L’A400M est un avion militaire aux capacités impressionnantes : il transporte des blindés, largue des troupes, ravitaille en vol, éteint des feux et sauve des vies. Pourtant, cet outil de crise par excellence reste snobé par de nombreux pays. Comment expliquer un tel paradoxe dans un monde en tension ?

L’A400M peine à convaincre les acheteurs malgré des performances hors norme
L’A400M « Atlas », c’est un peu le héros discret de l’aviation militaire. Capable de transporter des blindés, ravitailler en vol, larguer des parachutistes ou encore lutter contre les incendies, il a tout pour plaire. Et pourtant, à l’international, il peine à trouver preneur.
Alors que le Rafale de Dassault s’exporte à tour de bras, l’A400M reste souvent sur le tarmac. Airbus en attendait plus, surtout après les investissements colossaux nécessaires à son développement. Sa taille imposante, ses 20 tonnes de fret embarquables, sa capacité à atterrir sur des pistes sommaires : tous ces atouts peinent à convaincre hors d’Europe.
Mais les choses pourraient changer.
L’Indonésie relance les espoirs d’Airbus avec une commande stratégique
Le 3 novembre 2025, l’Indonésie est devenue le 10e pays à accueillir un A400M. Un symbole fort. Prévue initialement à cinq appareils, la commande avait été réduite à deux. Et pourtant, lors de la livraison du premier exemplaire, le président indonésien Prabowo Subianto a confirmé envisager l’achat de quatre unités supplémentaires.
Le message est clair : l’appareil séduit, même si la diplomatie et les contraintes budgétaires freinent les signatures. Airbus, qui n’avait plus signé de contrat A400M depuis 2021 (déjà avec l’Indonésie), voit là une bouffée d’oxygène pour relancer les ventes. À terme, la facture pourrait atteindre près de deux milliards d’euros si Jakarta confirme les quatre avions supplémentaires.
L’Atlas d’Airbus, un avion aussi utile en guerre qu’en temps de paix
Transport de troupes, matériel lourd, hélicoptères, ravitaillement, l’A400M sait tout faire. Mieux : grâce à un module spécialisé, il peut emporter 20 000 litres d’eau pour éteindre des feux de forêt, soit trois fois plus qu’un Canadair. En période de dérèglement climatique, ce n’est pas rien.
En mission humanitaire, il peut acheminer du matériel médical dans des zones reculées. En situation de guerre, il transporte 116 parachutistes ou un canon CAESAR en ordre de combat. Bref, c’est un couteau suisse volant, adapté aux conflits modernes comme aux catastrophes naturelles.
Mais voilà : ce genre d’engin n’a pas le charisme d’un avion de chasse. Il ne fait pas rêver les foules. Et pourtant, il sauve des vies, évacue des blessés, ravitaille des hôpitaux. Peut-être le plus utile de tous.
Le contexte géopolitique pourrait changer la donne pour l’A400M
L’avenir pourrait bien donner raison à Airbus. À mesure que le monde devient plus instable, que les feux ravagent les forêts, que les conflits se déplacent, les besoins logistiques explosent. Et l’A400M, avec sa polyvalence rare, commence à ressembler à l’outil idéal pour les armées modernes comme pour les missions humanitaires internationales.
L’exemple indonésien pourrait servir de tremplin. Si d’autres pays suivent, Airbus pourrait bien redorer le blason de son géant mal-aimé. Car à bien y regarder, ce n’est pas un avion de prestige. C’est un avion de solution.
Par Eric Rafidiarimanana, le
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