publiée dans Scientific Reports.

L’auteure principale, Silvia Ferrara, philologue à l’université de Bologne en Italie, rapporte que les recherches menées par son équipe indiquent que les habitants des îles Rapa Nui ont inventé le rongorongo de manière indépendante, sans s’inspirer ni s’influencer des systèmes d’écriture européens. Le fait que les glyphes du rongorongo ne ressemblent pas aux lettres européennes renforce cette théorie. Selon Ferrara, « si l’on emprunte un système d’écriture, on le garde aussi proche que possible de l’original d’un point de vue historique ».

L’analyse a également révélé que la tablette était faite d’un bois non indigène à Rapa Nui, probablement récupéré comme bois flotté. Cette information soulève des questions sur l’écologie de l’île à l’époque. Mme Ferrara a déclaré qu’il était concevable que la tablette était du « vieux bois » lorsque les habitants de l’île y ont inscrit le rongorongo. Elle juge cependant cette hypothèse improbable, car elle impliquerait que le bois ait été stocké pendant plus de 200 ans avant d’être utilisé.

Un patrimoine culturel unique

Selon Shafik Meghji d’Atlas Obscura en 2021, l’usage du rongorongo était vraisemblablement réservé à l’élite de l’île. Avec la chute drastique de la population au XIXe siècle, la connaissance de cette écriture s’est perdue. Bien que la nouvelle étude n’apporte pas de solution au déchiffrage du rongorongo, elle enrichit notre compréhension de son âge et de ses origines.

Selon Rafal Wieczorek, chimiste à l’université de Varsovie non impliqué dans l’étude, ces résultats marquent un progrès significatif dans notre compréhension du rongorongo, le plaçant parmi les rares systèmes d’écriture à avoir été inventés de manière indépendante dans l’histoire humaine, à l’instar des écritures sumérienne, égyptienne et chinoise. Toutefois, il souligne l’importance de poursuivre les analyses pour obtenir des données concrètes sur l’ensemble des tablettes existantes.

Par ailleurs, l’un des plus grands mystères de l’île de Pâques vient enfin d’être élucidé par les archéologues.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Smithsonianmag

Étiquettes: ,

Catégories: ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *