
De nouvelles recherches révèlent que les déjections des colonies de manchots libèrent d’importantes quantités d’ammoniac dans l’air de l’Antarctique. Un phénomène favorisant la formation de nuages, qui contribuent à limiter la quantité de rayonnement solaire atteignant les côtes du continent.
Le pouvoir du guano
Les émissions naturelles du phytoplancton des eaux froides qui ceinturent l’Antarctique contribuent à la formation nuageuse, en libérant dans l’atmosphère des quantités importantes de molécules d’acide sulfurique. L’ammoniac étant connu pour accélérer largement ce processus (environ 1 000 fois), Matthew Boyer, de l’université d’Helsinki, et ses collègues se sont penchés sur la source la plus probable de ce composé gazeux : le guano des manchots Adélie (Pygoscelis adeliae).
En mesurant les concentrations atmosphériques d’ammoniac à proximité d’une colonie de 60 000 individus, l’équipe a constaté que lorsque le vent soufflait dans sa direction, celles-ci dépassaient de loin les niveaux autrement observés.
L’augmentation observée a été liée à la formation de particules d’acide sulfurique suffisamment grandes pour que de l’eau se condense autour d’elles. De façon assez inattendue, l’effet a persisté des semaines après que la colonie a quitté les lieux.
Penguin poo helps to keep Antarctica cool. Ammonia released by the droppings stabilises particles in the atmosphere that allow climate-cooling clouds to form. https://t.co/FJxgkze3AH
— New Scientist (@newscientist) May 24, 2025
« Cela démontre l’existence d’un lien étroit entre l’écosystème antarctique et les processus atmosphériques », estiment les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Communications Earth and Environment.
Effet refroidissant
Selon Boyer, l’effet refroidissant d’une couverture nuageuse plus importante, en particulier au-dessus de l’océan, est significatif.
Bien que les données actuelles ne permettent pas de le quantifier précisément, des recherches précédentes avaient conclu que l’ammoniac provenant des fientes de macareux en Arctique favorisait la formation nuageuse pendant l’été, contribuant à annuler jusqu’à un tiers du réchauffement dû aux concentrations atmosphériques de CO2 dans la région.
Par extension, le déclin des populations de manchots (principalement en raison de la perte de glace de mer) pourrait se traduire par une accélération du réchauffement du continent austral.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
Étiquettes: réchauffement climatique, manchot, antarctique
Catégories: Actualités, Écologie